Chapitre 43

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QG de Jack Lorage, emplacement secret, Utopia, 4 février 1994

Jack Lorage était rentré au QG seul, laissant Desmond Wilson réaliser ses affaires tranquillement au Nord-Véerème. Après tout, une partie de cet argent servirait à financer sa cause. Il entra d'un pas assuré et déterminé dans l'usine, traversa plusieurs couloirs sombres et portes automatiques avant d'entrer dans l'espace de travail de son amie, Elena. Celle-ci était en train de travailler sur des améliorations possibles pour les prochaines générations de bots, concernant l'armement notamment. Elle voulait un armement plus développé, comme des lames rétractables dans les bras des bots, pour le combat au corps-à-corps.

—On a assez d'unités pour réaliser un coup, c'est bien ça ? Demanda Jack.

—Jack ? fit la jeune femme qui ne l'avait pas remarqué.

—On peut faire quelque chose ?! Redemanda le jeune homme sur un ton plus agressif.

—Ou-oui, comme je te l'ai dis, on a assez de bots pour... attend... Qu'est-ce que tu veux faire au juste ?

—Le Efdéème a débarqué des troupes à Katalonia. Il faut que je frappe fort. Je ne veux pas qu'ils aient la très mauvaise idée de continuer leurs opérations jusqu'à Dalkia.

—Dalkia ? l'interrogea Elena. Qui te dis qu'ils iront jusque là ? Peut-être que le Véerème arrivera avant et qu'il bloquera leur avancée.

Jack se mit à rire.

—C'est drôle. Wilson m'a dit la même chose.

—Et si ça se trouve, compléta l'ingénieure, ils n'ont même pas l'intention d'aller jusqu'à Dalkia.

Jack hocha la tête pour montrer qu'il comprenait ce que son amie lui disait, qu'il entendait ce qu'elle disait. Mais il n'était pas de cet avis.

—Elena... Katalonia a trois pays limitrophes : Dalkia, Pacifia et Amal'Gur. Pacifia ne représente aucune menace pour eux. Les Elfes... ne représentent aucune menace pour n'importe quelle armée humaine à la pointe de la technologie. Le Efdéème n'est pas non plus suffisamment timbré pour s'attaquer à Amal'Gur où... Certes ils finiront par l'emporter, mais au prix de plusieurs milliers de morts.

—Qu'est-ce que tu sais d'Amal'Gur ? demanda Elena. C'est l'un des pays les plus fermés du monde.

—Peu importe, lui répondit Jack. Tout ça pour dire que sur les trois pays limitrophes à Katalonia, celui qui représente aujourd'hui la plus grande menace pour le Efdéème, c'est Dalkia.

Pour Elena, ce que disait Jack se tenait. Le Efdéème n'attaquerait sûrement pas Amal'Gur qui est sans intérêt pour eux. D'autant plus que c'est un pays qui ne prendra jamais parti pour le Véerème, contrairement à Pacifia et Dalkia. De plus, comme l'avait si bien dit son ami, l'armée pacifienne n'était pas suffisamment forte pour vaincre l'armée efdéème. Pacifia pouvait donc attendre. Dalkia en revanche, avait une armée assez avancée et s'était très bien remis de la dernière guerre. Et en plus, c'était le principal allié du Véerème dans ce coin du continent. Jack avait raison. Le Efdéème, une fois qu'il en aurait fini avec Katalonia, s'en prendrait très certainement à Dalkia afin de priver le Véerème de l'un de ses principaux alliés, mais aussi, et peut-être surtout, prendre sa revanche.

—Tu veux donc empêcher le Efdéème d'envahir à nouveau Dalkia ? Mais... Mais même si on a pas mal de bots, nous n'en avons actuellement pas assez pour vaincre le Efdéème.

—Je sais... Je veux juste occuper le Efdéème suffisamment longtemps pour permettre à Dalkia de se préparer et au Véerème de se déployer à Katalonia.

—Mais... Tu comptes sur le Véerème ? Je croyais qu'on était neutres dans cette histoire...

—Actuellement, ma priorité est d'éviter que le Efdéème n'envahisse à nouveau Dalkia. C'est tout.

Pour Elena, tout ça était inattendu. Jack avait pourtant fait savoir qu'il ne faisait plus confiance au Véerème. De plus, il avait dit que le "Nouvel Ordre" dont il parlait, pourrait bien naître à Dalkia. Alors pourquoi voulait-il soudainement défendre sa mère patrie ? Il n'a même pas fallut deux secondes à la jeune femme pour trouver une explication.

—Je vois, fit-elle. Tu tiens encore à elle, n'est-ce pas ?

—Je ne vois pas de quoi tu parles.

—Tu vois très bien de quoi je parle, Jack. Olympe... Elle représente encore quelque chose pour toi ?

Jack ne voulait pas avouer à Elena ses sentiments toujours présents pour la fille qui l'avait aimé. Il ne voulait pas passer pour quelqu'un de faible. Il ne pouvait pas se permettre d'afficher la moindre faiblesse.

