Chapitre 37 : Expérience
— Salut ! fit la voix enjouée d’Holbart.
Robb peaufinait la dernière version de son mélange dans la pénombre du réduit souterrain. Il s’était réveillé aux aurores, bien avant que le premier alchimiste ait rejoint la grande salle. Ses expériences de la veille, bien que couronnées de succès, ne le satisfaisaient pas encore complètement. Il avait l’impression que sa formule actuelle possédait encore du potentiel et souhaitait essayer d’ajouter à son mélange de nouveaux composants pour en observer les effets.
— Bonjour. Bien dormi ? demanda Robb en se retournant pour faire face à l’ingénieur.
L’homme aux cheveux blancs avait les traits tirés, mais un sourire resplendissant aux lèvres.
— Non, non, je n’ai pas dormi. Il fallait que je travaille... Que je travaille, oui. J’ai enfin réussi ce que je voulais faire, il n’y a pas dix minutes. Je crois que ça peut marcher.
— Qu’est-ce qui peut marcher ? Tu es parti si vite hier soir que je n’ai pas eu le temps de te poser la question.
— C’est... Disons que ça relève du secret militaire ! Mais je peux te montrer, si tu veux. Robb sourit en entendant l’ingénieur reprendre sa formule de la veille.
— Enfin, te montrer, continua Holbart, seulement si tu consens à me fournir quelques pincées de ta poudre magique. Je ne te demande pas les ingrédients ni la recette, juste un petit bout de gâteau.
— Je suppose que c’est faisable... hésita Robb.
Il se doutait que le commandant Reiner y trouverait à redire, s’il l’apprenait, mais il avait toujours été curieux. Et il aimait rencontrer des gens comme lui, capables de passer une nuit blanche sur une idée, même la plus improbable, hantés par leur envie de savoir et de découverte.
— Il ne faut pas qu’on apprenne que j’ai parlé de mes recherches à qui que ce soit. Je suis vraiment, insista Robb, vraiment au secret militaire.
— Oui, oui, j’ai bien compris. Moi aussi, au début. Et puis quand tout le monde a abandonné l’idée que je réussisse un jour à trouver quelque chose d’utile, ils ont très vite arrêté de s’inquiéter que je parle de mes travaux autour de moi, répondit Holbart avec un sourire encore plus large. On y va, alors ?
— Oui, allons-y.
L’ingénieur serra les poings nerveusement en un geste de jubilation intense, puis plongea les mains dans les poches de son manteau. Il en tira le petit objet que Robb avait remarqué la veille au soir : le lanceur de projectiles, le prétendu futur de l’arbalète. Le jeune homme remarqua la disparition du levier qui permettait d’actionner le mécanisme, à la jonction entre la poignée et le tube. Holbart avait remplacé le tuyau de bois par une version métallique qui allait s’évasant vers l’arrière, dessinant, vue du dessus, une espèce de poire. Celle-ci disposait d’une petite ouverture sur le côté, et une mèche jaillissait de l’arrière. L’ingénieur lui dévoila le petit compartiment dans lequel il entendait placer la poudre. Puis il lui montra le projectile, une petite bille métallique qu’il inséra dans le tube en tenant l’arme à l’envers par la poignée. Il sortit de sa poche un bâton qu’il utilisa pour pousser la bille jusqu’au fond de l’orifice, jusqu’à la bloquer. Robb ouvrait des yeux ébahis au fur et à mesure de la démonstration de l’ingénieur, comprenant peu à peu le mécanisme de l’arme et le rôle qu’aurait son mélange à jouer dans son fonctionnement. Il trouvait incroyable que l’homme soit parvenu à ce résultat en une nuit. Lorsqu’il lui fit part de son étonnement, celui-ci éclata de rire.
