Chapitre 42
- Et c'est quoi ton petit nom ? Marmonna Al ne souhaitant peut-être pas qu'il l'entende. Mais ce fut le cas, il se tourna vers le jeune homme sans perdre son sourire. Iris le dévisageait fouillant sa mémoire pour comprendre comment elle pouvait le connaître.
Ses yeux le reconnaissait, mais pas son esprit.
- Nous ne nous donnons pas de prénom enfin pas comme vous le faites de façon si...mignonne
Humain. Mais on pourrait traduire mon nom dans ce sens-là : Le Voyageur.
- Levoy... chuchota instinctivement Iris ne sachant comment elle connaissait ce prénom. Al la regarda curieusement, mais Levoy lui sembla satisfait. Il frappa dans ses mains apparemment très heureux.
- Oui ! C'est bien ça ! Ah ma petite Iris je suis si content.
- Tu connais ce taré ? Demanda Al en s'approchant d'elle alors qu'elle reculait ne sachant comment réagir devant les étranges réactions du sorcier.
- j'aurai bien dit non, mais il semble que ma mémoire soit défectueuse.
Elle vit son ami changer d'expression, elle ne pensait pas apercevoir un jour sur son visage une telle méfiance. Avait-il peur qu'elle soit l'une d'entre eux. Iris tenta de se justifier, mais elle fut interrompu par Le voyageur, qui leur ordonna de le suivre.
- Je vous emmène en promenade. Les règles sont les suivantes, le moindre geste suspect et vous mourrez plus vite que prévu. En route !
Al sortit le premier, l'un des sorciers le menaça d'une lame en pierre tranchante. Iris quant à elle eut les mains enchaînées.
- Désolé, mais je ne peux pas prendre de risque avec toi.
Elle observa ses chaînes en métal lourd, qui empêchaient tout mouvement de sa part. Al aussi la fixait toujours d'un œil curieux et suspicieux. Elle ne voulait surtout pas que son ami doute d'elle, mais elle le comprenait. Elle avait enflammé un sorcier et une flèche sous ses yeux et en utilisant uniquement ses mains. Elle avait aussi des souvenirs étranges et ces sorciers la connaissaient. Elle ne pouvait donner aucune explication, mais la plus simple serait de penser qu'elle était des leurs. Ça ne pouvait pourtant pas être vraie. Ils commencèrent à avancer en groupe. Bientôt la lumière du soleil les éclairèrent entièrement et une brise agréable vint balayer leur visage. Iris eut besoin de plusieurs secondes pour que ses yeux s'adaptent à cette grande luminosité, eux qui avaient été privé de soleil durant plusieurs jours. Quand enfin son regard s'adapta à la lumière, le spectacle qui s'offrit à elle lui fit perdre pied quelques secondes. Elle s'arrêta tout comme Al, ils regardèrent ensemble ce qui était autrefois le camp 25. Il était beaucoup plus grand que les autres camps prêts de la frontière, on pouvait voir qu'il y avait eut beaucoup de grands bâtiments et de cabanon dortoir. Une très grande muraille en pilier de bois l'entouré. Cette dernière n'avait pas pu protéger le camp contre l'ennemi, qui avait détruit partiellement l'un des meilleurs éléments de défense du pays. Iris ne fut pas choquée par l'état du camp, mais par ses occupants. Elle ouvrit la bouche, le regard écarquillé prête à parler. Mais Al la devançant hurlant presque.
- Ceux sont des humains ?!
Devant eux plusieurs hommes et femmes aux traits et à l'apparence humaines travaillaient à de différentes tâches. Ils avaient tous des vêtements typiques du pays de Sylve. Iris aperçu plusieurs uniformes de l'armée et des vêtements portés par les paysans. Elle pensait que tous les humains vivant dans les camps 24 et 25 avaient été tué. Mais les sorciers en avaient fait des prisonniers de guerre. Leur petit groupe passa devant certain d'entre eux occupés à retaper un cabanon. La jeune femme les dévisagea avec insistance, mais ils ne levèrent pas la tête de leur tâche.
