Base militaire de Seed, Dalkia, Utopia, 3 septembre 2000

Olympe arriva à la base, très tôt le matin. La veille, elle avait reçu un appel du général Glen la conviant ce jour-ci. Sans lui en dire plus. Elle était attendue à 9h00 en salle de briefing Br03. Lorsqu'elle arriva devant la salle, elle vit que Dwayne était présent lui aussi.

—Dwayne ? fit la jeune femme en s'approchant de lui.

—Olympe ! Qu'est-ce que tu fais ici ?

La jeune femme le fixa en fronçant les sourcils.

—Bah oui j'suis con, reprit l'ex-résistant, tu bosses ici.

—Je viens pour un briefing. Le général Glen m'a demandé.

—Toi aussi ? Il m'a appelé hier soir. Je viens à peine de rentrer d'une opération extérieure, genre ça fait quatre jours, qu'il veut déjà m'envoyer ailleurs...

—Il t'a dit où ?

—Non. Mais à tous les coups c'est encore une opération conjointe avec les forces véerèmes pour contrer une avancée efdéème dans un pays elfique.

Dwayne venait là de résumer en une phrase ses derniers déploiements. La porte automatique s'ouvrit, et Zack accueillit les deux militaires.

—Ah vous êtes là, fit-il.

—Zack ? dit sa sœur, surprise.

—Euh... ouais. Entrez, on va tous vous dire, c'est important.

Olympe et Dwayne se jetèrent un regard interrogateur puis entrèrent dans la salle. Le général Glen était assis à un bureau. Il se leva pour les saluer avant de les inviter à s'asseoir en face de lui. Il s'agissait d'un homme assez grand, d'une cinquantaine d'années, les cheveux courts, grisonnants. La salle était assez grande et pouvait accueillir au moins cent personnes. Pourtant, ils n'étaient que quatre en tout, dans la pièce, face à un grand écran mural dont Olympe se doutait qu'il servirait lors de ce briefing. Le haut gradé prit la parole.

—Soldats. Si nous vous avons fais venir ici, c'est parce que l'agent McNamara vous fais confiance et qu'il vous veut sur le coup.

—Comment ça "Agent" ? dit Olympe, surprise.

Zack regarda le général qui lui fit un signe de la tête.

—Eh bien... Vous ne savez pas tout de moi... En fait, je suis dans les services secrets dalkiens.

—Quoi ?! s'exclama sa sœur. Tu es espion... Mais depuis quand ?

—Depuis huit ans.

Olympe et Dwayne n'en revenaient pas. Bien sûr, ils comprenaient que depuis toutes ces années, Zack ne pouvait rien leur dire. Mais ils ne s'y attendaient pas du tout.

—Vous vous souvenez de mon "stage" avec les forces spéciales véerèmes il y a sept ans ? Eh bien je n'ai jamais été au Véerème cette année-là. J'étais en mission.

Zack tourna la tête vers le général qui lui fit un "non" de la tête.

—Une mission, reprit le jeune homme en riant, dont je n'ai apparemment toujours pas le droit de vous parler. Bref... venons-en à la raison pour laquelle vous êtes ici.

Il pianota sur un clavier et une photo s'afficha sur le grand écran mural.

—Il y a quelques jours, reprit-il. Jack Lorage a été vu dans la banlieue de Sylvestria, à Pacifia. Personne ne sait ce qu'il y faisait exactement, mais un de nos hommes sur place l'a reconnu, l'a suivi et à posé un mouchard sur sa navette. On a alors pu le suivre jusqu'à sa planque qui s'avère être une sorte d'usine secrète. Ces photos ont été prises par nos satellites espions.

Olympe avait le regard figée sur l'image. "Une usine" pensa-t-elle. Si son ex petit ami et père de son enfant avait réussi à prendre contrôle d'une usine, il avait forcement du soutien pour la faire fonctionner. Mais qui ? Qui pouvait le soutenir ?

