" Gabrielle, tu délaisses ton travail, murmura une voix lasse.

- Mon travail ?, s'amusa la cocotte. Quel travail ?

- Gabrielle ! Je t'en prie...

- Madame Germaine peut bien me laisser user de mon temps comme je le souhaite !

- Réellement ?"

Réellement ?

Non.

Chaque heure passée loin du One-Two-Two coûtait de l'argent à la cocotte. Une demie-mondaine sans protecteur attitré. Il fallait de l'argent pour vivre et pour paraître dans ce monde fait d'illusions.

Une femme du monde ne pleurait pas, elle ne suppliait pas, elle ne réclamait pas. Elle était belle et attirante, heureuse et joyeuse.

Une demie mondaine devait jouer encore plus dur pour réussir.

" Réellement !"

Gabrielle du Plessis affirmait, le front haut et le regard hautain. Le soir-même, elle rembourserait de son mieux sa geôlière de patronne. Madame Germaine lui avait donné sa chance. C'était ainsi que les choses se passaient.

" Combien pour te garder auprès de moi ?

- Pour la vie ?, rit Gabrielle.

- Pourquoi pas ?

- Monsieur Lenormand, vous divaguez ! Cela doit être la fièvre ! Montrez-moi votre bras !"

Humblement, le chef de la Sûreté tendit son bras et la cocotte joua les infirmières.

Elle savait que le soir-même, elle jouerait les femmes amoureuses, les femmes heureuses, les femmes joyeuses.

Et que dire de demain ?