Chapitre 46
L'équipe D'Akeba arriva au parc urbain de Krios. Au centre de celui-ci plus précisément, là où Jack se trouvait quelques minutes avant. Ce qu'ils virent était à peine croyable pour eux. Une trentaines de corps kataloniens et efdéèmois étaient étalés sur le sol, des arbres légèrement déracinés, des arbustes et des buissons arrachés, des lampadaires explosés et des fissures dans le sol. C'était comme si une tempête avait eu lieu à cet endroit. Mais ce qui était le plus horrifique, était le corps de ce soldat efdéèmois, méconnaissable. Comme s'il avait été foudroyé, brulé. Akeba ne mit que quelques secondes à comprendre que c'était l'oeuvre de Jack Lorage, sa cible.
Il s'avança vers les corps des autres soldats efdéèmois et s'agenouilla à côté de l'un d'entre-eux. Il déposa sa main droite sur la figure du défunt. Il était encore chaud.
—On l'a raté de peu, dit-il en se relevant.
—Attends... Toutes ces fissures au sol, ajouta Mallick. Tout ces lampadaires... toutes ces lampes éclatées... Et ces arbustes arrachées. C'est lui qui a fait ça ?
Toutes l'équipe se tourna vers Akeba, attendant sa réponse. Même si ce dernier avait déjà été engagé pour l'éliminer il y a quatre ans, il ne l'avait jamais vu à l'oeuvre. Mais il savait qu'il était capable d'une telle chose.
—Oui, se contenta-t-il de répondre après quelques secondes.
—Putain, réagit Dragonoff. C'est pas vrai...
—Alors même nous... même à cinq, on n'a aucune chance face à lui, dit Mallick à Akeba.
CyberStone se mit à rire.
—Parle pour toi, dit-il. En ce qui me concerne, je ne craint aucun ennemi.
La mercenaire s'approcha du Cyborg.
—Mais ouvre les yeux Stone ! Regarde autour de toi ! On parle d'un type capable de maîtriser la foudre, de faire exploser n'importe quoi rien que par la pensée, et capable de fissurer le sol ! Regarde tout ces kataloniens... Il les a tous tués.
—Non, Corrigea Leonas.
—Quoi ? Demanda Ramza intriguée.
—Ce n'est pas lui qui a tué tout ces soldats. C'est le Efdéème.
—Qu'est-ce qui te fait dire ça ? Le questionna Lého Lanissa.
Akeba montra les corps du doigt.
—Regardez les corps... ils sont criblés de balles. Et il y a plein de douilles par terre.
Le chasseur de prime Elfe désigna ensuite les endroits où l'herbe était aplatie, comme si quelque chose de très lourd était passé dessus.
—Et ces traces, reprit-il. Ce sont des traces laissées par des méchas efdéèmois. Ce sont eux qui ont liquidé ce groupes de kataloniens. Lorage n'a tué que les soldats efdéèmois.
—Alors... alors il était allié aux kataloniens ? Demanda Ramza.
—Je n'en sais rien, répondit Léonas avant de montrer un manteau noir couvert de sang. En tout cas, il est possible qu'il ait été touché. Ou que l'un de ses complices l'ait été durant l'escarmouche et qu'il n'a eut d'autre choix que de partir après avoir essayé de soigner sa blessure.
—Alors qu'est-ce qu'on fait maintenant ? Demanda Mallick.
Akeba regarda autour de lui. Des dizaines de soldats efdéèmois étaient en train de patrouiller. Le Véerème était en train d'être repoussé de la ville, mais sa présence à Katalonia empêchait les forces efdéèmes de poursuivre leur conquête dans ce pays.
—On n'a pas trop de solutions, répondit-il. On a juste à attendre qu'il refasse parler de lui.
***
QG de Jack Lorage, emplacement secret, Utopia, 6 février 1994
Jack était assis, seul dans une petite pièce où était posé sur une table, le corps d'Anata. Il n'avait pas pu rapporter la rapporter auprès de sa famille, personne ne l'aurait laissé atterrir à Médilla, avec une navette remplit de bots. Du coup, il avait été obligé de renter au QG avec elle. Il se repassait sans cesse la scène de sa mort. Il s'en voulait de l'avoir tuée. Soudain, Elena entra dans la salle avec une tablette en main afin d'annoncer les "bonnes" nouvelles à son ami.
—Dalkia a positionné des troupes le long de sa frontière avec Katalonia. Même si le Efdéème a réussi à repousser l'assaut Véerème, le Véerème a réussi à s'établir un peu plus loin. Le Efdéème est bloqué... Du moins à Katalonia. S'il avance, il devra faire face aux troupes Véerèmes et kataloniennes et s'il décide de se replier vers la frontière dalkienne, l'armée dalkienne les y attend. Jack... On a réussis. Tu as réussi à sauver Dalkia.
—Non. Tu l'avais bien dit au départ... C'est pas moi qui a réussi. C'est Nous, la corrigea Jack sur un ton monotone.
La jeune femme voyait que son ami n'allait pas bien du tout. Il avait le regard figé vers le sol. Elle avait conscience que la mort de son amie l'avait profondément touché. Une amie dont il ne lui avait jamais parlé.
—Je suis désolé, fit-elle. Pour ton amie. Qu'est-ce que tu comptes faire d'elle ?
—Je vais la rapatrier chez elle, à Médilla.
—Tu retournes donc à Katalonia ?
Jack acquiesça de la tête.
—Mais pourquoi tu ne l'as pas fait lorsqu'on y était ?