—L'usine, reprit son frère, se trouve sur une île privée au large de Mandalia. Une île achetée il y a douze ans par le multimilliardaire, patron des industries technobots : Desmond Wilson. On suppose donc que cette usine est l'une des siennes. Ce qui ferait de lui le complice de Jack. La mission est simple. Nous avons monté cinq unités qui seront déployées sur place. La mienne et quatre autres qui ont déjà assisté à ce briefing. Si on vous le refait, c'est parce que j'aimerais que vous fassiez parti de la mienne.

Zack s'adressa ensuite à sa sœur.

—Olympe... je sais qu'on parle de Jack... et je comprendrais tout à fait si tu refuses de prendre part à cette mission mais...

—J'en ferai partie, l'interrompit Olympe.

Zack jeta un regard sur le général Glen avant de revenir vers sa sœur.

—Je suis consciente du danger qu'il représente, précisa la jeune femme. Je ferais n'importe quoi pour l'arrêter.

—Très bien... termina Zack, avant de céder la parole au général Glen.

—L'agent McNamara prendra les commandes d'une petite unité qui aura pour objectif de s'introduire dans cette usine. Les quatre autres escouades seront déployées autour pour faire diversion. Ils auront pour rôle de faire sortir l'armée de Lorage pour que votre groupe, puisse entrer dans l'usine, descendre Lorage, s'il s'y trouve, placer les charges, vous replier et tout faire sauter.

—Mais... Pourquoi ne pas envoyer l'aviation ? demanda Dwayne.

—Parce que Lorage a installé tout autour de son usine, des défenses anti-aériennes, rendant tout bombardement difficile, si ce n'est impossible. C'est pourquoi nous avons opté pour un assaut terrestre. Vous serez déployés à une distance suffisamment importante pour échapper aux batteries antiaériennes.

—Jack ne sait pas que nous connaissons sa position, compléta Zack. Du coup, il n'y a aucune raison qu'il s'attende à nous voir débarquer. Il faut profiter de cet effet de surprise pour le mettre hors d'état de nuire. Une telle occasion ne se représentera peut-être jamais. Vous avez d'autres questions ?

Olympe leva la main.

—Oui... Vas-y, lui dit son frère.

—Est-ce qu'on sait ce qu'il y a à l'intérieur ? Si c'est une usine, il doit y avoir des employés, non ?

—Oui, effectivement. Mais nous n'avons aucune information sur leur nombre.

—Et qu'est-ce qui nous dis qu'ils ne sont pas "contraints" de travailler pour Jack ?

Zack sourit. Sa sœur posait les bonnes questions. Lui-même s'était posé la question avant de venir à ce briefing.

—C'est vrai. Je sais. Nous le savons tous. C'est pourquoi nous avons ordre de n'ouvrir le feu sur les employés et ouvriers que s'ils se montrent hostiles.

—D'autres questions ? demanda le général avant de voir qu'il n'y en avait pas. Vous partez ce soir à vingt-et-une heure. Rendez-vous à vingt-heure dans l'armurerie pour vous équiper.

***

Armurerie de la base de Seed, Dalkia, utopia, 3 septembre 2000, environ 20h00

Depuis, le briefing du matin, Zack sentait que sa sœur n'était pas sereine à l'idée de devoir éliminer son ex petit ami. A vrai dire, il avait espéré qu'elle refuse la mission. La raison pour laquelle il l'avait faite inviter à ce briefing, était pour qu'elle sache ce qui était prévu.

—Ecoute Olympe. Tu peux toujours partir. Tu n'es pas obligée de venir, si tu ne te sens pas capable d'affronter Jack.

—Je t'ai dis que j'étais consciente du danger qu'il représentait et que j'étais partante.

—Mais Olympe... Il est possible... il y a de très fortes chances même... Que l'on soit obligés d'abattre Jack. C'est même notre objectif principal, en finir avec lui.

Olympe acquiesça de la tête.

—Je sais... Je sais. Si c'est ce qu'il faut pour qu'il arrête de faire du mal. Mais avant, je veux essayer de le raisonner... pour qu'il se rende.

Zack lança un regard vers Dwayne qui haussa les épaules comme pour dire que c'était à elle de voir.

—Tu penses que tu en serais capable ? reprit l'espion dalkien. Il a changé depuis... Enfin je veux dire depuis que...

