Chapitre 34 : Deuxième jour (L’invité de sire Childebert) (fin)
Chapitre 34 : Deuxième jour (L’invité de sire Childebert) (fin)
« Quelque temps plus tôt, à l’entrée du château. »
Le sergent et ses hommes n’ayant emmené que deux destriers, Eldarian se retrouve à chevaucher derrière Conrad avec au départ les deux mains posées sur ses hanches.
N’étant pas habitué à galoper sur un tel animal, il se sent vite brinquebaler comme un sac de noix et finit par ceinturer entièrement la taille de son compagnon en se serrant contre lui, sentant bien à chaque mouvement brusque du cheval la raideur à l’intérieur des hauts-de-chausses de son ami venir buter contre son poignet.
Conrad se trouve pour sa part dans un état où la gêne prend des proportions aussi importantes que l’excitation de sentir son gland buter régulièrement contre le creux de la main d’Eldarian, n’ayant aucun moyen d’éviter ce contact en comprenant que celui-ci est involontaire, seulement occasionné par le manque de pratique de la monte que manifeste son nouvel ami.
C’est donc en se couchant au maximum sur l’encolure de l’animal qu’il tente d’éviter au mieux ce contact qui l’électrise au point qu’il sent le bout de son sexe s’humidifier de plus en plus, manquant de peu à chaque contact de lui amener la jouissance que son corps réclame.
Heureusement pour lui que le trajet arrive à sa fin, les portes de la première enceinte du château apparaissant à leurs yeux dès qu’ils quittent le sentier bordé d’arbres.
Les montures passent alors du galop au petit trot, permettant ainsi à Eldarian de retrouver un certain équilibre afin de reprendre une position plus conventionnelle et surtout d’ôter ses mains pour les repositionner plus haut.
Il décide de faire comme si rien n’était arrivé, se réservant à plus tard l’analyse de ce qu’il s’est passé durant cette brève course et par la même occasion l’étrange sentiment de plénitude qui l’a accompagné, comprenant bien que ce qu’il éprouve manifestement pour ce garçon risque bien de compliquer sérieusement sa vie future.
La bandaison de Conrad tend à prouver la réciprocité du sentiment, du moins pour ce qu’il en est physiquement et il lui faudra connaître ses réelles intentions avant de lui envoyer un quelconque signe quant aux siens, une liaison avec une personne de son sexe n’étant à la limite envisageable pour Eldarian très ouvert d’esprit du fait de son éducation au temple à la morale certes des plus stricte, mais bien en dehors des tabous des communautés humaines que si celle-ci se révèle sincère, mais surtout basée autant sur la pureté de l’âme que sur les plaisirs du corps.
Il en est là dans ses réflexions quand ils passent sous l’immense porche ouvrant sur la ville, apercevant au loin la seconde muraille menant elle au château fortifié où vivent ses nouveaux amis.
Il descend entièrement sa cagoule masquant ainsi son visage en ne laissant plus apparaître que ses yeux, l’anonymat auprès des populations quelques races qu’elles soient, étant fondamental pour échapper à d’éventuels poursuivants voire encore pour permettre une vie publique sereine quand il découvre sa véritable apparence, vêtu comme tout un chacun sans le port de ses armes ou du moins de celles les plus visibles.
L’ignorance de ce qu’il représente est ici aussi marquante, les regards curieux ne voyant qu’un homme vêtu de noir et armé jusqu’aux dents, amenant l’éternelle suspicion sur le pourquoi de sa présence ainsi que ses buts véritables.
Seul le fait qu’ils soient entourés depuis le passage du porche par la soldatesque mais aussi que certains parmi les passants reconnaissent le prince Gaétan, fait que les murmures restent curieux, dénués de l’hostilité avec laquelle il a déjà été plusieurs fois confronté depuis le début de son itinérance et qui a fait qu’il préfère maintenant éviter les endroits trop peuplés, pour privilégier les petites communautés.
Conrad se remettant de ses « émotions », questionne son ami sur son ressenti.
- Ça va Eldarian ?? Tu es raide comme un piquet et tu me serres les hanches comme si ta vie en dépendait !!
Eldarian sourit à ces paroles qui lui amènent un tacle amical en réponse.
- On a chacun les raideurs qu’on peut, pas vrai ?? Sinon pour répondre à ta question, je n’aime pas être dévisagé comme un monstre de foire voilà tout !!
Conrad préfère passer outre au début de la réponse, notant quand même qu’elle a été donnée sur un ton enjoué qui lui fait chaud au cœur et se contente de donner son avis sur la suite de sa phrase.
- Peut-être aussi qu’habillé comme tout le monde ça le ferait mieux !! Je ne te connaîtrais pas, je penserais aussitôt à un mercenaire ou au pire un brigand de grand chemin en te voyant comme ça !! Les gens qui cachent leur visage n’ont généralement pas de bonnes intentions !! Et ce même si je pense en avoir saisi la raison principale !!
- Quelle joie de voir que celui que je considère déjà comme un ami incontournable ait un esprit aussi affûté ! Hi ! Hi !
Conrad se retournerait presque pour l’embrasser tellement ses paroles lui font plaisir, se retenant pour lui dire que c’est aussi son ressenti car ce n’est ni l’heure ni le moment pour ce genre d’épanchement.
- Nous arrivons !! Tu n’auras bientôt plus à t’occuper de tous ces regards sur toi !! « Tan » a depuis longtemps trouvé le truc pour se balader en ville sans être reconnu, il le partagera sûrement avec toi, tu verras !!
***/***
Une fois passée la deuxième enceinte fortifiée, tout va plus vite et ils se retrouvent enfin derrière une magnifique porte en bois précieux que Gaétan hésite visiblement à ouvrir.
- Bon !! Eh bien quand il faut y aller !! « Con », tu devrais peut-être nous laisser entrer seuls avec Eldarian !! Je ne sais pas dans quelle humeur sera mon père !!
- Comme tu veux, je vous rejoindrai plus tard dans ta chambre.
Eldarian regarde Conrad leur tourner le dos et s’éloigner rapidement, il retient Gaétan par l’épaule en lui posant la question qui lui vient à l’esprit.
- Il y a un problème entre ton père et Conrad ??
- Pas vraiment, sauf peut-être que pour père il n’est qu’un domestique du château parmi tant d’autres !!
- Ahh !! Je comprends, je ne savais pas !! Je ne voyais en lui que ton ami, sans imaginer qu’il pouvait être de condition plus modeste !!
- Mais c’est mon ami !! Seulement nous avons appris à respecter une certaine étiquette en présence de père, pour lui chacun doit rester à sa place pour que le monde tourne rond !!
- Quelques années de méditations au temple lui aurait fait revoir ces valeurs !!
- J’imagine que oui !! Mais hélas cela n’a pas été le cas, entrons lui présenter nos hommages et j’espère passer à côté de sa colère du fait de ta présence, enfin !! Nous verrons bien !!
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