Souvenir # ?% ~ ???
Mes amis et moi étions dehors depuis déjà pas mal de nuits. Il faisait chaud à Kaou en cette période. Là-haut, il n’y avait pas beaucoup de rochers pour bloquer le soleil et l’océan était si proche… C’était cependant un chaud relatif, étant donné l’altitude.
J’avais le vertige, je détestais passer par cette sortie. Mais Dzaè avait eu une soudaine envie de prendre l’air et, naturellement, Wèthwo et moi l’avions suivi.
Cela ne faisait pas longtemps que notre groupe existait, mais nous étions déjà inséparables. Il y avait une certaine complémentarité entre nous. Dzaè était la tête brûlée du groupe, celui qui prenait les devants et nous menait vers de nouvelles expériences. Wèthwo était celui qui réconfortait. Son naturel silencieux prêtait à la confidence. Quant-à moi, j’étais naturellement le médiateur et le cœur du groupe. C’est-à-dire celui qui faisait le lien entre nous !
J’étais si heureux de les avoir rencontrés et si reconnaissant d’être avec elleux… que je pouvais bien faire l’effort de sortir de temps en temps.
La plupart d’entre nous préférait rester dans la caverne. Mais il était aussi vrai que si nous avions eu tout le loisir de sortir quand nous le désirions, nous l’eussions tous fait plus souvent ! Le soleil me manquait particulièrement. Je venais de Ñimè, après tout. Et, là-bas, il y avait encore moins d’obstacles à sa chaude lumière.
– Celui-là brille en bleu. Il est joli, fit remarquer Wèthwo.
Dzaè se baissa et ramassa le caillou désigné. Wèthwo et ellui s’étaient trouvée une certaine passion pour la géologie de collection. Nous pouvions certes reproduire à peu près tout type de roche chez nous, mais il était plus amusant de découvrir des exemplaires rares à l’état naturel. Personnellement, les possessions matérielles m’intéressaient peu.
– Tu veux le prendre ? proposa Dzaè en lui tendant la pierre.
– Si ça ne te dérange pas…
Dzaè détourna la tête.
– Non, vas-y. C’est toi qui l’as trouvé.
Un sourire éclaira mon visage. Ces deux-là semblaient développer un lien de plus en plus fort. Je les enlaçai spontanément.
– Ah-
– Qu’est-ce qui te prend ? grogna mon ami.
– Rien ! affirmai-je en les relâchant. J’avais juste envie. On rentre ?
Dzaè me regarda d’un air circonspect puis se releva nonchalamment.
– Oui, pourquoi pas.
– D’accord, accorda Wèthwo.
Nous nous dirigeâmes donc vers le bord de la falaise. Autant étais-je pressé de rentrer pour éviter les remontrances excessives des autres, autant le fait de passer par là ne me plaisait guère.
– Mhhh… Est-ce qu’on pourrait… ? tentai-je.
Dzaè me lança un regard en biais et mit quelques secondes à comprendre ce que je pouvais bien désirer. Au bout d’un moment, iel s’arrêta et jeta un œil au ciel, d’un air pensif.
– Qu’est-ce que tu en penses, Wèthwo ?
Iel leva la tête à son tour.
– … Un orage arrive.
– Ah ! Un orage ?! Oh non, ça n’annonce rien de bon.
En effet, les orages et autres tempêtes étaient de très mauvaise augure pour notre petit groupe. Non seulement elles pouvaient nous empêcher de sortir ou de rentrer pendant plusieurs jours, mais leur violence pouvait parfois également permettre à de l’eau de mer déchaînée de s’infiltrer jusque dans les sous-terrains et d’abîmer certaines infrastructures. Et c’était très laborieux pour nous de faire le ménage. Malheureusement, ce furent les risques encourus pour avoir le droit de vivre ici.
– Dans ce cas, Thœji, je suis désolé, mais nous devrions passer par l’entrée la plus proche.
– Mhhh, pleurnichai-je en me dandinant.
Nous n’avions pas le choix, alors autant accepter cette idée et prendre l’événement du bon côté !
– Tant mieux ! fis-je. Comme ça nous arriverons par la jolie porte et tout le monde dira : « waouhh, regardez qui est revenu. Nous sommes trop contents ! ». Ehehehe !
– Ahah, tu rêves ! me rembarra gentiment Dzaè.
– Pfff ! Tu n’as aucune imagination !
Nous étions encore à quelques dizaines de pieds de notre destination quand un cri terrible retentit devant nous, en provenance du bord de la falaise.
– Ahhh ! m’exclamai-je en me cachant spontanément derrière Dzaè. Qu’est-ce que- Qu’est-ce que c’était ?!
Wèthwo m’avait imité et s’était blotti contre moi. Dzaè prit un air sérieux, presque menaçant.
– Clairement, c’était un sathœ, lâcha-t-iel comme une évidence.
– Quoi ?! Quelqu’un d’autre ? Ici ?! bredouillai-je, coincé entre la stupeur et la peur.
– Allons voir.
– A- Attends… Et si c’était un conseiller ?!
– Il n’y a qu’une manière d’en être sûrs…
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