1 : Olala !
Tout va bien.
Le vent souffle. Mon oeil jaloux accompagne les arabesques préparatoires des hirondelles. Décampez ! Lâcheuses.
Le soleil brûle.
Mes membres tremblent. Soupçonneux, je compte et recompte dix fois dix doigts.
Tout semble normal.
Et les ongles ? Pas trop mal. Les nouveaux de la main gauche ont tendance à pousser plus vite. Trop longs, ils se parent d'une fine ligne de crasse que l'eau de lavage n'a pas pu déloger. La vendange abondante me sert de prétexte pour argumenter cette saleté. Associé à la teinte brou de noix, l'ensemble est crade, mais cohérent.
Tout va bien.
Assis c'est mieux. Dissimulé sous la pile de feuilles blanches, le stylo transpire à grosses gouttes. Le crayon de bois, prévu en cas de panne, plombe l'ambiance. T'es moche, tu sais ?
Un mot devant l'autre, les pages attendent que je gratte leurs lignes de vie.
Mince, une tache. Après tout, ce n'est que du café. Je contourne l'auréole sans oublier de la décorer de quelques volutes irrégulières. L'une d'elles s'aventure en bas de page et rejoint la brebis dessinée auparavant. Comme si cela ne suffisait pas, j'improvise une découpe en forme de nuage à l'aide de la paire de ciseaux utilisée pour effiler le cerfeuil. Et pourquoi ne pas relier les deux bords avec un bout de scotch ? Pas mal ce tube. Cette longue vue improvisée me permet de localiser la buse dans le ciel. Je suis les cris. J'écris sans fin.
Tout va bien.
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