13 juillet - 8 heures
Les mains qui la caressaient étaient autoritaires. On avait envie d'elle et Gabrielle jouait les endormies.
On la poussa à écarter les jambes, ce qu'elle fit volontiers.
Enfin, elle ne put s'empêcher de gémir lorsqu'elle sentit une bouche, là. Juste là.
" Tu ne peux plus faire semblant, Gabrielle, se moqua André Laroche.
- Mhmmm. Je dors... Continue...
- Un jour, j'arriverai à te faire l'amour sans te réveiller...
- Tu n'es pas le seul à vouloir ça, mon tout-beau. Luis rêve de me réveiller avec sa bite.
- Ce légionnaire a de l'idée ! Bon, ferme les yeux et laisse-toi aller.
- Trop tard, je suis réveillée !"
Gabrielle souriait, ses cheveux étaient bellement emmêlés par la nuit passée. Les doigts de l'industriel se perdaient entre ses boucles.
" Tu es magnifique, ma Gabrielle.
- Je vais peut-être me montrer magnanime et ne pas te réclamer de jeton, dans ce cas.
- Je n'ai pas encore toute la collection ! J'y tiens !
- Lesquels te manquent-ils ?
- Quelques-uns comme..."
André se pencha tout près de l'oreille de sa compagne pour lui murmurer sa réponse.
" Hoooo ! Je ne t'ai jamais fait ça ? Mon pauvre André !
- J'avoue que je suis curieux ! Arsène m'en parle parfois et il en est complètement raide.
- Arsène a du goût. Mets-toi sur le ventre !"
André Laroche obéit et se coucha sur le ventre.
" Il me faudrait de l'huile, je vais utiliser ma crème pour les mains que mon amie, Gabrielle Chasnel m'a offerte.
- Tu connais Coco ?
- Qui ne connaît pas Coco Chanel ? Elle est modiste.
- Oui. Et c'est mon richissime ami, Etienne Balsan, qui l'a trouvée. Il la garde précieusement chez lui, au 160, boulevard Malesherbes. Je sais cela, Gabrielle.
- Coco a de la chance !"
Gabrielle poussa un cri de surprise lorsqu'André Laroche la bouscula. Il la fit basculer sur le dos et emprisonna ses mains.
" Je sais cela ! Balsan lui loue un appartement et lui permet de monter son propre commerce ! Il l'aime cet imbécile et il est prêt à tout pour elle !
- Je n'ai pas de commerce à monter, André, rétorqua sèchement la cocotte. Je n'ai que moi et je ne suis qu'une...
- Chut ! Tais-toi ! Tu vas dire des bêtises ! Es-tu seulement allée le voir cet appartement que je t'ai trouvé ?"
Gabrielle se débattit et André la laissa se redresser. Elle s'assit sur le lit.
" Non. Je ne sais pas quoi faire de ton appartement. Tu veux m'y loger, soit, mais pour faire quoi ?
- Je ne sais pas, moi. Être libre du One-Two-Two ?
- Et être dépendante de toi ? De ton bon vouloir ? Quand Etienne Balsan se sera fatigué de Coco, que deviendra-t-elle ? Faut-il que je me lance dans la courtisanerie de haut-vol ? A courir les lits pour me chercher un protecteur ? J'ai quarante ans, André, et deux enfants ! Je ne peux pas me permettre de devenir le jouet de ces messieurs ! Je...je ne peux pas...
- Et si j'étais sérieux ?"
Gabrielle caressa la joue de son compagnon, sentant la griffure de la barbe naissante.
" Tu es sérieux, là, maintenant. Mais tu es André Laroche, séducteur invétéré et riche industriel. Tu te lasseras de moi, comme tu t'es lassé des autres avant moi.
- Certainement pas ! Tu me juges bien mal, Gabrielle.
- Je t'aime trop pour te faire confiance, André."
Laroche embrassa Gabrielle pour la faire taire.
Il accusa le coup et reprit avec une voix pleine d'entrain :
" Bon, qu'est-ce que tu fais à Arsène que ce flicaillon adore si particulièrement ?
- Un massage thaïlandais. J'ai appris de Cléo de Mérode. Tu veux ?
- Un peu que je veux."
André Laroche se remit sur le ventre et apprécia pleinement le massage que lui fit la cocotte.
Il murmura :
" Si tu ne veux pas de moi, Gabrielle... Utilise mon appartement pour toi. Je ne demande rien d'autre que ton bonheur...
- Voulez-vous bien vous concentrer sur mes mains, monsieur Laroche ?, s'amusa Gabrielle du Plessis. Evidemment que je vous veux, mais laissez-moi réfléchir à votre proposition. Et à ce que je pourrais devenir.
- Tu pourrais devenir tout ce que tu désires, ma Gabrielle. Mais il faut me faire confiance...
- Du temps ! M. Laroche. Laissez-moi du temps et décrispez-vous ! Vous gênez mon massage !
- Et jure-moi de ne plus jamais jouer à l'espionne. Mata-Hari est une jolie femme mais elle joue avec le feu.
- Je te le jure, André. Je règle cette histoire avec Luis et je reste une simple artiste lyrique.
- C'est bien, Gabrielle. C'est très bien..."
Gabrielle s'évertua à masser le dos de son compagnon sans penser qu'à son plaisir. Elle sentait les muscles se détendre.
Tandis que son coeur battait de plus en plus vite.
Que devait-elle faire ?
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