22 avril - 7 heures
Gabrielle n'avait pas dormi. Elle était restée debout et avait marché une partie de la nuit dans le grand salon luxueux du Grand Hôtel de Megève. Les yeux rouges d'avoir pleuré et prié.
Etienne était là-haut ?
Dans le danger ?
La montagne semblait s'être calmée et le soleil se levait à l'horizon. Le ciel rosissait et les environs se teintaient de rose, de bleu, l'air était doré.
Cela ne faisait que rendre les choses plus horribles encore.
Là-haut, il y avait certainement du rouge sur le blanc. La neige devait être salie et la magie s'était faite malédiction.
L'aubergiste essayait de la rassurer, multipliant les chocolats chauds et de parts de gâteau de Savoie. Il lui racontait des souvenirs d'avalanche et cela n'attirait qu'un léger sourire sur les lèvres de la cocotte.
" Vot'Etienne est un brave. Il va revenir et vous verrez !
- Quand ?, murmura la femme.
- Ah ça ! S'il y a des victimes, faut aller jusqu'à la ville. Il faut attendre, madame."
On n'avait aucune nouvelle.
Gabrielle n'en pouvait plus de patience.
Le soir, un message griffonné lui fut donné, accompagné de ses bagages.
" Ma douce,
C'est plus grave que prévu. Je suis coincé au refuge avec des blessés. Je voudrais que tu partes. La montagne est dangereuse. J'ai contacté un ami qui viendra se charger de toi. Je refuse que tu restes à Megève. Pars !
Je t'aime trop pour te risquer.
Ton Etienne "
Là, Gabrielle leva les yeux et contempla son messager.
Elle retrouva le sourire.
" Alexeï ?! Par quel miracle ?
- J'étais au casino de Chamonix lorsque j'ai appris la nouvelle. C'est une terrible catastrophe, moya zvezda."
Alexei Sernine s'assit près de Gabrielle et lui saisit la main pour l'embrasser.
" Et Etienne ?, murmura la cocotte.
- Il sera plus apaisé si tu es partie. Il me fait confiance pour t'enlever.
- Il ne risque rien ?
- Pas plus que lorsqu'il chasse le fauve en Inde. Que dirais-tu de voir la mer pour te changer les idées, moya zvezda ?
- La mer ?
- J'ai une petite maison près du Lac de Côme. En Italie."
Le prince russe souriait, gentiment.
La cocotte secoua la tête, amusée malgré ses tristes pensées.
" Une petite maison ? Vraiment ?
- Tu verras, si tu le souhaites.
- Alors enlève-moi ! Je meurs de peur ici.
- A tes ordres, Gabrielle."
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