Quand Madame est fâchée...
Dans l'entrée du One-Two-Two se tenait Madame Germaine, les mains sur les hanches et le chignon glissant sur la joue. Elle fixait de ses yeux coléreux la cocotte qui rentrait de son week-end impromptu.
" Vraiment, ça ne peut pas continuer comme ça, Gabrielle !
- Plaît-il, madame ?"
La cocotte était fatiguée, elle accrocha son manteau au porte-manteau composé de phallus dressés faits en bois précieux. On reconnaissait le sien car il était pâtiné.
" Vous êtes toujours en sortie ! Chaque jour qui passe, vous n'êtes pas là et maintenant vous partez le samedi ?! Alors que c'est le jour où il y a le plus de visiteurs !
- M. Laroche vous a payée pour ce week-end, il me semble !, fit la cocotte en montrant les dents.
- Certes ! Et vous payez pour vos absences ! Mais l'argent ne fait pas tout, ma petite !"
Ce surnom fit sourire Gabrielle, elle avait passé l'âge d'être appelée "ma petite". Elle contempla le joli collier de perles que ce fou d'André Laroche lui avait offert le matin-même.
Avant une dernière promenade dans la campagne et une dernière étreinte dans le foin de la grange.
" Que faut-il de plus, madame ?, demanda plus doucement la cocotte.
- Votre présence ! Tout simplement ! Vous semblez ne pas vous douter du nombre de personnes qui vous réclament ! Monsieur de Jussac, par exemple, ou le ministre de l'intérieur en personne !
- Ce cher Aristide ?, s'amusa Gabrielle. Il est venu ?
- Oui. Et il vous a expressément demandée !
- Je passerai le voir demain au ministère dans ce cas et je rattraperai les choses. Bonne nuit, madame. Je suis fatiguée, M. Laroche n'a pas cessé de me faire chevaucher dans la campagne.
- Je préfère ne pas savoir. J'espère juste que vous avez été à la hauteur !
- Je crois que je l'ai été. Il a demandé grâce avant moi !"
Madame Germaine se fendit d'un sourire et approuva, satisfaite.
" Alors ça va ! Mais la prochaine fois, pensez à la réputation du One-Two-Two ! Vous êtes primordiale dans cet établissement.
- Comme un joli bouquet de fleurs..."
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