Entraves et délires
Je pourrais peut-être écrire à demi-"maux", chercher jusqu'à trembler son parfum sans odeur.
Hanter sa vie, la corrompre, l'embarquer dans des vertiges, en équilibre sur les cîmes ; qu'elle se sente vivante.
Que triche avec moi la primodélinquante ; je la conduirai vers les rades où je m'abîme. J'ai la science des manettes et des leviers... Je sais que je peux la tordre comme il me plaît, la souder à la tendre férocité de mon amour.
Et tu viendras à moi.
Belle, mon désir doux et rugueux n'a plus d'autre appétit que pour ton corps... Pimpante, ma mie, je saurai percer dans ta lumière pour qu'éclosent les roses noires de tes fantasmes secrets.
Alors oui, il suffit que je me lève, que je m'habille et te cherche dans ces rues chics où je ne suis guère. Il suffit d'un élan vital, d'un appui, d'une jambe, d'un geste... et de penser à toi, de vaticiner qu'un regard, encore t'envoûtera, comme chaque fois.
Dans les foules, solitaire où je ne vois que toi ; quand les larmes sèchent mon coeur, tu rentres, dès que j'appelle, l'engrais de mon envie...
Tu reviens, ma vie...
Sur la table la pipe, le pavot, la fée verte, j'ai le choix des paradis.
Oui, il suffirait que je me lève mais je n'en ferai rien.
Ici sous ma main le raccourci au bonheur est une passion apathique ; elle demande moins d'effort que mes déchaînements lubriques.
J'ouvre le sas... ma muse m'enlace.
Et les corps caverneux, les missels de l'enfer
Toussent des prières que le diable renverse
Osez, qui le défiez donc, vous en prendre au Père
Et cessez la romance, empruntez la traverse
Les envolées lyriques, désirs de brillance
Hommes, femmes pathétiques, parfumés de Bruegel
Ignorent la beauté, la flamme et les avances
Le corps du laudanum me porte jusqu'au ciel
Mon esprit est un cheval fougueux, de mystères
Je le chevauche à cru avec la drogue en rêne
L'alambic doux égrene , mon imaginaire
Je suis en avance sur les Paradis perdus
La messe de l'absynthe, l'étreinte du démon
Me donnent, me reprennent ce qui m'est défendu
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