Il l'avait croisé une fois ou deux, lors d’un inter-contrat. Il paraissait le prototype du garçon parfait : bien fait, sportif, jeune ingénieur prometteur. Au cours des réunion d'affectations, quand ils décidaient de la composition des équipes sur les projets, il avait appris qu’il était originaire des Alpes et qu’il faisait du parapente. Cela lui était revenu quand on avait annoncé son absence prolongée et répétée pour maladie.
Quand il le vit à la machine à café, il ne put retenir un mouvemfng d'étonnement. Quelle était cette affection qui décharnait ainsi un jeune homme. Ils ne se connaissaient pas et partageaient une nature réservée. Au milieu des autres, ce ne furent que des banalités, retenues par l’évitement de questions évidentes de sympathie et de compassion.
Choqué, il interrogea un collègue qui l’avait eu dans son équipe. Il avait entendu ce sigle, lu des articles sur cette maladie. C’était flagrant, alors que ce jeune refusait avec force cette classification.
Il mourut quelques mois plus tard. Il avait vingt-huit ans. Quelques camarades allèrent à son enterrement.
Cette image de ce visage détruit et triste, côtoyé une dizaine de minutes, le hante encore. Jusqu’au bout, ce garçon avait nié cette maladie qui était associée à l’homosexualité. Le rapprochement avec sa propre histoire était douloureuse. Il avait failli, il n’avait pas pu, il regrettait de ne pas avoir vécu sa vie, tout en ayant trouvé d’autres bonheurs. Cette déchéance dégradante aurait pu aussi être son sort…
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