Chapitre 77 : Douzième jour des fêtes de la « double lune » (L’éveil du maître)
Chapitre 77 : Douzième jour des fêtes de la « double lune » (L’éveil du maître)
« Dans la caverne. »
Gliresh le père de Kazbo traverse sans encombre l’écran de protection qui protège l’entrée de la vaste pièce, celle-ci s’éclairant à son entrée suffisamment pour qu’il puisse se diriger vers la couche sur laquelle un corps semble endormi.
Le Gnome s’approche avec respect jusqu’à ne se tenir plus qu’à quelques centimètres de son maître, annulant d’un geste précis le sort qui le maintenait dans cet état de léthargie depuis ces dernières quinze « doubles lunes ».
- Maître !! M’entendez-vous ??…Maître !!
Le corps devant lui a un léger frémissement, semblant replongé ensuite dans ces limbes.
- Maître !!
Le visage de l’homme endormi se tourne lentement vers lui, les paupières s’ouvrent pour laisser apparaître deux yeux d’un jaune éclatant qui le fixent avec insistance.
- Pourquoi donc troubles-tu mon repos ??
- L’appel maître !! Mon fils a reçu l’appel !!
Voldarian reste un instant songeur, réfléchissant aux implications des dernières paroles de son serviteur.
- En es-tu certain ??
- Oui maître !! Le temps pour lui est maintenant compté pour qu’il rejoigne son nouveau maître !!
- Pourquoi n’utilisez-vous pas la « porte » pour l’envoyer de l’autre côté de la barrière montagneuse ??
- Nous n’avons plus le pouvoir d’activer la « porte » maître, la veine de magie sous notre village s’est à son tour tarie !!
- Je comprends !! Où est ton fils ??
- Devant l’entrée de la caverne, maître !! Kazbo attend que je revienne avec vous !!
- Kazbo ?? Combien de temps s’est-il passé depuis que je suis entré en sommeil ??
- Quinze « doubles lunes », maître !! Mon dernier fils est venu au monde juste après votre départ pour rejoindre votre lieu de repos.
Voldarian se redresse en grimaçant, sa longue position allongée ayant raidi son corps qui proteste à sa façon en lui faisant également ressentir le poids des trop nombreuses « doubles lunes » depuis sa naissance.
Il fait signe à son serviteur de le laisser seul.
- Va !! Attends-moi près de ton fils !! J’ai besoin d’un peu de temps pour réfléchir !!
- Bien, maître !!
Gliresh a à peine disparu de sa vue, qu’il remet en place le charme d’isolement et se concentre sur ce qu’il vient d’apprendre, tout en mettant doucement son corps en mouvement pour le réhabituer à l’exercice physique.
Le dernier appel a eu lieu il y a plus de cent « doubles lunes » et il croyait bien alors que ce serait le dernier, il semblerait pourtant qu’il se soit trompé et qu’il y ait encore quelques gènes de magie qui subsistent, suffisamment forts pour avoir rendu cela possible.
Pourtant toutes les lignées de pouvoir ont disparu, le peu des siens ayant survécu aux guerres qui ont suivi la grande fracture se sont vus ensuite inexorablement traqués un à un tout au long du dernier millénaire par les émissaires de l’église du dieu unique.
Seuls ses parents ont réussi à en réchapper, utilisant les « portes » pour venir se réfugier dans les terres inconnues et sa mère quelque temps plus tard, mourut en couche en lui donnant naissance, le laissant seul et dernier de son espèce.
Voldarian essuie d’un mouvement rapide la larme qui s’écoulait sur son visage comme à chaque fois qu’il pense à ses parents, recherchant ensuite quelles autres possibilités auraient pu générer l’appel.
Un magicien supérieur assez puissant sans doute comme il en reste encore quelques-uns sur Goth, mais ceux-ci déclinant rapidement du fait des brassages et de la chasse acharnés de l’inquisition sur ceux qui possèdent la marque, affaiblissant inexorablement l’espoir de perpétuer une lignée pure.
Maintenant il n’est pas impossible que l’un d’entre eux ait survécu grâce à la protection de quelques personnes charitables, seulement il ne pourrait s’agir une fois encore que d’un adepte de la magie supérieure et l’appel n’aurait pas dû se faire sur un si jeune serviteur, son maître n’aurait pas une vie assez longue pour ça.
Voldarian en est là dans ses supputations, à tourner et retourner toutes les possibilités quand une pensée lui vient alors à l’esprit, lui amenant cette fois un véritable trouble.
- Quinze « doubles lunes » !! Par les rois dragons, serait-ce possible que….
C’est en oubliant les douleurs que lui renvoie son corps meurtri par sa longue inaction, qu’il se précipite vers la sortie de sa caverne rejoindre son serviteur et son fils.
Kazbo voit apparaître celui dont il a tant entendu parler, la barbe lui arrivant à la taille de la même couleur que sa longue chevelure d’un roux ardent qui lui descend jusqu’aux fesses et lui donnant une apparence suffisamment impressionnante pour qu’il fasse un pas en arrière de frayeur, presque à détaler comme un lapin.
Voldarian ne manque pas de s’en apercevoir, tout d’abord surpris de sa réaction mais comprenant très vite que son apparence en est essentiellement la cause.
Sa pilosité commence alors à se résorber jusqu’à lui rendre physionomie humaine, souriant gentiment au jeune Gnome pour le rassurer.
- C’est mieux comme ça, je pense !! Bien !! Nous partons donc céans pour les domaines !!
- Nous, maître ?
- Exactement !! Nous allons accompagner ton fils pendant quelque temps, j’ai moi-même une ou deux choses à vérifier et qui me tiennent à cœur d’en avoir la réponse rapidement !!
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