— Mais non, mais non... Enfin, ça peut paraître surprenant, mais ça fait des années que j’y pense, oui, des années. Tu n’imagines pas combien de jours et de nuits j’ai passés à réfléchir à ce truc ! Et là, je crois que je suis plus proche que jamais du but. Si j’ai bien analysé ce que tu m’as montré hier soir, si mettre le feu à ce mélange bizarre permet bien de créer suffisamment de force et de chaleur pour faire trembler les murs et fondre le métal... Alors oui, bien sûr, ça peut être dangereux, oui, dangereux... Mais je l’ai fait fabriquer en argent directement à la forge. Ça résistera mieux à la chaleur que ton gobelet en étain d’hier... Et si j’ai raison, la réaction alchimique qui se produira dans la chambre va produire assez de mouvement pour propulser la bille hors de son logement. C’est ça, non ? Ce sont les fumées produites par l’inflammation de la poudre qui poussent sur les bords du récipient et qui le font éclater ? C’est ça ?
— Oui, admit Robb, ébahi par la rapidité d’esprit de son interlocuteur.
Il lui avait fallu du temps avant de comprendre le phénomène, après son intuition géniale à Devon. Maintenant, après tant de reproductions de son expérience, il était certain que tout se passait exactement comme l’ingénieur le subodorait.
— Ah ! Je le savais ! Alors ça va fonctionner ! Et quand ils verront ça, là-haut, tu verras la tête qu’ils feront.
Robb hocha la tête, un peu perplexe.
— Allons-y ! Tu veux essayer ? fit Holbart en dirigeant le canon de l’arme vers le Disciple.
— Hé, pointe pas cette chose sur moi ! s’exclama ce dernier en rabaissant d’une main l’arme vers le sol. À toi l’honneur !
— J’espérais que tu dises ça !
L’ingénieur remplit la chambre métallique d’un peu de poudre, puis enflamma un allumeur de la main gauche, tendit son bras armé vers le mur du réduit et approcha le feu de la mèche, tandis que le Disciple se plaçait précautionneusement derrière lui. Les deux hommes retinrent leur respiration, alors que la flamme dévorait la mèche huilée pour s’engouffrer dans le réservoir.
Robb fut projeté vers l’arrière quand le corps de l’ingénieur le percuta, propulsé par l’explosion. Son dos frappa le mur de pierre et sa respiration fut coupée par le choc. Il essaya de se dégager du corps inanimé de l’homme aux cheveux blancs qui le comprimait contre la paroi, cherchant désespérément son souffle. Il parvint finalement à se glisser sur le côté et à aspirer une goulée d’air. Il reprenait peu à peu ses esprits lorsqu’un son étouffé atteignit ses oreilles.
— C’est... ça...
Holbart était avachi contre le mur, son bras droit replié contre sa poitrine, du sang sur le visage. Le Disciple s’accroupit aux côtés de son compagnon.
— Holbart, Holbart ? Ça va ? Oh merde ! Il remarqua une tache de sang qui s’étalait petit à petit sur la tunique de l’ingénieur.
— Bordel, ta main ! Et ton visage !
La main droite de l’homme était noire de suie, percée d’éclats de métal. Du sang jaillissait à gros bouillons de ce qui restait de son index et de son majeur. Tout le côté droit de son visage était couvert de traces de brûlures, et son œil saignait abondamment à travers sa paupière crispée. Robb lui passa le bras sous les épaules et tenta de le soulever. La main gauche de l’ingénieur l’agrippa avec force, puis lui désigna le mur d’en face. Le regard de Robb suivit la direction de l’index pointé. Il vit avec effroi que l’une des pierres était entièrement disloquée. Puis il tourna la tête vers son compagnon qui fixait lui aussi le mur, l’œil halluciné et le sourire extatique.
— Ça a marché, déclara simplement Holbart avant de s’évanouir.
— À l’aide ! Quelqu’un ! Aidez-moi ! J’ai besoin d’un coup de main ici !
Le Disciple avait réussi à traîner le corps de son camarade jusqu’à la cour de la garnison. Le jour se levait à peine et l’endroit était désert. Il avait fait de son mieux pour bander les plaies d’Holbart, mais celui-ci continuait à perdre du sang, beaucoup trop de sang. L’infirmerie était à l’opposé de sa position. Il n’arriverait jamais à porter l’ingénieur jusque-là. Celui-ci pesait plus lourd que Rhoda. Et, tout comme Rhoda, il allait mourir entre ses bras.