—Depuis la dernière fois que je l'ai vu ? Depuis que j'ai dû abandonner notre fille ? Oui j'en suis consciente. Mais fais moi confiance. Il ne me fera aucun mal. Je suis persuadée qu'il tient encore à moi.

Zack regarda à nouveau son ami qui lui fit un signe de la tête montrant qu'il était d'accord pour tenter l'approche d'Olympe.

—Ok, fit Zack. On le trouve, tu tentes de le ramener à la raison... Moi et Dwayne, on se tiendra à proximité et s'il tente quoi que ce soit contre toi, on l'abat.

—Vous croyez que ce sera aussi simple que ça ? fit une voix féminine.

Les trois ex résistants dalkiens tournèrent leurs regard vers la source de la voix.

—Naturia ? fit Olympe en se levant, très vite imitée par les deux autres.

—Quoi... tu la connais ? lui demanda son frère.

—C'est elle qui a appris à Jack à maîtriser ses pouvoirs.

—Eh bien... On ne peut pas dire qu'elle ait échoué, ajouta Dwayne. Il les maîtrise à la perfection ses pouvoirs...

—Tais toi Dwayne, fit Olympe.

—Il n'a pas tord, ajouta Naturia. Je sais que je suis au moins en partie responsable de tout ce qu'il a fait. Enfin... Vous voulez le mettre hors d'état de nuire c'est bien ça ?

—Oui, répondit Olympe.

—Et toi, lui dit l'elfe. Tu penses que tu pourrais le raisonner ?

—Je le pense, oui.

Naturia resta quelques secondes sans rien dire. Secondes durant lesquelles, les trois dalkiens la regardèrent, attendant sa réponse.

—Je n'ai jamais réussi à le raisonner. S'il y a bien une personne qui pourrait encore le faire, c'est bien toi. Mais je tiens à te dire que ça ne sera pas simple. Jack est devenu... fou. Pour vous faire la version courte, il est persuadé que la guerre qui se déroule actuellement va à terme, détruire le Véerème et le Efdéème, et qu'un "Nouvel Ordre" apparaîtra.

—Oui, c'est... c'est ce qu'il a dit à Véerème-City, il y a quelques années, fit Olympe.

—Oui, reprit l'Elfe. En plus de ça, il pense que ce Nouvel Ordre sera anti paranormal et cherchera à anéantir toutes les personnes comme lui et moi. D'après lui, il sait comment éviter ça et est prêt à tout pour empêcher ce Nouvel Ordre de voir le jour.

—Ok... dit Zack. Mais comment est-ce que vous avez réussi à enter ? Et qu'est-ce que vous venez faire ici ?

Naturia ignora la première question du jeune homme et plongea son regard dans le siens.

—C'est toi qui a dis que si ta sœur n'arrivait pas à convaincre Jack d'arrêter sa folie, toi et ton ami serait là pour l'abattre ?

—Oui.

Naturia lui sourit.

—Vous n'y arriverez pas.

—Euh... excusez moi, fit Dwayne. Mais Zack et moi on a l'expérience de la guerre, on a affronté des gars de la Force Ecarlate et on sait tirer, ne vous inquiétez pas.

Naturia regarda les deux jeunes hommes. Tous les deux, portaient à leur ceinture un holster dans lequel était rangé un pistolet. Naturia utilisa ses dons pour attirer leurs armes à elle.

—Oh... Oh ! On se calme ! fit Zack. Putain !

—Putain ! cria Dwayne à son tour. C'est bon ! C'est bon ! J'ai rien dit !

—Ce que je viens de faire, Jack peut le faire lui aussi. Et il pourra sentir votre présence. Croyez moi, face à lui, vous n'avez aucune chance. D'autant plus qu'il aura son armée avec lui.

L'Elfe tendit les deux pistolets à leurs propriétaires qui les saisirent avant de les rengainer.

—Nous aussi on a notre armée, répondit Zack.

—Oui... Mais il vous faudra des renforts.

—Qu'est-ce que ça veut dire ? demanda Zack.

—Que je viens avec vous.