27 février - 16 heures
Il faisait froid dans les allées du Parc du Luxembourg.
Gabrielle se promenait, les mains serrant le bras de son compagnon.
M. Laroche marchait, la tête haute et le sourire enjôleur.
Son jeu amusait la cocotte qui posa sa tête sur l'épaule du riche industriel.
" Te voilà bien guilleret, André. Un nouveau poulain ?
- Gamin se porte bien. Un jour, je lui offrirai une jument.
- Quelle chance !
- Elle s'appellera Cocotte.
- André !"
Gabrielle du Plessis claqua le bras de M. Laroche qui la contemplait, attendri.
" Cela signifiera qu'ils seront amoureux."
La femme secoua la tête, autant en colère qu'amusée.
" Cocotte aura bien du courage de supporter un tel pédant !
- Mais je t'en prie ! Gamin est un bel animal, fort et puissant. Il donnera de beaux poulains !
- Mhmmm. Il lui faudrait une jeune pouliche dans ce cas. Pour avoir une belle descendance !
- Pourquoi ? Il lui faut juste une jument.
- Une pouliche, belle et fringante. Qui caracolera avec lui dans les champs et s'amusera en sa compagnie.
- Une pouliche ? Et si Gamin préfère les juments d'expérience ?
- Une vieille ganache sur le retour ? Fouette cocher ! Il y en a plein dans Paris !
- Non. Je ne crois pas !"
Gabrielle du Plessis se retourna vers son compagnon. Belle et souriante, dans toute la splendeur de ses quarante ans, les étoiles brillaient au coin de ses yeux et des fils argentés parsemaient ses boucles ambrées.
" Une belle jument pour mon Gamin. Ils ne seront pas seuls dans la vie et vieilliront ensemble ! Qu'en dis-tu Gabrielle ?
- Que je n'ai pas l'âme d'une poulinière. Tu m'offres une gaufre, André ?
- Je suis prêt à t'offrir bien plus. Dis-moi !
- Une gaufre au sucre et un haïku. Il commence à faire froid et je rêve d'un lit bien chaud.
- A vos ordres, madame la marquise !"
Gaufre, café viennois et sourires remplis d'amour.
Cela suffit à remplir une vie de cocotte, non ?
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