17 avril - 10 heures
La montagne était merveilleuse. Megève se nichait au pied du massif du Mont-Blanc. La neige étincelait au soleil printanier. Il faisait froid et Gabrielle se cachait dans ses fourrures.
Elle tenait fort le bras de son chasseur. Etienne de Vaudreix souriait, heureux et fier d'avoir une telle femme ses côtés.
Il lui montrait les beautés de la nature encore endormie dans l'hiver. Quelques promeneurs suivaient le même parcours et s'extasiaient des paysages enneigés.
" C'est extraordinaire, souffla la femme.
- N'est-ce pas ?
- Tu es déjà venu ici ?
- Plusieurs fois."
Gabrielle lâcha le bras de l'homme et marcha seule quelques pas dans l'épaisse neige. Elle avait déjà vu la neige. Mais la neige de ville, une neige domestiquée, salie et bafouée.
Ici !? Ici, c'était la neige sauvage. Dangereuse. On restait humble devant ses géants blanchis à la chaux. On courbait la tête et on examinait le sol avec défiance.
Ici, la nature devenait mortelle.
Etienne de Vaudreix se rapprocha de Gabrielle et lui prit prudemment la main.
Ici, la nature était un piège pour les imprudents.
" Je n'avais pas idée de la montagne. Merci, Etienne."
La cocotte souriait et les yeux clairs du chasseur brillèrent de fierté.
" Et encore, ma Gabrielle. C'est Megève, il y a des touristes et la civilisation a dompté la nature. Imagine ! Une terre vierge !
- Raconte-moi !"
Pour la première fois, réellement, la cocotte fut envoûtée par les récits de son chasseur. Les nuits à la belle étoile, sous des aurores boréales, alors que dans le lointain, on entendait le loup hurler. Alors que des ours polaires erraient dans l'immensité.
Alors qu'on devenait fou de solitude.
Gabrielle posa sa tête sur l'épaule de son Etienne de Vaudreix et se rapprocha de sa chaleur.
" Je ne savais pas qu'on pouvait vivre ainsi...
- Si tu le souhaites...
- Moi ? Dans le froid ?
- Sous mes fourrures et dans mes bras !"
La femme rit et ferma les yeux pour mieux ressentir la piqûre du froid.
" C'est vrai. Je ne risquerai rien dans tes bras.
- Réfléchis, ma Gabrielle. Une vie d'aventures et de promesses.
- Etienne, Etienne, Etienne..."
Soudain, l'homme s'arrêta et désigna une petite cabane perdue dans la forêt.
" Là, nous dormirons cette nuit et je te montrerai demain ce qu'est réellement la montagne.
- Tout ce que tu veux, mon Etienne."
Puis, primesautier et taquin, l'homme désigna quelques personnes équipées de bâtons qui glissaient sur de longues planches de bois.
" Voici l'activité du jour ! Du ski ! J'ai appris des meilleurs. Thor Tangvald et Durban Hansen, les champions norvégiens."
Gabrielle pâlit et secoua nerveusement la tête.
" Mon Dieu ! Tu plaisantes ? Tu vas me faire monter une montagne à ski ?
- Juste une promenade, ma douce. Ski de fond.
- Non, non, non.
- Et si tu veux ! Je peux t'apprendre à sauter à ski.
- NON !"
Etienne de Vaudreix se mit à rire tandis que la femme se jetait dans ses bras.
" Certainement pas, Etienne !
- Je plaisante, ma chérie.
- Moi sur des bouts de bois ?
- Ma Gabrielle, fit doucement Etienne du Vaudreix. Tu as suivi André. Je t'en prie ! Suis-moi et fais-moi confiance, ma douce !
- Je ne sais pas qui je vais haïr le plus de vous deux. André ou toi ?
- La suite nous le dira !"
Le ski de fond et le ski alpin n'avaient pas de secret pour l'explorateur français. Etienne de Vaudreix appartenait au Club Alpin Français et avait participé à tous les concours internationaux organisés dans le pays de Savoie.
Il se chargea avec attention de sa compagne.
La suite lui prouva que Gabrielle n'avait peur de rien. Elle apprécia de skier, mais surtout de se réchauffer entre ses bras dans leur lit au refuge.
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