- Qu'est-ce qu'ils ont ? Demanda-t-elle brusquement en voyant que Levoy ne comptait pas leur répondre. Il avançait d'un pas lent, mais presque sautillant, une démarche bien curieuse pour un sorcier. Il semblait beaucoup s'amuser de la situation. Les autres soldats qui les accompagnaient, étaient eux, très sérieux. L'un d'eux avait d'ailleurs fait apparaître une bête à leur côté. Elle gambadait librement prête à intervenir au moindre écart de leur part.
- Ils ont choisi leur camp Iris, tout comme toi. Une mort certaine ou bien une vie à nous servir. Ils savent à présent pourquoi ils se battent.
Il désigna de la main un groupe d'une dizaine d'humains entrain de s'entraîner au combat. Ils n'utilisaient plus les armes de Sylve, mais de longue épée, des lames pour tuer des humains. Al s'arrêta soudainement, écarquillant ses yeux bleus. Le sorcier derrière lui appuya sa lame pour le faire avancer, mais il ne bougea pas, ses lèvres tremblantes. Iris suivit son regard, elle comprit aussitôt ce qui avait déclenché cet état chez son camarade.
- Générale Agnès ! Cria-t-elle en voyant son ancienne instructrice occupée à transpercer un mannequin de part en part avec sa lame. La femme ne leva pas la tête pour croiser le regard d'Iris, elle continua son entraînement comme si elle n'avait rien entendu. Mais c'était impossible, ils n'étaient qu'à quelques mètres. Iris sentit monter en elle une vague de colère s'intensifiant de plus en plus. Elle avait envie de hurler. Voir tous ses humains servirent leur ennemi mortel. La raison pour laquelle leur espèce ne pouvait plus vivre en paix, mais reclus dans des forêts ou des montagnes depuis des siècles. Elle ne comprenait pas comment l'esprit de l'homme pouvait être ainsi corrompu. Agnès détestait les sorciers, elle aurait préféré mourir que de combattre à leurs côtés... enfin, c'est ce que pensait Iris. Pourtant, elle était bien là à présent. Plusieurs mois après l'annonce de sa disparition au combat. Al, résigné reprit son chemin sans quitter des yeux la personne qui avait créé leur équipe.
- votre espèce est faible, Iris. Il n'y a rien de surprenant, déclara Le voyageur en regardant d'un air satisfait sa petite troupe d'humain travailleur.
- Que leur avez-vous fait ? Insista-t-elle en sentant sa vue se brouiller sous les quelques larmes, qui tentaient de s'échapper de ses yeux noirs. Voir Agnès l'avait totalement chamboulé. Elle se souvenait encore de l'annonce de sa mort.
- Alors quel est mon score ? Demanda Louis en se tournant vers Iris et Sam le regard plein d'espoir. Les deux jeunes femmes observèrent avec attention le peu de cible qu'il avait réussi à toucher. Elles échangèrent un rapide regard avant qu'Iris se désigne pour lui annoncer la nouvelle.
- Avec ces deux nouveaux points, cela amène ton score à... 2.
Le garçon baissa la tête déçu avant de laisser tomber son arc sur le sol. Il n'y arriverait jamais il n'était qu'un bon à rien. Sam s'approcha de lui avant de ramasser son arme.
- Mais ça va aller Louis, tu vas finir par t'améliorer et puis tu as quand même 2 points.
- Sur 100, Sam... si le Générale Agnès revient de mission avant que je n'ai réussi à avoir la moyenne elle va m'étriper.
Iris hocha la tête pour confirmer son raisonnement. En effet, leur chef n'était pas connue pour sa compréhension, il lui fallait des résultats concrets. Heureusement Louis savait se démarquer autre part.
- La bonne nouvelle, c'est que tu ne peux que progresser, affirma-t-elle en prenant à son tour un arc pour s'entraîner. Leur année de formation allait toucher à sa fin très prochainement, avant qu'ils ne soient envoyé en mission elle devait veiller à avoir un excellent niveau. Elle visa une première cible, la plus lointaine en fermant un œil. Quand elle lâcha sa flèche, cette dernière vint immédiatement se planter dans le cœur de la cible. Elle enchaîna avec une deuxième flèche, cette fois-ci visant une cible plus proche, mais plus petite.
