La cocotte se regardait dans le miroir et se trouvait attrayante. La robe lui allait bien, c'était indéniable.

Des rubans, des lacets, des fleurs, des plumes... La couleur beige du tissu de satin faisait un splendide contraste avec les roses rouges brodées sur le corsage.

Ajouté à cela le fin châle de dentelles qui recouvrait ses épaules.

Gabrielle du Plessis leva les bras pour parfaire sa coiffure, ses boucles portaient des étoiles brillantes.

Deux mains se posèrent sur sa taille. Possessives et adorantes.

" Tu es merveilleuse, Gabrielle, murmura une voix essoufflée.

- Tu trouves ? J'ai pris du poids cet hiver. Cela se voit !"

Les mains serrèrent plus fort et une bouche embrassa sa nuque.

" Tu es merveilleuse. La plus belle du bal est pour moi.

- Florian ! Flatteur !

- Nous autres, Hongrois, ne flattons pas !

- A d'autres ! Tous les hommes flattent ! C'est une de leur galanterie !"

Florian d'Andrézy glissa ses mains sur le corsage de la belle, savourant le contact du satin tout doux.

" Belle. Si l'empereur te voyait..."

Une toux, timide et gênée, résonna.

La modiste n'osait pas s'approcher pour déranger le couple.

" Tu aimes ta robe Gabrielle ?

- Oui, approuva-t-elle. Tu t'es surpassée Rose.

- Merci. Tu es sûre que tu veux aussi un chapeau ?"

Question délicate !

Les deux femmes se regardèrent fixement, blessées par leur statut de cliente-commerçante et d'amie. Oui, Gabrielle voulait un chapeau. Mais elle avait déjà quelques factures à éponger. Le prix d'une robe était déraisonnable mais possible.

Si on y ajoutait celui d'un chapeau, on frisait l'inconscience.

Gabrielle du Plessis sourit bravement à la vendeuse, prête à refuser simplement.

Le jeune attaché d'ambassade s'interposa, il s'inclina galamment et annonça :

" Oui, madame a envie d'un chapeau. Madame peut avoir envie de tout, si madame le souhaite.

- Dans ce cas..."

Madame ne dit rien et laissa agir son jeune homme amoureux.

Déraisonnable et passionné.