— À l’aide !
À chaque pas, des images de la bataille de Devon surgissaient devant ses yeux, emplissant son cœur d’épouvante et de cette horrible sensation d’impuissance. Il trébucha sur un pavé de la cour et s’écroula avec son fardeau, les larmes aux yeux.
— Debout, Robb, debout, s’encouragea-t-il. Que quelqu’un m’aide, par pitié !
Sa vision floue de larmes, il jura et releva son compagnon.
— Allez ! Ne m’abandonne pas maintenant, reste avec moi.
Il vérifia d’un coup d’œil l’état d’Holbart. Son teint était presque aussi pâle que ses cheveux et de sa main bandée coulaient des gouttes de sang. Tout à coup, l’homme fut remplacé par le visage de Rhoda Armin, ses cheveux blonds maculés de terre, ses yeux presque éteints l’implorant de faire quelque chose pour la sauver. Ce regard clair le transperça de part en part. Sous le choc, le Disciple s’effondra. À genoux, il se mit à hurler.
— Non ! Je ne pouvais rien faire ! Ce n’est pas ma faute ! J’ai tout fait pour te sauver !
Une main ferme se posa soudain sur son épaule et une voix douce retentit.
— Du calme. Aide-moi à emmener ton ami à l’infirmerie.
Le son chassa les images. Une jeune femme engoncée dans un manteau bleu était agenouillée face à lui et le regardait d’un air inquiet. Elle portait une écharpe gris clair qui lui couvrait la moitié du visage. Une lueur décidée traversa ses yeux pailletés de vert. Elle se leva et lui tendit la main. Le contact humain achevant de tirer Robb de sa torpeur, il parvint à se remettre debout. Ensemble, ils purent soulever l’ingénieur inanimé.
Recroquevillé sur un banc, dans un couloir de l’infirmerie, Robb attendait avec appréhension le diagnostic. Les bras autour de ses genoux, il grelottait. Holbart respirait encore lorsqu’ils l’avaient remis aux mains du médecin de garde. S’il ne s’en tirait pas, cette fois, ce serait entièrement sa faute. Pourquoi lui avait-il donné la poudre ? Il avait voulu croire en cet original, voulu si fort que sa découverte soit utile tout de suite, qu’elle fasse une différence. Les dents serrées, il enrageait contre lui-même et son impatience. Il aurait dû attendre, perfectionner encore son mélange, expérimenter les effets dans le réservoir de l’arme avant de laisser l’ingénieur faire un premier test grandeur nature. S’il avait été plus patient, rien ne se serait passé ainsi. Il n’avait rien pu faire pour Rhoda, mais cette fois-ci, la faute lui incombait totalement. Maintenant, Holbart allait mourir, et lui serait sûrement renvoyé de l’ordre des alchimistes. En tout cas expulsé de la ville par Reiner pour avoir divulgué le secret. Ou alors jeté en prison...
Une porte grinça, et la jeune femme qui l’avait aidé à transporter l’ingénieur sortit de la salle d’examen. Elle vint s’asseoir en silence à côté de lui. Robb rassembla tout son courage pour parler, mais elle le devança.
— Il va s’en tirer.
À ces mots, le Disciple sentit un poids quitter ses épaules et ses poumons se vidèrent de soulagement.
— Mais il aura de graves séquelles, poursuivit la jeune femme. Les médecins disent que son œil droit est perdu. Ses doigts aussi.
— Non...
— Que s’est-il passé ? demanda-t-elle.
— Je préfère ne pas en parler.
— D’accord.
Après un long moment de silence, le Disciple murmura :
— Merci de m’avoir aidé. Sans vous, il serait...
— Vous avez eu de la chance que je passe par là. Je n’arrivais pas à dormir... Une heureuse coïncidence.
— Oui. Merci.
