10 Mariage émoussé
LE POPULAIRE DU CENTRE
du 22 février 2022
Rubrique : Faits divers
La stupeur était de circonstance, vendredi dernier, aux alentours de la mairie de Magnac Laval. Dans les bribes de conversations saisies ici et là, l'incrédulité dominait : « Vous savez qui c'est ? C'est "le Pierrot", paraît-il. Il est mort » chargée d'émotion « Ah ! Non, pas lui ! » ou encore ruminait la rumeur « C'est sa femme qui l'aurait tué à coups de couteau. »
Le trouble était d'autant plus grand que Pierre Généton, qui exerçait sa profession directement sur les marchés locaux, était bien connu auprès de sa clientèle pour sa jovialité, son esprit bien affûté. L'enquête de voisinage a permis de brosser le portrait d'un homme agréable, bon vivant. Un mois auparavant, il s'était séparé de sa femme à propos d'une soi-disant « ... histoire de jalousie » appuyée par un jugement à l'emporte-pièce « C'était elle la fautive ».
« L'histoire est liée à un contexte de séparation » a détaillé Anthonin Charbot, procureur de la République de Bellac. « Le monsieur avait quitté le domicile conjugal. Et, ce matin du vendredi 15 septembre, il était venu chercher des affaires à l'appartement qu'il occupait avec sa femme depuis vingt-deux ans. » Il semblerait qu'une violente altercation ait démarré. « L'épouse de la victime, une femme âgée de 42 ans, a alors porté une vingtaine de coups de couteau à son futur défunt mari » a continué le procureur. « Elle a ensuite appelé les secours pour expliquer ce qu'elle venait de faire. » Selon les gendarmes, à leur arrivée, elle tenta de retourner l'arme contre elle, vers 10 h 15, « Elle s'est frappée au thorax, mais les blessures n'étaient que très légères. Elle a ensuite été évacuée vers l'hôpital de Limoges où elle a été prise en charge par les gendarmes, avant d'être placée en garde à vue », a encore précisé le magistrat.
Les pompiers dépêchés sur place n'ont rien pu faire pour sauver le malheureux, qui était « dans un état désespéré à leur arrivée, le diagnostic vital était engagé », toujours d'après Anthonin Charbot.
Marc Duplessy, maire de Le Dorat, en mairie au moment du drame, a vécu la situation en direct, l'Hôtel-de-Ville faisant face à l'appartement : « On nous a demandé de ne pas sortir des bâtiments afin de ne pas "polluer" la scène. Ceci jusqu'à 11 h 30. Nous avons aussi mis à disposition la police municipale pour aider les gendarmes à sécuriser les lieux. D'après ce que je sais, ce drame est survenu suite à une dispute conjugale, et l'épouse a été évacuée vers l'hôpital en hélicoptère. » L'épouse mise en cause, qui a reconnu les faits lors de sa garde à vue, a été déférée au pôle d'instruction de Limoges, le parquet de Bellac s'étant dessaisi de l'affaire. Mise en examen, elle a été écrouée lundi. « Je les connaissais peu. C'était des gens discrets et sympathiques. L'homme s'était taillé une bonne réputation dans la région. »
Sur le panneau d'affichage dans la couloir de la mairie on pouvait encore lire sur une carte de visite :
Pierre Généton
Rémouleur.
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