M. André Laroche était un homme riche. Sa fortune exacte était inconnue, on subodorait des sommes faramineuses, mais on ne savait pas.

L'homme menait une vie de dilettante. Industriel, mais de quelle industrie exactement ? Eleveur de chevaux de course, mais pour quel haras ?

La vie de M. André Laroche était un mystère.

L'homme était un charmeur. Invité de tous les dîners, ami des ministres et des préfets, amant de nombreuses dames en vue. Paris comptait Laroche comme personnalité incontournable.

Sans rien en savoir réellement.

Dans sa demeure luxueuse de célibataire endurci, il dirigeait ses affaires faites d'ombre et de fortune.

Du moins, il essayait.

Car il devait se l'avouer.

Il était troublé.

Devant lui, une ravissante silhouette marchait en cambrant sa taille. Petit bout de femme, Gabrielle du Plessis perdait plusieurs centimètres lorsqu'elle n'était plus juchée sur ses chaussures à talon. Elle était encore plus adorable.

Mais Laroche aurait préféré s'arracher la langue que de le lui dire. Il savait que Gabrielle se serait moquée de lui.

Alors il la regardait déambuler dans son salon, examinant d'un oeil intéressé les divers ouvrages qui garnissaient sa bibliothèque.

" Tiens ? Tu as des romans policiers ? Chic !"

La femme saisit un livre et s'exclama :

" Le Mystère de la Chambre Jaune". C'est bien ?

- Très. Tu vas aimer Rouletabille, il est bien dans ton genre.

- Vraiment ?"

Gabrielle se tourna vers Laroche, exposant ses seins et son ventre.

" Tu ne travailles pas ?, demanda la cocotte, taquine.

- Si."

Gabrielle rit et lança :

" Je vais prendre un bain... Si ton "travail" te laisse le temps..."

Puis elle disparut.

Il ne fallut que deux minutes à André Laroche pour oublier ses responsabilités de chef d'entreprise et d'éleveurs de chevaux.

Il se dirigea vers la salle de bain.

Il y découvrit une Gabrielle plongée dans un bain chaud, l'attendant avec un sourire narquois.

La cocotte lui dit alors :

" Tu as déjà fait l'amour dans un bain, André ?

- Oui. Mais pas avec toi.

- Viens donc ici. Je vais te montrer ce que signifie faire l'amour dans un bain, tesoro.

- Cela me coûtera un haïku ?"

André Laroche entra dans le bain et aussitôt Gabrielle s'occupa de lui. Elle lui massa les épaules, les couvrant peu à peu de savon.

" Et un bouquet de glaïeuls avec des violettes.

- Mhmmm. Gabrielle..."