Il y eut un nouveau moment de silence, rompu par l’arrivée fracassante du commandant Reiner escorté de deux gardes. Il se planta devant Robb et le jaugea du coin de l’œil un instant avant d’aboyer :
— Qu’est-ce qui s’est passé ? On vient me tirer du lit pour me dire qu’il y a eu un blessé lors d’une expérience alchimique ? Qu’avez-vous fait, Disciple Alexander ?
Robb hésita. S’il dévoilait la vérité, sa transgression du secret militaire, les autorités l’empêcheraient de continuer son travail et le confieraient à quelqu’un d’autre. Holbart et lui seraient peut-être emprisonnés... Il avait vu dans les yeux de l’ingénieur le même feu qui brûlait dans les siens lorsqu’il expérimentait. Il ne pouvait pas lui faire ça.
— C’est ma faute, déclara-t-il d’un ton plaintif. J’ai laissé un peu de mélange sur la table dans le réduit, et je me suis absenté quelques instants en laissant la trappe ouverte. C’était le matin, je ne pensais pas que quelqu’un entrerait. Il n’y avait personne aux alentours. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. J’ai à peine eu le temps d’amener le blessé ici, avec l’aide de cette jeune femme, pour éviter le pire. Je suis désolé. Terriblement désolé. Ça ne se reproduira plus.
— Et comment ! Vous travaillerez sous la supervision permanente d’un garde, dorénavant ! Et qui êtes-vous donc, jeune femme, et que faisiez-vous aussi tôt dans la garnison ?
— Mira Maynard-Valerian, répondit-elle. Enchantée, commandant Reiner. Mon père ne m’a dit que du bien de vous depuis mon arrivée.
L’officier se figea et déglutit bruyamment en entendant le patronyme de la jeune femme. Lorsqu’il reprit la parole, son ton s’était étrangement adouci.
— Eh bien. Ravi de faire votre connaissance, mademoiselle Maynard. N’ayez crainte, je ferai en sorte que ce genre d’incident ne se reproduise plus, déclara Reiner en lançant un regard mauvais à Robb. Disciple ! Hors de ma vue ! Reprenez le travail ! Ce sera mon dernier avertissement ! Gardes, escortez-le jusqu’à l’annexe des alchimistes.
Robb préféra ne pas demander son reste et s’éclipsa, non sans avoir une dernière fois remercié Mira.
Le Disciple quitta son refuge à midi, accompagné par le garde qui stationnait désormais devant l’entrée de sa cave. Il avait passé la matinée à ranger le local, à tenter de faire disparaître les traces de l’explosion et avait caché les restes de l’arme d’Holbart dans son réduit en espérant que personne n’aurait l’idée d’aller voir. Si Reiner découvrait l’objet, il saurait que l’accident n’en était pas un. Robb avait hésité à se débarrasser de la preuve, mais voulait d’abord l’accord de l’ingénieur. Lui-même n’aurait pas accepté qu’on détruise l’un de ses parchemins après une expérience malheureuse. Le Disciple rejoignit le réfectoire, où son gardien le laissa enfin seul pour aller s’attabler avec ses camarades. La salle était comble. Des dizaines de militaires déjeunaient là, discutant, riant, buvant. Robb trouva une table vide et s’installa après avoir récupéré un plateau repas, heureux que l’ambiance enfumée créée par la cheminée et les pipes lui procure un peu de tranquillité et le cache aux yeux du commandant. Celui-ci était à quelques tables, assis avec la jeune femme qui l’avait aidé le matin, deux officiers supérieurs et un grand homme aux épaules larges et aux riches habits. Il devait s’agir du père de Mira, et de quelqu’un d’important, étant donné la manière dont le commandant avait réagi en entendant son nom. Le Disciple, après toutes ces années passées en garnison à Devon, n’avait aucune idée de la hiérarchie impériale. L’ordre des alchimistes avait ses propres échelons, bien distincts de ceux des autorités, et rares étaient les alchimistes qui prenaient un poste dans l’administration ou l’armée kelcienne.