—Combien de bots je peux prendre ? demanda-t-il, échappant ainsi à la question qui lui avait été posée.

Elena ne comprenait pas pourquoi son ami refusait d'admettre qu'il ressentait encore quelque chose pour Olympe. Mais peu importait. Même s'il ne voulait pas l'admettre, elle savait qu'il tenait encore à elle.

—Nous en avons actuellement cinq mille trois-cent cinquante sept.

—Cinq cent me suffiront. Dans quoi est-ce qu'on peut les transporter ? On a des transporteurs au moins ?

—Wilson nous a affecté toute une série de navettes. Apparemment ce sont des vieilles navettes qu'il a racheté et fait repeindre pour notre cause.

—Des navettes militaires ?

—Non. Elles n'ont aucun système de défense. Ce ne sont que des navettes de transports et des navettes commerciales. Elles peuvent accueillir entre vingt et cinquante personnes chacune, selon les modèles, pour les navettes de transport. Pour ce qui est des modèles commerciaux, ils ont une soute capable d'accueillir une centaine de bots.

—Dommage qu'il n'y ait pas de système de défense. Mais ça ne fait rien, on fera avec. Des pilotes ?

—Là j'avoue que ça a été l'un de nos défauts pendant quelques mois. Mais Wilson a trouvé des pilotes freelances. Il nous les a affectés.

—Combien ils sont ?

—Douze.

—Bien... On dirait que vous avez tout prévus. Il reste une chose...

—Laquelle ? demanda Elena, intriguée.

—Le chaperon. Il sera utile.

***

Quelques minutes plus tard, dans la pièce enfermant le fameux manteau, Jack équipa ledit manteau au même bot que l'autre jour. Celui-ci s'anima et s'agenouilla devant son "maître".

—Relève toi, lui dit Lorage. J'ai une mission pour toi. Je t'ai promis que tu pourrais assouvir ta soif de sang. C'est le moment. Je ne sais pas si tu sais de qui je vais parler, mais voilà... Le Efdéème a déployé des troupes à Katalonia. Katalonia est collé à un autre pays auquel... Auquel je... tiens.

Elena releva une nouvelle fois l'impossibilité pour Jack de révéler ses motivations exactes, ses sentiments pour une fille.

—Et je veux faire en sorte, reprit le paranormal. Je veux faire en sorte qu'ils n'arrivent pas dans ce pays. Je veux retenir le Efdéème jusqu'à l'arrivée des forces Véerèmes.

Une fois le "briefing" terminé, Jack garda son regard plongé dans les globes photorécepteurs du robot.

—Tu... as compris ? lui demanda-t-il.

Le bot acquiesça d'un signe de la tête. Jack s'adressa à son amie.

—Elena... essaie de trouver sur le net des images de soldats efdéèmois... Et de la Force Ecarlate aussi. Pour qu'il puisse savoir à quoi ressembleront ses ennemis.

—Très bien. Et pour les forces kataloniennes ?

—Euh... oui, montre-lui à quoi elles ressemblent. Mais... je pense qu'il y a un risque que les kataloniens ne fassent pas la différence entre les efdéèmois et nous de toute façon.

—Donc tu y va avec l'intention d'éliminer tous le monde ?

—Non, répondit assurément le paranormal. J'y vais pour occuper le Efdéème. Mes cibles seront les efdéèmois. Mais si les kataloniens ouvrent le feu sur nous, nous répliqueront.

Jack s'apprêtait à quitter la pièce lorsqu'une question lui vint à l'esprit. Il s'adressa donc à nouveau à Elena.

—Il a un nom ?

—Qui ? Lui ? demanda Elena en désignant le bot vêtu du chaperon maudit.

Jack confirma de la tête.

—Je... euh..., fit la jeune femme qui réalisa que mis à part un numéro, elle n'avait pas donné de nom au prototype.

—Gary, improvisa-t-elle.

—Gary ? demanda Jack, incitant son amie à lui révéler les origines de ce nom.

—Tu m'a demandé un nom... en voilà un.

—Quoi ? Alors tu viens de l'improviser là à l'instant ? demanda Lorage sur le ton de l'humour.

—Tu m'as demandé un nom... J'en n'avais pas prévu. Du coup, en voilà un.

—Ok, c'est pas grave. Tant qu'il en a un, fit Jack avant de s'adresser à "Gary". Ok, Gary, suis moi, on va aux navettes.

Le chaperon, contrôlant le robot, se mit à suivre le paranormal. Elena quitta la pièce avec eux avant de bifurquer sur la droite afin d'aller vers le hangar où étaient stockés les bots, alors que Lorage et Gary partirent sur la gauche pour rejoindre le tarmac.

—Je vais préparer les bots au départ, fit la jeune femme. Et je dis aux pilotes de se préparer.

—Bien... Dès que tout est prêt, on décolle.

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