Une femme riait, gentiment serrée par des bras amoureux.

" Gabrielle, tu ne te concentres pas.

- Mais si ! Regarde !"

La cocotte tourna plusieurs fois sur elle-même, souriante et espiègle.

" Gabrielle chérie, ma douce. Tu ne te concentres pas sur les pas !"

Florian d'Andrézy, jeune attaché de l'ambassade de Hongrie prenait la valse au sérieux. C'était une véritable institution dans son pays.

Codifiée, respectée, adulée.

Et voici qu'une simple cocotte parisienne la bafouait sans aucune vergogne.

Florian haussa les épaules, tendrement amusé.

" Tes pas ! Gabrielle !

- Un-deux-trois, un-deux-trois, un-deux-trois ! Danse Florian ! Danse !

- Gabrielle !"

La femme, si belle et si adorable, dans sa robe de bal couverte de rubans et de dentelles, vint saisir les mains du jeune homme grincheux.

" Là ! Regarde si j'ai compris ! Ta main se pose là, la mienne vient là."

Moins grincheux, Florian oublia les règles au profit de sa main posée là.

" Mon autre main se pose là.

- Gabrielle voyons ! Comment veux-tu qu'on danse ainsi ?, susurra le Hongrois.

- Qui parle de danser ? Où poses-tu ta main ?

- Là, évidemment.

- Parfait ! Maintenant, la valse !"

C'était une danse, oui.

Avec des sourires, des regards affectueux et beaucoup de maladresse.

" Gabrielle, tu n'es pas raisonnable...

- Mhmmm... Oui, je sais...

- La réception pour Pâques a lieu le 27 mars à l'ambassade...

- Oui... Florian...

- Tu ne sais pas danser...

- Mhmmm... Non et c'est bien dommage... Tu sais pourquoi ?"

Florian d'Andrézy ne savait pas.

ll n'était conscient que de la main de la Gabrielle qui était passée de là à là et ne cessait de se rapprocher d'ici.

" Tu vas devoir revenir pour m'apprendre à danser...

- Hoooo. Gabrielle..."