Le Disciple ayant terminé son repas, il réussit à dénicher un homme qui voulut bien lui prêter une pipe et un peu de tabac. Il prit quelques bouffées et la tension se relâcha dans tout son être, la peur autour de son cœur desserra un peu son étreinte. L’esprit embrumé, il ne vit pas la jeune femme s’approcher et s’installer à côté de lui.
— Disciple Alexander, c’est ça ?
— Euh... Oui. C’est bien ça. Robb, enchanté.
— Mira. On peut peut-être se tutoyer ? Je suis repassée dans la matinée voir ton ami à l’infirmerie, après qu’on l’a autorisé à recevoir des visites. Les médecins disent qu’il réagit bien aux soins et sera très vite sur pieds. Je lui ai aussi donné ta version des faits, pour que la sienne concorde en cas d’interrogatoire.
Robb se rendit compte, un peu honteux, qu’il n’avait même pas pensé à prendre des nouvelles d’Holbart.
— Merci beaucoup. J’irai le voir plus tard dans la journée, si on m’y autorise.
— Je pourrais en toucher un mot à mon père, proposa Mira. Le commandant ne pourra pas lui refuser ça.
— Ce serait vraiment... fabuleux. Mais qui est ton père ?
— Markus Maynard, c’est lui là-bas, fit la jeune femme en pointant la table des officiers du doigt. Il est intendant. C’est notamment lui qui décide de la répartition des crédits militaires entre les différentes garnisons. C’est pour ça que le commandant Reiner déjeune avec nous ce midi. Il essaie de faire bonne impression. C’est aussi pour ça que je suis venue te parler. C’est sûrement un militaire très capable, mais en ce moment, il est insupportable d’obséquiosité.
— Je comprends, acquiesça Robb, amusé par l’expression alambiquée. Au moins, il n’est pas sur mon dos pendant ce temps. Après ce qui s’est passé ce matin, j’avais peur de passer un plus mauvais moment.
— Sur quoi travailles-tu ? Ça a l’air à la fois très dangereux, et très important pour que le commandant en personne s’en occupe.
— Je n’ai pas le droit d’en parler. Secret militaire.
Mira poussa un soupir.
— Ah... Pourquoi tout le monde cache-t-il quelque chose ?
— Tu n’as rien à cacher ? demanda Robb, étonné.
La jeune femme hésita un instant.
— Si... reconnut-elle en baissant subrepticement les épaules.
Le Disciple vit le regard de la jeune femme s’obscurcir et préféra changer de sujet.
— Qu’est-ce qui t’amènes à Fort Daeron ? Tourisme ?
— Non, je venais retrouver mon père, le détrompa-t-elle, laconique. Et toi ?
Avant qu’il ait pu répondre, un grand brouhaha retentit. Un homme traversait la salle en ligne droite vers la table de Reiner. Il tremblait de la tête aux pieds, échevelé, les yeux injectés de sang. Des pans de son uniforme défait flottaient pitoyablement autour de lui à chacun de ses pas, laissant à peine deviner l’écusson de l’unité des éclaireurs sur son épaule. Il semblait ne pas prêter attention aux murmures provoqués par son entrée, ni aux exclamations qui s’élevaient lorsqu’il bousculait quelqu’un. Finalement, il atteignit la table des officiers. Un grand silence se fit dans le réfectoire. Tous les yeux de l’endroit posés sur lui, toutes les oreilles tendues dans sa direction, il prit enfin la parole. La voix n’était qu’un coassement et les mots difficiles à comprendre, mais tout le monde devina.
— Commandant... Les Exodiens... Ils ont d’autres...
Robb lâcha sa pipe qui rebondit avec un bruit sec sur le bois de la table. Le son lugubre de la cloche d’alarme de Devon résonna dans sa tête, et la terreur glacée reprit possession de lui. Mira lui jeta un regard intrigué.
— Quoi, caporal ? D’autres quoi ? Où ? Reprenez-vous, bon sang !
— À Devon, monsieur... D’autres monstres... Et ils arrivent.
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