Le point de départ des antagonismes entre les empires d’Exodia et de Kelcia est trop ancien pour que les livres d’histoire en aient gardé une trace quelconque. Néanmoins, la première occurrence consignée d’un acte de guerre entre les grandes puissances fut l’annexion par Kelcia de toute la partie nord du massif des Cols. Ce territoire peu peuplé appartenait à l’empire exodien. Cependant, de par sa nature sauvage et l’apparente absence d’intérêt économique de la zone, ses propriétaires n’y exerçaient qu’un contrôle restreint. Ainsi, les Kelciens frontaliers pouvaient à l’époque s’aventurer sans entraves sur le territoire montagneux de leur voisin, notamment pour chasser. Jusqu’à ce qu’un jour, l’un d’entre eux découvre par hasard un filon d’or au fond d’une crevasse. Victimes de l’appât du gain, les autorités kelciennes s’emparèrent de la région. Leurs espoirs furent déçus : la veine du précieux métal s’avéra finalement isolée. Mais ils ne rendirent pas ce qu’ils avaient volé.

 Les Exodiens, jusque là pacifiques, prirent conscience des velléités expansionnistes de leur voisin septentrional. Ils n’osèrent pas encore s’engager dans un conflit frontal contre lui, leur force armée étant trop faible et désorganisée, et exercèrent leurs représailles sous la forme d’un harcèlement maritime. Les navires marchands kelciens qui traversaient le détroit entre l’Océan Intérieur et le Grand Océan étaient régulièrement abordés et rançonnés. Les Exodiens poussèrent ainsi leur voisin nordique à renforcer sa marine militaire.

 Un jour, des corsaires à la solde d’Exodia coulèrent, par mégarde si l’on en croit l’histoire exodienne, un convoi de Kelciens partis s’installer au Taagan. Parmi les passagers se trouvait le fils de l’empereur Arian III. Quelques années plus tard, un gigantesque essaim de sauterelles s’abattit sur l’empire exodien, ravagea les cultures et tua le bétail, provoquant une famine sans précédent. Deux mille habitants d’Aeryn entreprirent la traversée pour quémander un peu d’aide auprès de leur voisin épargné par le fléau, au nord du détroit. Ils furent repérés par un esquif kelcien. Prenant le convoi de réfugiés pour une tentative d’invasion, Arian III ordonna la destruction des navires. Les Exodiens mouillaient au pied de la falaise, au sommet de laquelle ne se dressait pas encore Devon, lorsque l’assaut kelcien se produisit. Seuls les appels à l’aide et les lamentations des désespérés revinrent aux oreilles de l’empereur. Le détroit séparant Aeryn de Devon devint à partir de ce jour le détroit des Larmes.