31 janvier - 10 heures
Entre ses draps chauds, Gabrielle s'étirait. Une jolie chatte, satisfaite et alanguie.
Le souvenir de la nuit passée entre les bras de son chef de la Sûreté la faisait sourire.
Une belle nuit de plaisir.
L'homme était ardent et attentionné.
Et absent.
Les mots prononcés dans le creux de l'oreille de la cocotte parlèrent d'amour et de départ.
Les suites de la Normandie à gérer.
Ce fut avec un soupir désolé que Gabrielle se leva.
Elle se coiffa et se maquilla avec indifférence.
Puis ses yeux se posèrent sur l'édition du matin et elle hurla de joie.
Le IVe régiment de la Légion Etrangère posté au Maroc rentrait aujourd'hui, après plusieurs mois de manoeuvres.
Gabrielle du Plessis se contempla sans aménité. Elle se fit encore plus belle, dévoilant discrétement ses charmes et ajoutant du rouge à ses joues.
Après plusieurs mois loin du pays, le capitaine Don Luis Perenna méritait bien quelques efforts de toilette.
D'ailleurs le regard intéressé que le légionnaire porta sur elle à son arrivée dans son bureau lui prouva assez l'utilité de ses soins.
" Gabriella ? Aqui ?
- J'ai appris ton retour, Luis. Je suis venue.
- Tu es gentille, querida."
Le soldat ouvrit ses bras pour étreindre la femme.
Gabrielle sentit l'effet que sa présence provoquait sur lui. Elle se colla encore davantage. Il se mit à rire.
" Je travaille, querida.
- Moi aussi, tesoro."
La main de la cocotte caressa le pantalon du soldat et ce dernier murmura :
" Gabriella...
- Tu as bien le temps avant le mess, non ?
- Si, si, si.
- Mhmmm. Tesoro, tu sais ce que c'est qu'un haïku ?
- Oui. Et ?
- C'est mon prix, querido.
- Pour ta compagnie ?
- Pour plus encore. Fais-moi confiance.
- Je t'écrirai un sonnet, si tu le désires.
- Un haïku me suffira.
- Reviens demain et tu auras un sonnet."
Gabrielle se mit à rire tout en s'agenouillant devant le légionnaire.
" Non, un haïku ! Les sonnets rendent fou."
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