Chapitre 18
La peur...quelle sensation étrange et pourtant si vitale. La peur déclenche le stresse, l'adrénaline capable d'envoyer un message au cerveau. Un seul message, "cours..cours pour vivre". Mais la peur s'était déclenchée bien trop tard et à présent, elle était piégée dans les flammes. Les arbres n'étaient plus qu'un brasier ardent prêt à l'engloutir. Elle regarda ses mains, elle pouvait les voir. Plus rien ne la protégeait à présent. Dans un élan de désespoir elle cria, un cri pour vivre...non, un cri pour mourir. Elle avait échoué, sinon elle ne serait pas sur le point de disparaître du monde. Elle pensait pourtant réussir, sa mission était si simple..
La peur..cette fois-ci ne la sauverait pas, mais lui permettrait de garder son calme pour accepter son sort. Une larme roula lentement sur sa joue alors qu'elle entendit le bruit d'une lame proche de son oreille. Elle voulut tourner la tête mais s'était déjà finie.
Phil qui avait veillé toute la journée, vit Iris s'asseoir brusquement dans son lit d'infirmerie. Elle avait le regard voilé mais paraissait étonnamment calme. La jeune femme ne le regarda pas tout de suite, observant dans un premier temps ses bras, qui l'avaient tant fait souffrir. Ils étaient bandés fermement, par dessus on lui avait enfilé une paire de gant long en cuir noir, ouvert aux extrémités. Elle ne remarqua pas seulement les gants, mais aussi des bracelets autour de ses poignets attachés aux barreaux en bois du lit. Les souvenirs de sa crise lui revinrent en tête, elle était parfaitement réveillée mais la souffrance était si grande, si insupportable. La jeune femme ferma les yeux pour ralentir les battements de son cœur s'emballant à la pensée de cet horrible moment. Elle n'avait pas de quoi paniquer après tout, elle était réveillée, elle n'avait plus mal.
Heureusement, ils avaient été là pour elle. Iris ouvrit les yeux de nouveau pour chercher du regard ses camarades. Elle croisa celui de Phil, ses belles prunelles bleues la regardaient avec attention. Il était tout de même hésitant ne sachant peut-être pas si elle était revenue à elle. Pour le rassurer, elle lui offrit son plus beau sourire avant de parler d'une voix engourdie.
- Je vais bien...je crois, dit-elle difficilement. Elle avait tellement hurlé que ses cordes vocales étaient douloureuses et les sons ne sortaient pas naturellement. Sa voix était cassée, cela n'empêcha pas Phil de comprendre ce qu'elle venait de dire.
Il s'approcha du lit pour s'asseoir à côté d'elle. Elle lui laissa de la place en se décalant sur le matelas.
- Tu m'as fais peur, Iris...tu nous as tous fais peur.
- Je suis désolée, je ne sais pas ce qu'il se passe avec moi...je dois avoir un sérieux problème de folie, dit-elle en essayant de rigoler, même si elle le pensait sérieusement. Les rêves, et maintenant cette crise, son corps était en train de la trahir.
- Tu es la première humaine à survivre à des blessures infligées par les mains d'un sorcier. Le médecin a dit qu'il y aurait des conséquences. Cela risque de se reproduire...
Il détourna les yeux de son visage pour se concentrer sur les motifs des draps. Puis, elle le vit sourire. Son sourire se voulait rassurant et complice.
- Je t'ai touché hier, ici et ici.
Il désigna l'endroit où il avait contrôlé l'hémorragie, ainsi que son front. Iris se rappela aussitôt de la main du jeune homme sur sa peau douloureuse, elle se souvint de sa douceur et du bien que cela lui avait procuré. Quand il l'avait installé sur ce lit, pour la rassurer il avait déposé sur son front un baiser léger comme la caresse d'une plume. Elle porta la main instinctivement vers son front. Elle ne savait pas ce qu'elle vérifiait mais tout semblait aller pour le mieux même après ces contacts. Alors elle sourit, un sourire enthousiaste et joyeux. Phil se demanda comment, même après cette nuit de calvaire, elle pouvait encore retrouver cette joie qui la caractérisait tant.
- Tu...tu peux recommencer ? Je veux vérifier quelque chose.