- Voilà Phil qui vient, il va pouvoir te donner des conseils, déclara Sam mal à l'aise devant la détresse de son camarade. Elle ne savait pas comment se positionner et quels mots seraient les bons pour le réconforter. Heureusement leur chef d'équipe avait un don pour rassurer les autres.
Iris en entendant le prénom de Phil manqua sa cible, la flèche vint se loger à quelques centimètres du pied d’Al, qui venait d'arriver. Il fusilla la tireuse du regard, elle rangea immédiatement son arme avant de s'excuser.
- Vous êtes au complet, c'est bien. Un officier messager est ici pour nous voir.
Il posa ses yeux sur chacun des membres de son équipe, ne restant qu'une fraction de seconde sur Iris. Elle le remarqua, son malaise fut plus grand, mais elle tenta de le camoufler en posant une question.
- Nous tous ? Pourquoi ?
Les yeux du jeune homme se voilèrent et il baissa la tête pour cacher son expression triste. Il ne souhaitait pas alerter son équipe avant d'en être certain.
- Vous verrez, en route.
L'officier messager avait une mine maussade et pâle. De grosses gouttes de sueur perlaient à son front indiquant qu'il était angoissé. Il observa l'équipe 345 devant lui avant d'annoncer son message.
- Officiers de la 345, j'ai le grand regret de vous rapporter la disparition en mission du Générale Agnès Spizt. Elle s'est battue avec force et honneur jusqu'à sa dernière heure. Votre entraînement touchant à sa fin, vous n'aurez pas d'autre instructeur. La cérémonie en mémoire des soldats disparus du mois se tiendra dans une semaine.
Il s'arrêta une seconde, faisant une pause pour vérifier que ses paroles étaient comprise par les jeunes gens se trouvant devant lui. Iris avait déjà une larme au coin de l'œil tout comme Al et Louis. Sam avait croisé ses bras adoptant une posture de repli intérieur, quant à Phil il regardait devant lui sans fixer vraiment de point. La tension de la pièce était devenue lourde en quelques secondes seulement. Une vague de tristesse traversait le cœur des anciens élèves de ce grand général.
- La présidente, le conseil et l'armée de Sylve se joignent à votre douleur.
- Tu parles, la présidente ne doit même pas connaître son existence alors que cette femme était une putain de guerrière. Je me joins à mon équipe pour vous souhaiter un bon débarras ! Gronda Sam en se levant prête à cogner celui qu'elle considérait comme un idiot. Phil la retint par la manche pour la calmer avant d'indiquer au messager de partir.
- Ça ne sert à rien de réagir comme ça, Sam, dit-il avec douceur pour tenter de la radoucir. Mais elle se dégagea en retirant sa manche de sa main.
- C'est lui là ! Avec ces phrases bateaux à deux sous !
Iris se leva à son tour pour bouger elle ne savait pas encore comment assimiler cette nouvelle. Agnès était là définition de la force et du courage. Elle était déterminée à rester en vie, elle leur avait d'ailleurs tant fait de remarque sur leur manque d'accroche à la vie. Elle était aussi une combattante talentueuse suffisamment pour accéder au rôle très prisé d'instructeur. Iris n'arrivait pas à croire que cette femme s'était fait avoir par des sorciers. Si leur commandante était morte, leur équipe ne tiendraient pas longtemps sur le terrain.
Iris vit disparaître au loin la grande silhouette de son ancienne instructrice. Levoy à ses côtés répondit enfin d'une voix basse et posée.
- Nous leur avons offert une opportunité, celle de vivre. Vous les humains vous êtes fascinant, vous vous accrochez à la vie, car elle signifie la fin pour vous. Ici, aucun humain n'a de fin. Ils sont en vie et beaucoup plus puissants que les soldats de Sylve.
Iris sentit ses mains devenir moites alors qu'une réalité s'imposait à elle. Les sorciers pendant plusieurs mois avaient enlevé de nombreux humains en utilisant la brume. Les soldats rescapés des combats avaient alors annoncé la mort de leur camarade. Mais ils se trompaient très peu de soldats avaient trouvé la mort ces derniers mois, mais beaucoup avait disparu. Pendant Sylve pleurait la mort des officiers, ils étaient amenés dans ces camps.
Ici même, dans l'enceinte de ces murs appartenant autrefois à leur pays, les sorciers se constituaient une armée de soldats sylviens.
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