Sélihan & Irisa
Sélihan :
Je ne compte plus le temps où mon cœur s’est ouvert. Pourtant, tout paraît s’allonger dans l’éternelle voûte céleste où je pose mes iris. Ce soir, je suis revenu de l’au-delà dans l’espoir de revoir tes traits, tes formes, tes courbes houleuses.
Irisa :
Je ne puis revenir dans ce monde que tu appelles Terre, ô éternel amour et quand bien même je le souhaite, des chaînes me retiennent prisonnière.
Sélihan :
Depuis, je ne cesse de penser à toi, à ton chant sylvestre, celui qui m’a réveillé de la noirceur de ce monde sans foi ni loi.
Astre lunaire, dites-moi où se trouve Irisa ?
Astre :
Tu trouveras ta réponse dans l’univers des limbes, là où gît une cascatelle à l’eau noirâtre, en échange de cette information, tu me donneras tes pouvoirs cinétiques.
Sélihan :
C’est ainsi que je partis pour questionner cette source maléfique, mais ma quête ne fut pas si simple et le temps m’est désormais compté. Irisa m’entends-tu, me vois-tu ? J’arrive !
Irisa :
Je ne puis te répondre… mon chant m’a été supprimé depuis… je ne peux que te voir, t’écouter. J’admire ton courage, céder son bien le plus précieux pour moi, c’est déjà trop… et je pense, déjà fort, à nos retrouvailles.
Sélihan :
Te voilà donc source noire !
Source noire :
Qui ose troubler ce lieu sacré, avec sa langue sépulcrale.
Sélihan :
C’est moi, Sélihan. Je viens vous demander où se trouve le haut des sirènes.
Source noire :
Tiens donc ! Qu’avez-vous à m’offrir pour obtenir son indication ?
Sélihan :
Je n’ai rien d’autre à offrir. L’Astre m’a déjà tout pris, je n’ai que mon immortalité.
Source noire :
Rien d’autre ?! En es-tu certain ? Et l’or de ce regard est-il possible de l’obtenir ? En échange, je t’ouvrirai les portes d’Astra, car c’est ici que tu trouveras ce que tu recherches.
Sélihan :
Soit, les voici !
Sélihan :
Quelle est cette chose aqueuse que je traverse ? Ma vue est prise, mais il me reste mon ouïe. Elle me permet de me situer l’espace de mon esprit étriqué. Et ce que j’y représente est de toute beauté. Astra, sa beauté n’est pas physique, mais tout autre chose. Je comprends ce pour quoi, mes yeux ont été pris.
*****
Irisa :
Oh, ce chant, cette présence, c’est Sélihan, je reconnais ce parfum, ce chant émanant de son cœur. Il pulse comme si ses jours étaient comptés. Sois fort mon cher et tendre… nous sommes plus si loin que cela.
… :
Silence Irisa ! Je t’ordonne de taire tes effluves divins, celles qui te permettent de guider ce mortel.
Irisa :
Mais… Maître.
Maître :
Pour ta persistance, je te prive de ta langue. Au moins je ne t’entendrai plus gindre pour cette créature ! Et sache une chose, Irisa. Ton protégé n’est déjà plus.
*****
Sélihan :
De mes paupières glissent des larmes dont la couleur me paraît cristalline et lorsque j’y porte mes doigts pour les recueillir, j’y perçois leur couleur. J’ai retrouvé ma vue, impossible ! Je regarde autour de moi et je vois des choses merveilleuses et des formes inexplicables tenir sur des fils de soie. Et aussitôt, je me suis mis à cheminer vers une ouverture contrastée d’une brume indigo. Puis me retrouve dans une sorte de chaumière aux fondations inversées.
Oiseau :
Etranger, tu as posé un pied dans l’interdit, tu dois périr sur le champ !
*****
Irisa :
Attendez Maître ! Laissez-moi lui dire de repartir.
Maître :
Cessez donc de m’insurger de pensées, Irisa. Si je dois te couper de cette faculté, je pourrais alors trouver la paix.
Irisa :
C’est ainsi que je m’emmurai… enfermée dans mes méandres, seule à penser à toi ô mon si beau Sélihan.
*****
Oiseau :
Meurt créature terrestre.
Sélihan :
C’est alors que fût foudroyé par une salve électrique. C’est en s'effondrant au sol que je compris que j’étais encore en vie. Mon bien m'a été rendu, par je ne sais quel miracle.
Oiseau :
Tu n’es pas encore mort, vile créature ! Péris sous la puissance des oiseaux de foudre !
Sélihan :
D’un battement d’ailes une décharge émergea de cet oiseau de foudre, mais après maintes et maintes reprises, j’étais encore là.
Oiseau :
Qui es-tu ? Serais-tu protégé du dernier requiem ?
Sélihan :
En effet, Oiseau de foudre, je ne peux mourir ni dans ce monde, ni dans les autres. On me nomme Sélihan Cinétique. Je m'apprêtais à échanger autre chose avec lui, quand un chant rocailleux s’installa dans cette vallée.
Oiseau :
Je suis navré l’immortel, mais mon Maître me demande.
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