Le jeune homme fut très surpris de cette demande. C'était bien la première fois qu'elle lui permettait un tel geste. Il aurait peut-être dû dire non, pour ne pas être blessé par la suite. Mais après la nuit qu'il avait passée, ces émotions que son imminente mort lui avait fait de nouveau ressentir. Il avait besoin de la sentir prêt de lui.
Iris ferma les yeux pour ne pas être tentée de reculer. Elle avait besoin de savoir ce qui allait se passer quand il la toucherait. Elle se concentra pour ressentir pleinement. D'abord, Phil posa sa main sur la sienne, mais sans vraiment y mettre tout son poids. Il l'éffleura doucement. A travers le cuire, elle ne sentait presque rien mais sa peau entra bientôt en contact avec l'extrémité de ses doigts nus. Elle tressaillit mais ne bougea pas. Cela faisait bien des années que personne ne l'avait touché, qu'elle s'était forgée cette carapace. Elle avait même oublié pourquoi elle existait. Mais la peau tiède du jeune homme sur la sienne réussissait à faire des fissures dans cette armure. Elle sentit sa peau se réchauffer, surtout quand il lui saisit entièrement la main liant ses doigts aux siens. Son sourire s'agrandit et elle resserra ses doigts pour mieux le sentir. Phil encourageait par cette réaction se pencha doucement pour déposer ses lèvres sur le front de la jeune femme, y laissant seulement une caresse avant de reculer, il ne voulait pas l'effrayer. La sensation fut si réconfortante, elle sentit son corps répondre en faisant rougir sa peau. Alors elle ouvrit les yeux. Les prunelles bleues l'observaient avec énormément d'attention et elle pouvait y lire aussi une grande satisfaction, qui se voyait aussi sur le sourire de leur propriétaire.
- Je vais bien, souffla-t-elle, il hocha la tête avant de répéter ses mots.
- Tu vas bien.
Iris observa leur main entrelacée, c'était une belle image. Elle avait l'impression pendant un instant de partager son armure avec lui. Il était bien la seule personne avec qui elle accepterait de le faire d'ailleurs.
- Les gars...je trouve ça touchant mais moi et ma blessure de guerre on a besoin d'image moins dégueulasses pour guérir.
Iris sursauta en entendant la voix de Sam venant du fond de la pièce. Elle retira aussitôt sa main pour trouver la position de son amie. Phil grinça des dents avant de saisir un coussin pour le balancer vers le lit de Sam.
Elle était dans un coin de la pièce allongée aussi sur un lit. Sa jambe entièrement bandée était posée sur trois coussins. Elle rattrapa d'ailleurs celui que lui avait envoyé son camarade pour le rajouter sous la pile.
- Merci, je me sens mieux maintenant !
Iris en voyant son amie dans cet état-là tenta de se lever pour aller la rejoindre. Mais elle avait oublié les bracelets, qui la maintenaient attachée.
- Comment t'es-tu blessé ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Demanda-t-elle en essayant de se libérer.
Phil leva les yeux au ciel avec un sourire en coin avant de se lever du lit.
- Je vais aller chercher le Capitaine, j'ai déjà entendu cette histoire...trois fois.
Il s'éclipsa du cabanon tandis que Sam les yeux pleins d'étoiles raconta sa folle nuit de combat contre un sorcier manipulant le brouillard. Son histoire fut ponctuée plusieurs fois de "mort" "héroïne" "courageuse". Iris écouta avec attention son récit, étant très impressionnée par les performances de sa camarade. Elle la félicita plusieurs fois même si un détail la questionnait.
- Redis-moi comment le sorcier est mort ?
Sam ravie d'avoir des questions s'empressa de répondre. Iris ne l'avait jamais vu montrer autant d'émotions positives.
- Je n'étais pas là, mais Al a vu la scène du haut des ponts. Le feu a entouré et le sorcier, il ne pouvait même plus utiliser son brouillard. Il a crié et le Capitaine Evan lui a planté un couteau dans son crâne de monstre.
Iris l'entendit lointainement raconter de nouveau comment ils étaient sortis de la forêt enflammée, mais elle était concentrée sur autre chose. Elle se souvenait parfaitement du rêve qu'elle avait fait un peu plus tôt, de ce qu'elle avait ressenti. Elle n'avait pas de doute c'est ce qui l'inquièta. Avait-elle réellement vécu les dernières secondes de ce sorcier.
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