Chapitre 40
- Tu n'as pas à avoir peur, tu sais bien que tu ne crains rien avec nous.
Une main est tendue vers elle, elle souhaite la saisir, mais elle s'éloigne petit à petit la laissant seule, seule dans la nuit. Mais elle sait qu'elle n'a pas à avoir peur.
- Iris, Iris, Iris, Iris, Iris, Iris !
La voix d'Al ne cessait de tambouriner dans son crâne lourd et douloureux. Elle n'arrivait même pas à ouvrir les yeux pour le supplier d'arrêter. Tout son corps était endoloris, elle tenta de bouger ses doigts pour indiquer qu'elle était réveillée, mais sans succès. Elle sentit son corps se faire secouer pour une fois cela n'était pas désagréable, car elle se sentait au moins exister.
- Iris réveille-toi par les cieux tu as intérêt à être vivante ! Réveille-toi, réveille-toi, réveille-toi.
Ses membres ne répondaient toujours pas alors elle essaya sa voix.
- Ferme... la, murmura-t-elle la voix enrouée et faible. Elle se sentait aussi mal que la fois où ses bras avaient été si douloureux. Il était fort possible que les sorciers aient utilisé la même méthode pour la mettre hors d'état de nuire. Elle pouvait les tuer en les effleurant seulement après tout. Cette pensée lui fit ouvrir les yeux subitement réalisant ce qu'elle avait fait. Al était au-dessus d'elle le regard inquiet, mais surtout le visage couvert de bleu. Quand il vit ses yeux s'ouvrir il esquissa un sourire.
- Merci, tu es vivante... comment vas-tu ?
Elle bougea sa tête pour tenter de retrouver ses sensations corporelles. Très vite son buste et ses bras retrouvèrent leur motricité. Al l'aida à s'asseoir en la voyant essayer de bouger. Son dos fut bientôt appuyé contre un mur en bois.
- J'ai connu de meilleures journées... où sommes-nous ?
- Cette prison... il s'agit de la zone de redressement tous les camps en sont dotés. Je pense que nous sommes au camp 25.
Il désigna les barreaux qui les enfermaient dans cette petite pièce. Il n'y avait aucun meuble, seulement deux tapis en sac de pomme de terre et une couverture rongée par les mites. Elle avait été enroulée soigneusement autour de ses épaules par son camarade. Iris repensa rapidement à ce qu'il s'était passé puis elle sentit monter en elle une vague de culpabilité.
- Je suis désolée Al... c'est de ma faute si nous nous trouvons dans cette situation désespérée.
Elle baissa la tête pour ne pas à avoir à le regarder dans les yeux. Son ami eut la réaction à laquelle elle aurait dû s'attendre le connaissant.
- Tu n'as pas à t'excuser, je sais pourquoi j'ai signé. En tout cas, je suis content d'être avec toi, on va vite trouver une solution. On retournera auprès de notre équipe. Tu imagines l'accueil d’héro qu'ils vont nous réserver.
Elle sentie dans sa voix qu'il tentait de se persuader de croire en ce qu'il disait pour ne pas perdre pied. Alors elle le suivit de bon cœur pour lui permettre de garder espoir.
- Ton frère va sûrement devoir te féliciter tout comme le Capitaine Evan.
Il lâcha un rire joyeux dont il avait le secret et qui réchauffait toujours les ambiances les plus tendues. Le son mélodieux de son rire fit sourire la jeune femme.
- J'ai hâte de voir ça !
Au même moment une porte s'ouvrit entraînant un silence dans le cachot. Al se replia dans l'ombre pour ne pas se faire remarquer, peut-être avait-il obtenu ces bleus sur son visage en s'obstinant. Il tenta d'ailleurs d'entraîner Iris avec lui, elle préféra se mettre contre les barreaux pour avoir une vue sur l'arrivant. Il s'agissait d'un sorcier, elle ne fut pas surprise. Cela était tout de même étrange de voir cette créature dans des locaux humains.
Il vint vers eux tenant dans ses mains pâles quelque chose. Quand il aperçu Iris il eut un geste de recul. Son regard se plissa montrant sa méfiance. S'arrêtant, elle le vit agiter doucement sa main dans laquelle se forma une lance de glace. Elle fut impressionnée par ce pouvoir, elle n'avait pas vraiment eu le temps de les observer de prêt avant. Les sorciers seraient fascinants s'ils ne tentaient pas de détruire la race humaine.
- Recule Humaine, si tu ne veux pas que je transperce l'autre.
Il désigna Al du coin de la tête. Elle recula aussitôt comprenant pourquoi ils avaient gardé son camarade en vie. Ils comptaient s'en servir de point de pression pour obtenir son obéissance.
- Vous parlez tous alors, observa Iris sans lâcher du regard son ennemi. Il déposa deux objets ressemblant à des fruits même si elle n'en avait jamais vu de la sorte.
- Nous devons nous adapter à votre langage d'humain, vous ne savez pas communiquer autrement. Il faut que tu manges.
Il poussa vers elle les deux fruits, qui roulèrent lourdement sûr le sol jusqu'à ses pieds. Elle secoua la tête, il était hors de question qu'ils touchent à cela.
- Qui es-tu toi pour décider de ce que je dois faire ? J'aimerai savoir ce que vous me voulez.
- Et nous ne mangerons pas ce truc immonde ! Rajouta Al en retrouvant un peu de sa répartie voyant son amie s'adresse sans filtre au sorcier. Ce dernier les dévisagea tout en penchant sa tête sur le côté. Il fit apparaître dans son autre main un petit couteau fait de glace. Iris recula prête à esquiver son attaque, mais il le fit simplement glisser jusqu'au pied de son camarade. Puis, il se tourna vers la sortie.
- C'est un fruit qui pousse sur notre territoire à l'Ouest. Il faut l'ouvrir pour le manger. Ce que nous voulons... hmm ce n'est pas à moi de te le dire, mais tu finiras sûrement par en mourir.
Il lâcha un rire sombre avant de disparaître dans les escaliers menant vers la sortie. Iris ne fut pas très impressionnée par son discours, elle ne s'attendait pas à autre chose de leur part.
- Tu l'as entendu ? Il faut qu'on se tire d'ici, grinça Al en prenant le couteau dans sa main l'observant minutieusement. Elle haussa les épaules avant de ramasser le fruit sur le sol. Sa peau était rugueuse et légèrement velu.
- S'ils nous nourrissent, c'est qu'ils n'ont pas l'intention de nous tuer tout de suite, déduit-elle en lui lançant le fruit. Il l'attrapa puis se servit du couteau pour l'ouvrir. Ils avaient faim cela faisait déjà presque deux jours qu'ils n'avaient pas mangé. Bien sûr, avant de croquer dans le fruit à la chair verte, Iris prit le temps de le sentir et de l'examiner. L'odeur était alléchante, elle croqua la première dedans et ne fut pas déçu par le goût acidulé. Al reposa le couteau avant de croquer dans son fruit. L'ustensile disparut aussitôt ne laissant derrière lui qu'une petite flaque d'eau.
- Ça aurait été trop beau qu'il nous laisse une arme, dit-il en regardant la tâche humide sur le sol d'un œil triste.
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