Le nouveau monde
J’ai vu les quatre chevaliers de l’apocalypse chevaucher d’un bout à l’autre de la planète. Dévastant tout sur leur passage. Ne laissant rien d’autre que mort et désolation. J’ai vu les flammes de l’enfer exterminer les hommes. Dans sa grande clémence Dieu m’a épargné afin que je reconstruise ce monde dans l’amour.
Avec ce genre d'ineptie, je pourrais en profiter pour mettre en place une nouvelle religion dont je serais le prophète adulé. Étant le seul survivant, je n’y vois aucun intérêt. En vérité j'ai vu, des hommes trop cons pour détruire l'humanité entière. Tout cela au nom de « l'obscurantisme ». Le pire, c’est qu’ils ont réussi. Le monde n'a jamais été aussi sombre depuis…. Comment nommer cet événement ? Apocalypse ? Je n'aime pas ce mot. Je vais opter pour la « Juste Conclusion ».
Un peu d’histoire pour les générations futures, si je trouve une femme survivante ! Je résume rapidement je ne vais pas m’étendre sur des siècles d’humanité idiote.
Au commencement, la création du monde puis celle de l'homme. Un mâle et une femelle. Jusque-là tout va bien. Ils engendrent deux garçons. L'un des deux est jaloux de l'autre, il décide de le tuer. Depuis, le meurtre et la jalousie se sont incrustés dans nos gènes. L'humanité se développe et à chaque époque son arme de destruction massive. Les lances pour tuer ses ennemis à distance, les machines de guerre pour éradiquer le plus de monde possible. Les génocides, c'est plus sympa de s'en prendre aux gens qui ne peuvent pas riposter. Pour finir, la bombe nucléaire l'apothéose pour la fin de l'humanité en beauté.
Comment sommes-nous arrivés à la fin du monde ? À partir de l'an 2010 avant JC, la "Juste Conclusion", une organisation terroriste ayant pour nom « Obscurisme », s'est développée à une vitesse incroyable. Ses agents infiltrés dans chaque pays s'intègrent en attendant de pouvoir exécuter leur mission. Pour mieux se faire connaître, ils déclenchent une guerre civile dans un pays du Moyen-Orient en prétextant qu'ils désirent la liberté. Rapidement, des kamikazes opèrent en Europe, prétextant que les occidentaux aident le régime qui les persécute. Certains gouvernements cèdent le pouvoir à ces fanatiques en pensant avoir la paix. Ces pays dont la devise est la liberté, se retrouve sous une dictature. Les habitants qui refusent d'adopter la religion obscure sont torturés et lapidés sur les places publiques. Le président de la première puissance mondiale explique au monde qu'il est le véritable chef de l'Obscurisme. Pour contrer ce nouvel empire, plusieurs pays décident de s'allier. Notamment la Russie, la Corée du nord, Cuba et d'autres pays communistes. L'U.R.S.S renait de ces cendres. La guerre froide qui ne s'est jamais réellement arrêter se transforme en une guerre franche, ouverte et sanglante. Après des années de combat, les deux puissances se retrouvent à forces égales. Les soviétiques s'enferment dans une autarcie, mais l'organisation Obscure décide de réduire à néant tout ce qui n'accepte pas d'adopter leur doctrine. Le chef spirituel Obscurien fait une déclaration internationale où il proclame la fin prochaine des infidèles même si pour cela le monde ne doit plus exister. Quelques jours plus tard, la guerre nucléaire éclate. Les fusées explosent toutes simultanément. En moins d'une journée l'humanité n'est plus. Qu'en est-il pour les hommes dans les abris ? À mon avis ils auraient mieux fait de ne pas y entrer. Ils n'ont pas supporté d'être enfermés et sont devenus fou.
Aujourd'hui, il ne reste que moi, Édouard Lomet. Vous savez cet homme dont même la mort ne veut pas. J'ai survécu aux lapidations publiques, aux champs de bataille et même aux radiations. C'est génial d'être vivant, je devrais remercier le Créateur, mais je suis tout seul dans cet enfer. Seul dans ce cimetière géant, une chose est sûre , la mort ça pue. Au départ, j'ai essayé d'enterrer les corps, puis de les brûler, finalement j'ai laissé tomber. Maintenant, je cherche un endroit tranquille avec un minimum de vie animale. J'en suis au point qu'avoir un cafard comme compagnon me rendrai heureux. Ici, il ne règne que la mort et le désespoir. L'apocalypse dans les films ça avait l'air plutôt sympa. En vrai qu'est-ce qu'on s'ennuie. J'écris mon histoire, simplement pour ne pas devenir dingue. Je sais que personne ne lira. L'humanité est morte et j'en suis le dernier représentant. La nuit approche, je vais en profiter pour dormir dans cet ancien hôtel de luxe en plein cœur de Paris.
- Infidèle. Tu es condamné à la lapidation publique. Nous te laissons une dernière chance, converti toi ou meurt.
- Jamais je ne me convertirai, jamais. Que le grand Obscure aille se faire….
Le prêtre me gifle si fort que du sang s’échappe de mes narines. Deux gardes me traînent jusqu’à la place de l’Hôtel de Ville. Quand le prêtre me demande si j’ai une dernière chose à déclarer, je rigole en expliquant que les lieux d’exécution n’ont pas changé. Je vais être tué à l’endroit précis où la guillotine décapitait déjà les condamnés à mort au temps de Victor Hugo. Le bon peuple m’attend fébrile et excité. On m’attache au milieu de la foule. Le premier projectile est envoyé, droit sur mon visage.
Encore ce terrible cauchemar qui me hante. Heureusement que cette stupide bombe à exploser au moment de ma condamnation. Tous ces moutons sont morts et moi je reste un homme libre. Je n'arriverais plus à dormir, je sors de la chambre et descend au sous-sol. Je repère la cave à vin et m'ouvre une bouteille de 1842. Je repère la cuisine et mange les rares aliments qui ont l'air comestible. Quelque chose vient de filer devant moi. J'en suis sûr je n'ai pas rêvé. Il vient de repasser en sens inverse, c'est un rat. Je tente de le suivre dans ce sous-sol. Essoufflé, je m'arrête. Le rat a peur de moi et je peux le comprendre. J'observe la salle où je me trouve. C'est apparemment l'endroit où il entrepose les objets à restaurer. Principalement des œuvres peintes, rien de bien intéressant pour un survivant. Je m'apprête à sortir, quand mon pied heurte un cadre. Contrairement au reste des objets, il n'est pas recouvert de poussière. Je le prends en main, mes yeux se posent sur le message écrit en rouge.
Il y a de l’espoir, nous ne sommes pas seuls. Au port de Marseille se trouve un bateau dont sa destination est un pays où la vie y est reine.
Annotations
Versions