Chapitre 114 : Le temps des semailles, deuxième semaine cinquième jour (Un secret bien gardé) (2/4)
Chapitre 114 : Le temps des semailles, deuxième semaine cinquième jour (Un secret bien gardé) (2/4)
Le rire gras de l’homme déplaît fortement au sergent, celui-ci observe depuis un moment le jeune damoiseau ligoté qu’ils vont donner en pâture à l’archiprêtre.
Comme ces prédécesseurs avant lui, le haut prélat semble aveuglé par la haine de la magie et ne se rend pas compte des dégâts créés au fil des « doubles lunes » par tous ces meurtres d’enfants en portant la marque et cela au sein même des plus hauts dignitaires de son ordre.
Bien sûr il y eut des périodes moins sanglantes quoique très rares, quand le pouvoir suprême était entre les mains d’un archiprêtre plus juste et humain qui pensait que supprimer complètement la magie sur Penn était une erreur fondamentale qui un jour retomberait sur tous ces habitants quels qu’ils soient.
Ces périodes de tolérance venant de l’église permirent à ce que perdure jusqu’à ce jour la protection des domaines, à présent les enfants portant la marque ont quasiment disparu et Don Artaud maintient son joug à leur égard en sacrifiant les derniers représentants.
Il va de soi dans l’esprit du sergent, que ce n’est pas ce jeune apprenti qui modifiera à lui seul l’hégémonie de l’église sur les domaines et que bien au contraire lui laisser terminer sa formation, permettrait de maintenir le statu quo avec les races hostiles.
Maintenant il n’est qu’un simple sergent, pense-t-il à juste titre et il y a suffisamment de prélats pour avoir cette réflexion qu’ils ont souvent développée en salle de garde, qu’il serait bon pour un temps tout du moins de lâcher du lest afin de permettre le maintien d’une barrière de protection efficace à laquelle les populations sont fortement attachées.
Le chef des mercenaires vitupère toujours en pure perte et finit par s’en rendre compte, suivant alors des yeux le regard du sergent, ses lèvres esquissent alors un sourire de prédateur en pensant avoir saisi le sens de ce regard.
- S’il te plaît tant que ça, profites en vite avant que ton maître ne lui fasse sa fête ! Ha ! Ha !
Le sergent lui lance alors un regard noir en dégainant son épée, ce qui fait reculer de quelques pas le mercenaire ne tenant pas à passer de vie à trépas pour une réflexion qui n’avait pour but que de se venger de cet homme inflexible qui refuse de leur payer leur dû.
- Quittez immédiatement cette salle si vous ne voulez pas terminer votre journée dans les cachots !! Sa seigneurie vous fera appeler au moment où elle le jugera opportun !!
Sur un geste de la main de leur chef, les mercenaires quittent la salle de garde, en comprenant bien qu’il est inutile d’insister sous peine de se mettre en danger.
***/***
Le sergent reprend un visage plus serein quand ils ont enfin quitté les lieux, il s’approche alors d’Eldarian pour l’aider à se relever en lui déliant pour cela les jambes.
Il l’emmène ensuite dans une autre pièce pour le faire asseoir devant une table qui servira pour son interrogatoire quand sa seigneurie arrivera, lui laissant en attendant une cruche d’eau et une demi-boule de pain afin qu’il reprenne quelques forces.
- Je suis désolé de ne pas pouvoir en faire plus mon garçon !!
- Que va-t-il m’arriver monsieur ?? Ces hommes m’ont enlevé alors que je ne faisais rien de mal !!
Le sergent sent son cœur se nouer, il préfère ne pas répondre et retourner dans l’autre salle, refermant la porte derrière lui en maudissant ceux qui sont assez cruels pour ôter la vie d’innocents sans défense comme ce garçon.
***/***
« Un quart d’heure plus tard. »
Don Artaud accompagné de ses deux bourreaux attitrés, entre à son tour dans le poste de garde.
- Où est-il ?
- Dans la salle d’interrogatoire monseigneur !!
- Très bien !! Laissez-nous !!
Le sergent s’empresse d’obéir la peur au ventre comme à chaque fois qu’il se retrouve en présence du haut prélat, conscient qu’il ne doit marquer aucun sentiment d’humanité envers le garçon sous peine d’avoir à en subir les conséquences.
L’archiprêtre tend la main vers l’un de ses deux acolytes, celui-ci ouvre le petit coffre qu’il a emmené avec lui et contenant l’anneau de contre-pouvoir ainsi qu’un gant de cuir muni de fortes lanières.
Don Artaud s’en empare avec un rictus de cruauté qui ferait très certainement froid dans le dos du sergent s’il était encore présent.
- Bien !! Allons-y !! Finissons-en une bonne fois avec cet apprenti sorcier !!
Il entre alors dans l’autre pièce, suivi de près par ses maîtres tortionnaires qui se régalent à l’avance des hurlements de douleur ainsi que des suppliques sortant de la bouche du garçon avant que n’arrive après de longues heures d’agonie, la seule délivrance possible…la mort !!!
Parfaitement rodés à ce genre d’exercice, ils se précipitent tous deux sur Eldarian les poignets toujours entravés des fortes cordes qui depuis sa capture lui laissent de profondes marques dans ses chairs et l’un d’eux lui prend une main en lui en écartant brutalement les doigts.
L’archiprêtre lui enfile alors l’anneau sur le majeur pour ensuite lui mettre le gant qui une fois bien lacé, l’empêchera de s’en débarrasser.
Une fois chose faite, il se recule de quelques pas, attendant de voir les premières contorsions de douleur qui vont cette fois encore lui amener un spectacle dont il est particulièrement friand.
Plusieurs minutes se passent sans que le visage ni le corps du prisonnier ne marquent une quelconque réaction, amenant la frustration puis le doute dans l’esprit du prélat.
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