Chapitre 6 : Prologue (fin)
Chapitre 6 : Prologue (fin)
C) : (Gaétan) (2/2)
Gaétan amusé malgré la crainte de l’ire paternelle.
- Tu feras certainement un bon érudit toi-même, mais pour ma part je préfère les combats et ce sera pour Conrad la seule chance d’échapper à sa condition de serviteur, tu le sais pourtant bien. Tu n’aimerais pas qu’il reste larbin toute sa vie quand même ?
- Bien sûr que non !! Et puis de toute façon tu ne le permettrais pas une fois devenu seigneur !!
Gaétan encore une fois surpris par la réaction de son frère dès qu’il s’agit de Conrad.
- Notre père a encore beaucoup d’années devant lui et « Con » n’attendra pas si longtemps. Mais dis-moi toi ? Depuis quand tu t’intéresses autant à lui et à son avenir ?
Perceval regarde franchement son frère dans les yeux pour lui répondre.
- Il est comme toi pour moi, il a toujours été là et je l’aime tout autant que je t’aime toi.
- Je te comprends !! Pour moi aussi il est comme un frère et toi en plus de ça, tu l’as presque toujours connu.
Perceval regarde son frère se laver dans le bac d’eau fumante qui l’attendait dans l’appentis et changer ensuite de tenue en souriant.
- Tu es plus beau comme ça, reconnais-le ?
Gaétan se recule en feignant la surprise.
- Holà !!! Mon frère serait-il un "drôle" ? Tu connais leur sort pourtant ? La lapidation par les femmes sur la place du village est somme toute une mort terrible, d’autant plus qu’elles savent faire durer longtemps quand elles le veulent.
Perceval regarde son frère avec colère.
- Pourquoi tu me dis ça ?
- Juste pour voir ta tête !! Hé !! C’était censé te faire rire !!
- Choisis mieux tes plaisanteries alors, parce que là franchement je ne trouve pas ça amusant du tout.
Gaétan un peu honteux, prend son jeune frère gentiment par le cou.
- Tu as raison, excuse-moi, allons rejoindre nos parents car le repas va être bientôt servi et tu sais combien père tout comme mère, sont sensibles au fait d’être à l’heure.
Ils quittent l’appentis pour entrer dans le château et c’est à peine quelques secondes plus tard après leur départ, qu’une ombre sort de derrière les draperies qui masquent les hautes fenêtres en protégeant les pièces du froid de l’hiver.
Un jeune garçon simplement mais proprement vêtu apparaît alors, vérifiant d’un regard acéré qu’il est bien seul cette fois.
Un sourire orne son visage pendant qu’il vide le bac car il l’a bien compris, Gaétan ne lui fera aucun reproche sur le fait d’avoir eu la langue trop bien pendue envers le jeune Perceval.
Conrad n’a jamais su résister et c’est là son plus grand défaut, aux yeux suppliants que pose sur lui le petit « Percy » quand il veut lui tirer les vers du nez.
Il connaît bien l’affection que se portent les deux frères et aussi que pas un plus que l’autre n’aurait même l’idée de raconter à quiconque les frasques dont chacun des deux est pourtant expert.
Les sorties de plus en plus fréquentes de Gaétan lui font craindre toujours le pire pour lui, car il connaît l’ire paternelle qui ne manquerait pas de tomber sur son ami s’il se doutait de quoi que ce soit.
Arrivé depuis l’âge de cinq « doubles lunes » au château, avec ses parents qui se sont mis au service du seigneur après la destruction de leur village par une attaque foudroyante et dévastatrice venant de Gobelins ayant traversé avec une rapidité déconcertante les protections magiques et ayant ainsi pu commettre leurs crimes bien avant l’arrivée de la soldatesque, il a ensuite été dès l’âge de huit « doubles lunes » placé comme serviteur du jeune Gaétan qui est du même âge que lui et qui a eu du mal à réprimer sa joie ce jour-là quand ses parents l’en ont averti, car l’amitié entre eux était déjà très forte même si elle était restée discrète pour cause de la différence de conditions des deux gamins qu’ils étaient alors.
Maintenant il se doute bien que dame Christiane la mère des deux garçons soit au courant de tout ce qui les concerne, puisque c’est sa propre mère qui lui tient lieu de dame de compagnie.
Sire Childebert par contre l’aurait vu lui d’un sale œil, car il tient par-dessus tout à conserver l’étiquette à la cour du château.
Maintenant c’est cette même condition de serviteur des jeunes princes qui lui permet d’être au fait des secrets les mieux cachés et il sait pertinemment que ce genre d’amitié est loin d’être rare, bien qu’elles soient en général plus axées sur d’autres raisons souvent bien moins louables que celles de l’amitié indéfectible et fraternelle, qu’il éprouve réellement envers Gaétan et son cadet.
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