—Eh bien... tu en connais beaucoup toi, des aérodromes qui auraient acceptés de faire atterrir une navette remplit de robots de guerre ? A la minute où on aurait atterrit, ils auraient appelé la police... ou pire, l'armée, au vue du contexte.
—Exact, fit Elena. Tu as raison. Je suis encore désolée pour elle, fit la jeune femme avant de tourner les talons pour quitter la pièce.
—Elle s'appelait Anata, fit Jack.
Elena s'arrêta et se retourna vers le paranormal.
—Je l'ai rencontrée il y a quatre ans dans le TransPacifique, lorsque j'ai quitté Dalkia après la guerre, reprit ce dernier. Elle rêvait de voir Sylvestria... Elle n'a jamais eu l'occasion de s'y rendre. Et elle n'en aura plus jamais l'occasion.
Elena plongea son regard au sol. La tristesse que ressentait Jack était probablement en train de l'atteindre.
—Et il y a un an, continua Jack. Elle m'a dit qu'elle s'engagerait dans l'armée katalonienne si le Efdéème s'en prenait à son pays.
Les larmes commençaient à couler le long des joues du jeune paranormal. Elena ne l'avait jamais vu dans cet état.
—J'ai lui avait pourtant dit de ne pas faire ça. Mais elle ne m'a pas écouté. Pourquoi ? Pourquoi ne m'a-t-elle pas écouté ?
—Je... j'en sais rien Jack. Je...
—Et le pire dans tout ça... C'est que c'est moi qui l'ai tué.
Ce que venait de dire Jack glaça le sang d'Elena qui ne s'y attendait pas du tout et qui commença à avoir peur. Elle ne savait pas quoi dire. Pourquoi Jack tuerait l'une de ses amies ?
—Elle ne savait pas que c'était moi... Et je ne savais pas non plus que c'était elle. Elle s'est mise à me tirer dessus. Je n'ai fais que dévier les balles. Sans le faire exprès, j'en ai dévié une sur elle.
Elena était rassurée. Jack ne l'avait pas tué de sang froid. Il ne s'agissait que d'un accident. Elle s'approcha doucement de son ami et s'assit à ses côtés.
—C'est pas ta faute Jack. Elle t'a tiré dessus sans savoir que c'était toi et toi tu ne pouvais pas savoir que c'était elle. Tu n'as fais que te défendre.
—Je sais... Tout ça c'est de la faute du Efdéème. S'il n'avait pas décidé de s'en prendre à Katalonia, Anata ne se serait pas engagée. Tout ça renforce ma détermination Elena... Je veux détruire le Efdéème. Je veux qu'il souffre. Je veux que le monde sache qui je suis. Je veux conquérir le monde... Pour le protéger. Pour installer l'ordre et la paix.
Elena n'avait pas vu cette fameuse "vision" que Jack avait vu. Celle dans laquelle il aurait vu ce "Nouvel Ordre" dont il parlait, et dont il avait peur. Mais ça devait être particulièrement choquant pour que son ami passe du jeune garçon qui maîtrisait à peine ses pouvoirs il y a quatre ans à ce garçon qu'elle avait à côté d'elle, plein de détermination. Même si parfois, les paroles que pouvait avoir Jack l'effrayait, elle avait confiance en lui et le soutiendrait jusqu'au bout, dans son combat pour apporter cette "paix" dont il parlait.
—Tu as dis que tu voulais que le monde sache qui tu es... Mais comment tu comptes faire ?
Jack réfléchit quelques secondes avant de répondre.
—Il faut que j'aille là où il y a du monde. Que je parle là où on m'écoutera.
—Je... je ne comprend pas.
-Il faut que j'aille là où se concentre un maximum de monde.
—Oui... Mais tu penses à quel endroit en particulier ?
—La Hot Race.
Jack avait raison. La Hot Race était incontestablement l'un des événements les plus suivis et médiatisés d'Utopia. La guerre avait relocalisé la compétition et certaines courses n'avaient plus lieux pour des raisons de sécurité. Ainsi elle ne passait plus par Katalonia pour des raisons évidentes, tout comme elle ne passait plus par la partie est de Pacifia, ni par Dalkia que l'on a jugé trop proche des combats. Ainsi les courses se déroulaient au Véerème, au Nord-Véerème, dans l'Empire, à Narfilonia et dans la partie ouest de Pacifia.
—Dans quelques jours, elle passe par Véerème-City, continua Jack. L'événement sera retransmis dans toutes les nations humaines.
—Tu comptes... perturber la Hot Race pour passer un message, c'est ça ?
—Oui.
—Mais... On parle bien du Véerème là... Tu penses que tu arriveras à entrer dans l'arène et à en ressortir aussi facilement ?
—Oui... Personne ne peut m'arrêter Elena.
Elena se répéta la phrase dans sa tête. Ces dernière semaines, son ami lui avait prouvé qu'il était en effet très puissant. Mais pour elle, ça ne voulait pas dire qu'il était invincible. Elle avait peur qu'un jour, ça trop grande confiance en lui, ne le conduise à sa perte.
—Jack... Je te soutiens mais... Mais promet moi de faire attention.
—Tu as peur... c'est normal. Mais ait confiance en moi, je reviendrai, répondit Lorage pour la rassurer avant de revenir à la Hot Race. Le Grand Prix de Véerème-City a lieu dans quelques jours il me semble ?
Elena pianota sur sa tablette pour aller chercher l'information. La course avait en effet lieu dans trois jours.
—Elle a lieu dans trois jours.
—Parfais. Je vais prendre une navette, je vais raccompagner Anata chez elle et de là je partirai pour Véerème-City.
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