9 mai - 11 heures

3 minutes de lecture

Gabrielle paressait dans son lit en attendant de devoir se lever. Elle s'inquiétait tant la nuit, pour ses enfants et pour sa situation, qu'elle n'en dormait plus.

Si Madame l'avait réellement remplacée ?

Si la jeunesse d'Elvire avait raison d'elle ?

Si ses amants se lassaient d'elle ?

Comment pouvait-elle assurer un avenir à ses deux mômes si elle perdait sa situation ?

Elle était la plus âgée des pensionnaires du One-Two-Two. Dans la plupart des établissements, son âge l'aurait reléguée aux affaires domestiques. Voire à la porte.

Devenir pierreuse faisait peur. Ces prostituées condamnées à arpenter les trottoirs à la recherche du client potentiel.

Il fallait agir et se trouver une position avant qu'il ne soit trop tard.

Gabrielle se cacha la tête sous l'oreiller pour ne plus entendre ses propres pensées, lorsqu'on frappa à la porte.

L'image de Suzy lui apportant encore des nouvelles alarmantes la fit gémir.

Deux mains se glissèrent sous les draps et lui caressèrent les tétons.

" Mhmmm. Tu es toute chaude, murmura une voix.

- André ? Que fais-tu ici ?

- Je viens te chercher pour le déjeuner. J'ai eu mon content de stupidités.

- De stupidités ?

- Lève-toi, Gabrielle. Ou je risque de te rejoindre sous les draps ! Tu m'as manqué, gourgandine, à disparaître ainsi deux semaines !"

Gabrielle rit et se décala à peine.

Soupirant profondément, l'industriel souleva les draps et vint se coucher contre la femme. Cette dernière fut surprise de le sentir encore tout habillé.

" Mais à quel jeu joues-tu, André ?, s'amusa la cocotte.

- Au jeu de ma patience a des limites !

- Voyons ça !"

Gabrielle se lova contre son amant et fit tout pour que ce dernier regrette de porter encore son pantalon. André pesta et bloqua la femme sous sa poigne.

" Tu es une coquine ! Je cherche de la tendresse et...

- Tu m'as manqué aussi, André, le coupa Gabrielle..

- Menteuse ! Tu as vécu une vie de riche Bohême ces dernières semaines. En Italie et dans les Alpes.

- Jaloux ?

- Je pourrais aussi t'emmener en Italie, moi. Et à Monaco. Et en Egypte... Où tu le désires, ma Gabrielle.

- Mhmmm. Emmène-moi loin d'ici.

- Dis-moi !

- Sans quitter ce lit !

- Ah ! Je vois qu'on a des exigences élevées !, se moqua André Laroche. Voyons si je serais à la hauteur !

- Tu as intérêt !"

André Laroche se montra fort et habile. Il fit perdre la tête à la femme.

Puis, il lui fit encore plus plaisir en lui racontant pourquoi il était venu la chercher pour déjeuner en sa compagnie.

Les deux amants, nus et en sueur, s'embrassaient encore et se retrouvaient avec passion. Gabrielle caressa les cheveux d'André et lui demanda à quelles stupidités il avait dû faire face. Laroche soupira et se coucha, les bras croisés sous la tête et la femme étendue sur son épaule.

" Une de tes collègues est venue me déranger chez moi ce matin. Cette fille a essayé de m'attirer dans son lit, figure-toi. Alors que je ne suis bien que dans le tien.

- Elvire est venue chez toi ce matin ?

- Oui. Je crois que c'est comme ça qu'elle s'appelle. Elle est jolie, certes, mais quel aplomb ! La garce m'a appelé "son chéri" et a joué les séductrices."

Gabrielle restait muette, inquiète d'apprendre qu'Elvire aurait pu réussir. Le bras d'André la serra tout à coup, pour la coller contre lui.

Il se mit à rire, d'un rire juvénile et railleur.

" Je n'ai pas été gentil avec elle, j'avoue.

- Pourquoi ça ?

- Elle m'avait agacé. On ne rentre pas chez moi comme dans un moulin ! Il n'y a que toi pour t'arroger ce droit-là.

- Je ne m'arroge pas le droit !

- Ho que si ! Donc j'ai découvert une jeune femme assise comme une reine dans mon salon alors qu'il était à peine dix heures ! Je suis surpris et je le lui dis, elle me répond qu'elle voulait me tenir compagnie, car elle me savait seul.

- Elvire manque d'informations à ton sujet, monsieur Laroche, le tombeur de ces dames !

- J'ai vieilli, ma belle. Je rêve de me ranger maintenant !

- Avec tes chevaux ?

- Gamin a besoin d'une pouliche et tu le sais !

- André, André, André ! Qu'as-tu fait à Elvire ?

- Je lui ai proposé une promenade en voiture. Elle a été toute contente de me plaire. Elle s'est accrochée à mon bras avec un sourire de diablesse. Puis, je l'ai déposée au One-Two-Two.

- Tu n'as pas été si méchant que ça. Tu aurais pu faire pire.

- Je lui ai dit que ce n'était pas parce que tu avais disparu pendant deux semaines, que j'allais accepter un succédané. Une Gabrielle au rabais ne m'intéresse pas !

- André, ça c'était méchant !

- Je sais, c'est pour cela que je le lui ai dit ! La voilà prévenue !"

Gabrielle sourit et ferma les yeux de contentement.

Le diable d'homme ne la laissa pas s'endormir et s'exclama :

" J'ai faim ! Allons déjeuner !"

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