Le matin n'était qu'inquiétude. Gabrielle attendait des nouvelles de monsieur Lenormand.

Elle avait étudié les journaux mais aucun ne parlait de la blessure du chef de la Sûreté.

Cela devait être anodin. Non ?

Gabrielle commença plusieurs lettres pour le prince Sernine mais l'angoisse l'empêcha de terminer.

Puis, une réponse arriva enfin de la rue Chalgrin.

" Je suis rentré ce matin. Je vais bien. Ne t'inquiète pas tant, ma tendre amie.

Arsène."

Evidemment, Gabrielle du Plessis quitta précipitamment le One-Two-Two. Elle prit un taxi et se fit déposer devant le domicile du chef de la Sûreté.

Elle en força la porte et se retrouva dans le bureau de Lenormand.

Ce dernier était assis à sa table de travail et s'épuisait à compulser des rapports de police. Il avait un bras en écharpe et une tasse de thé refroidissait près de lui. Il était vêtu d'habits froissés et d'une robe de chambre épaisse.

Il leva la tête et aperçut Gabrielle. Il lui sourit, sans réussir à cacher le plaisir qu'il ressentait à voir la femme.

" Gabrielle ? Mais...

- Oui, je sais, fit-elle en se tordant les mains. Tu m'as dit de ne pas m'inquiéter. Je ne pouvais pas.

- Mais que vais-je faire de toi ?"

Gabrielle eut un petit sourire très tendre et répondit :

" Non. La question est celle-ci : que vais-je faire de toi ?

- Gabrielle ! Je ne suis pas..."

La cocotte vint saisir la tasse et grimaça en sentant le thé froid.

" Qui te dit que j'ai envie de ça ? J'ai eu très peur pour toi. Laisse-moi m'occuper de toi.

- Décidément ! Tu ne fais que ça avec moi !

- Parce que j'en ai envie. Et cela ne te coûte aucun haïku. Juste toi.

- Vraiment ?"

Vraiment.

Gabrielle du Plessis passa l'après-midi à se charger du chef de la Sûreté. Elle lui fit servir du thé et des gâteaux. Elle vérifia sa blessure. Elle se tint derrière lui à lui masser les épaules pour faire fuir la migraine.

Elle fit tout pour s'en faire aimer.

La question était : y arriva-t-elle ?