La fin de la journée s'annonçait magnifique. Les rayons du soleil couchant brillaient sur la capitale et Gabrielle étrennait un nouveau chapeau.

Elle revenait d'une promenade sur les quais de la Seine. Madame Germaine l'avait chargée des emplettes de lingerie et de parfum pour ces dames.

Une manière de montrer que la cocotte était rentrée dans les bonnes grâces de la patronne.

Gabrielle rêvait d'une limonade et d'une part de tarte au citron. Margot était la reine de la tarte au citron. Suzy, quant à elle, était la reine des tartes aux pommes.

La femme souriait au soleil et s'en revenait tranquillement...lorsqu'une voiture s'arrêta à sa hauteur.

La portière s'ouvrit et Don Luis Perenna apparut.

" Monte, Gabriella. J'ai une mission pour toi.

- Luis ? Tu as un jeton à écouler ?"

La cocotte s'assit auprès du capitaine de la Légion, mais fut surprise de ne pas le voir sourire à sa boutade.

" Que se passe-t-il ?

- Tu dois aller demain à l'ambassade d'Allemagne. J'ai besoin d'informations.

- Moi ? Pourquoi ?

- Un pacte a été signé en Afrique. Il inquiète l'état-major français. J'ai besoin d'informations sur le Kivu.

- Le Kivu ?

- Une région du Congo Belge. Nos alliés, les Anglais et les Belges, semblent vouloir nous faire une crasse. Ils s'allient maintenant aux Allemands. Le Congo français est peut-être en danger.

- Le Kivu en Afrique. Très bien, assura Gabrielle. Je vais chercher.

- Bien. L'ambassade d'Allemagne t'est ouverte, mi paloma."

Gabrielle sourit et embrassa son capitaine de la Légion. Elle lui caressa la joue et murmura :

" Je vais t'offrir un jeton, tesoro. Tu me manques au One-Two-Two !

- Gabriella. Prends soin de toi ! C'est très sérieux !

- Tu as peur pour moi ?, se moqua la cocotte.

- Oui. Et je m'en voudrais terriblement s'il t'arrivait quelque chose.

- Il ne m'arrivera rien. Je suis une artiste lyrique !

- Oui, je sais. C'est pour cela que je t'ai choisie, ma Gabriella.

- Je ferai mon devoir !

- Gracias, mi paloma.

- Tu as intérêt à me ramener mon jeton, mi corazon."