19 avril - 6 heures

Une minute de lecture

Gabrielle du Plessis était fatiguée. La fatigue alourdissait ses pas chaussés de raquettes. La montagne dormait encore et l'hiver était profond. Nul bruit dans la nature, nulle vie. Qui hurlerait ici ne serait pas entendu.

Etienne de Vaudreix marchait entre les arbres en tenant la main de sa compagne.

Il connaissait la magie des lieux, il la savait puissante et incontrôlable. La beauté de la montagne, les merveilles de la nature, les animaux sauvages...

Et surtout...le soleil !

Gabrielle du Plessis était une femme forte. Elle marchait sans faiblir. Elle regardait la neige et luttait pour ne pas pleurer de froid. La montagne méritait ce courage.

Etienne se pencha et lui indiqua un sentier perdu dans la forêt de sapins.

" Là, un chamois.

- Mon Dieu, souffla la cocotte en souriant.

- Et ce n'est pas terminé. Les chamois vivent en hardes, la plupart du temps."

Plusieurs chamois passèrent et Gabrielle cacha sa bouche pour ne pas crier de plaisir.

" Plus haut vivent les bouquetins.

- Plus haut ?

- Je ne veux te montrer que la magnificence de la montagne. Gabrielle, ma jolie parisienne. Tu vis à part de ce monde.

- Je n'ai pas le choix, tesoro."

Gabrielle souriait toujours, les chamois avaient disparu et la forêt s'éclaircissait.

Plus haut s'élevait le majestueux Mont-Blanc. Tout était de neige, de roche et de glace.

Qui disparaîtrait ici ne serait jamais retrouvé.

Etienne saisit sa compagne par la taille, cachée sous des épaisseurs de fourrure et de laine. Il la rapprocha de lui et lui montra le ciel. Il était d'un bleu de nuit.

Mais le soleil se levait sur la vallée.

Il brillait déjà et soudain la magie opéra. Les flancs de la montagne étincelèrent de dorures et de nâcre. La neige devint diaphane sous les rayons. Le monde se fit d'or et de rose. Peu à peu, les rayons descendirent et réchauffèrent les êtres et les roches.

Gabrielle était sous le charme.

Autour d'elle, la nature rosissait et bleuissait.

Etienne serra la cocotte contre lui et posa son visage contre son épaule. Ils étaient deux à contempler le réveil de la nature.

" Si, tu as le choix, ma douce."

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