Une vie au passé
Quand j’avais dix-sept ans, j’allais m’occuper d’elle,
Elle, cette femme qui longeait les cent ans.
En la voyant, je me sentais comme l’attelle,
L’attelle d’une cause humaine, supportant.
Supportant les pleurs d’une personne brisée,
Brisée tel un miroir par son propre reflet,
Propre reflet de ses tendres années passées,
Passé qui aura laissé son corps essoufflé.
Essoufflé par une course contre le temps,
Temps qui la rattrape, temps qu’elle ne fuit plus.
Plus de rêves juste des souvenirs latents,
Latent ses problèmes, ses pensées dissolues.
Dissolue dans une vie, jadis bien rangée,
Rangés les papiers du certificat d’étude
Étude abandonnée en pleine servitude,
Servitude d’unions au goût de dragées.
Dragées dont il ne reste quasiment plus rien,
Rien qu’un bocal à clou, à punaise, à trombone,
Trombone qu’elle déplie, attendant l’aumône,
L’aumône du père, habitué des anciens.
Anciens qui apportent tant quand on les écoute !
Écoute donc leurs voix, si affaiblies soient-elles,
Elles pourront peut-être t’aider dans ta route.
Route qui je l’espère pour elle, même dans l’au-delà, restera toujours des plus belles.
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