Chapitre 4 : Prologue (suite)
Chapitre 4 : Prologue (suite)
B) : (Loup) (2/2)
En effet et cela depuis quelque temps déjà, les filles du bourg comme celles des hameaux voisins ne se privent pas de murmurer sur son passage et aussi mais surtout ne manquent pas de se pomponner plus que d’habitude aux réunions festives, dès lors qu’elles savent qu’il y sera présent.
Tout ça pour pouvoir se montrer sous leurs plus beaux atours afin de se faire remarquer de cette tignasse blonde hirsute, qui en toute innocence leur donne des vapeurs au moindre sourire qu’elles reçoivent venant de sa part.
Tancrède hoche la tête en souriant en réponse aux deux faisans tués, mais redevient vite sérieux ou tout du moins le tente-t-il pour ramener la conversation vers un sujet d’actualité pour les deux garçons.
- La semaine prochaine débutera le jour des apprentis et tu sais bien que nous devons y aller tous les deux pour passer les fêtes au château afin de trouver un maître pour les quatre prochaines « doubles lunes ». Tu n’auras qu’à te faire choisir par un des maîtres de chasse du seigneur Childebert comme Morin l’a fait.
- Il va te falloir être très persuasif alors, parce qu’en général ce n’est pas dans ton gabarit qu’ils recrutent.
- Je ne vois pas ce que mon gabarit vient faire là-dedans ?
- Il n’y a pas que le tir à l’arc dans l’art de la chasse, d’autres méthodes pour des animaux beaucoup plus gros nécessitent de la force physique, de l’habileté et une endurance certaine.
Loup hausse les épaules, pas ou peu convaincu et se tourne vers Tancrède.
- Et toi « Tanc » ? Tu sais ce que tu veux faire ce coup-ci ?
Tancrède qui visiblement n’en sait toujours fichtre rien, essaie de prendre un air inspiré pour répondre au mieux à la question.
- Je verrai ça lors de la première journée, quand les maîtres vont exposer aux yeux de tous leur savoir-faire.
- Ne montre pas ton indécision parce que s’ils s’en aperçoivent, ils ne feront aucun cas de toi et tu seras pris dans les derniers par ceux qui n’auront pas eu leur quota d’apprentis.
Loup se pose quand même une question suite aux paroles de Morin.
- Et si personne ne nous choisit ? Qu’arrivera-t-il ?
- C’est très rare quand ça arrive, dans ces cas-là le garçon ou la fille doit quitter le château et le domaine. Il ou elle ne lui reste plus qu’à se faire accepter par un seigneur ami, si possible voisin.
- Et s’il n’y a toujours personne qui le prend ?
- Dans ce cas-là, c’est toujours le seigneur qui tranche et ça peut aller jusqu’à l’exil s’il le décide. Pourquoi tu nous demandes ça ? Tu as peur que ça t’arrive ?
- Bah ça se pourrait, non ?
- Je ne vois pas pourquoi aucun maître ne voudrait de toi Loup ! Tu n’as jamais volé personne et tu ne t’es jamais battu non plus !! Tu sais bien qu’en plus nous manquons de bras depuis les derniers combats contre les Orcs et les dernières attaques de Gobelins de ces derniers mois n’ont rien fait pour que ça aille mieux. Tu n’as sans doute pas la carrure d’un guerrier, mais il y a beaucoup de choses que tu sais faire et puis aussi certains des maîtres te connaissent et t’aiment bien. Alors ce serait bien le diable qu’il n’y en ait pas un qui te choisisse.
Tancrède en rajoute une couche en riant.
- Au pire tu pourras servir de furet aux maîtres de chasse !! Je te vois bien ramper dans les terriers pour dénicher les lapins !! Maintenant je ne sais pas où ils attacheront la corde pour te ramener !! Le seul bout qui dépasse est bien trop petit pour y accrocher quoi que ce soit ! Hi ! Hi !
- Wouaouhhh !! Fais gaffe que personne ne t’entende « Tanc » !! Tu es si drôle que le seigneur pourrait décider de te prendre comme bouffon ! Hi ! Hi !
- Et toi comme ménestrel ou jongleur ! Hi ! Hi !
- Et toi, comme nettoyeur des pots de chambres !!
- Hum et toi, essayeuse des beaux atours de ces damoiselles du château !!
***/***
Les connaissant bien, Morin sait que ce n’est que le début et que c’est sans doute parti comme ça pour le restant de la journée, à s’envoyer les piques les plus débiles qui soient.
Aussi préfère-t-il rentrer déposer le gibier dans la maison où ses deux jeunes sœurs s’occuperont de le préparer pour un prochain repas, ou encore dans l’intention de les vendre au marché du bourg le lendemain matin.
Morin rejoint ensuite son père pour l’aider aux labours, car la journée pour celui-ci est loin d’être finie et toute aide lui est utile, surtout en cette période de préparation des sols pour les futures semailles de printemps.
Malgré tout la question de Loup lui reste en tête car il connaît pour les avoir vécues, les difficultés d’adaptations des jeunes garçons aux différents apprentissages et il n’est pas sûr que son « frère » d’apparence si menue, tienne le coup quel que soit le maître qui l’aura choisi.
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