Chapitre 159 : Cinquième semaine deuxième jour (Liberté retrouvée) (1/3)

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Chapitre 159 : Cinquième semaine deuxième jour (Liberté retrouvée) (1/3)

« Un peu plus tôt ce même jour, cul de basse-fosse de la citadelle. »

La visite de son « antre » fut vite faite et laissa encore plus de trouble venant des trois « sauveteurs », surtout pour Voldarian qui observe méduser le petit « paradis » qu’est devenue la cellule de son fils.

- Où as-tu appris tous ces sorts ??
- Dans les vieux bouquins de Maistre Ebbon !! Ça en jette, pas vrai ??

Un grand cri de joie près d’eux les fait sursauter et se retourner vers Durin, qui vient d’apercevoir un énorme jambon à peine entamé près de la petite fontaine à eau, se jetant dessus comme la pauvreté sur le monde.

- Ouah !! J’en rêvais depuis notre départ du domaine !!

Loup et son père éclatent de rire devant la gourmandise manifeste de leur ami, Kazbo quant à lui ne quitte plus son maître du regard depuis qu’il a compris ce qu’il était devenu.

- Tu dois te sentir épuiser d’avoir utilisé autant de magie pour rendre ce lieu habitable ??
- Heu !! Non, pas vraiment !! Au contraire je dirais.
- Pourtant cet endroit est vide du pouvoir de récupération qui nous est nécessaire pour lancer nos sortilèges ??
- C’est un peu normal vu que Wulfoald s’en est servi pour survivre toutes ces « doubles lunes », quoique je n’aie toujours pas vraiment compris la raison à cela !! La souffrance qu’il ressentait ne méritait pas un tel acharnement à rester en vie et d’ailleurs j’ai bien vu que sa mort a été pour lui un réel soulagement, il a refusé mon aide quand j’ai voulu faire quelque chose pour qu’il aille mieux.
- Il voulait sans doute préserver le reste de son peuple.
- En faisant croire qu’il n’y avait plus de roi dragon ??
- C’est ce à quoi je pense en effet, juste qu’il n’imaginait sans doute pas l’acharnement de l’église à mener un véritable génocide depuis tout ce temps.
- Mais toi père, je te sens las ??

Voldarian allait répondre quand la voix de Durin se fait à nouveau entendre, renvoyant le jeune Gnome qui réclamait une tranche de jambon, alors que son ventre gargouillait d’envie en le regardant s’empiffrer sans vergogne.

- Pas touche gamin !! Cette pitance est mienne, prend donc un fruit si tu as faim !!

Devant la mine déconfite de Kazbo, Durin baisse les yeux sans se résoudre néanmoins à lui donner satisfaction.

- Hum !! Et ne fait pas cette tête-là, tu ne m’apitoieras pas ! Ha ! Ha ! Demande plutôt à ton maître qu’il remplisse le garde-manger, afin que nous puissions emporter des provisions à ramener au camp.

Loup reporte son attention sur son père qui d’ailleurs n’a toujours pas répondu à sa question.

- Comment se fait-il que Durin puisse voir Kazbo ??
- Pour la même raison que tu me trouves las, nous épuisons nos réserves de pouvoir et il va nous falloir rapidement quitter cette région, faute de quoi mon âge me rattrapera très vite avec les répercussions qui vont avec.

Loup repense à la charge de magie que lui a transférée Wulfoald avant de mourir, il prend la main de son père de la même façon que le vieux roi dragon a pris la sienne et son esprit pense alors le mot ancien qui en libérera une partie pour redonner la pleine puissance à Voldarian.

Le haut mage ressent alors l’afflux de pouvoir prendre possession de son corps, un étrange arc bleuté s’échappant de la paume de son fils pour pénétrer dans la sienne.

Le tout ne dure qu’une fraction de seconde, mais est suffisant pour qu’il sente en lui ce regain de force redevenir tel qu’il était à son réveil quelques semaines plus tôt.

Quelque chose en lui cherche à lui faire plier les genoux, un besoin sans doute venant de l’inconscient de sa race pour marquer le respect envers son roi.

Voldarian tremble dans l’effort pour contrecarrer cette pulsion, sachant pertinemment que ce n’est encore pas le moment de montrer à Loup une telle marque de servitude et que son fils avec l’éducation que lui a donné sa famille d’accueil, n’est pas prêt à accepter qu’il puisse être au-dessus des autres et encore moins de son père, sans aller inévitablement vers le déni de ce qu’il est.

Kazbo quand ce fut son tour, n’eut pas la présence d’esprit ou encore la force de résister et se prosterna devant son maître une fois ses forces magiques retrouvées, ce qui lui valut une réprimande de celui qui le considère comme un ami et non un serviteur, comme s’était présenté à lui le jeune Gnome.

- À quoi tu joues là ?? Je croyais que nous avions été clairs sur le sujet !!
- Je m’excuse maître !!
- « Kazzzz » !!!! Tu le fais exprès ou quoi ??
- Ne le brime pas mon fils, il n’est pas responsable de ses réflexes !! Les Gnomes sont nos serviteurs depuis la nuit des temps, c’est inscrit dans leurs gènes et tu auras beau dire ou faire tout ce que tu veux, il y aura toujours cette marque de servitude inscrite au plus profond de lui qui ressortira de temps à autre, quand tu auras envers lui ce genre de réactions protectrices.
- Hum !! Comment quelqu’un a-t-il pu un jour asservir tout un peuple sous le pouvoir d’un autre ??
- Comme je te l’ai dit mon fils, cela date de si loin que le souvenir en a été perdu !! Et puis pour beaucoup ils n’ont pas été que des serviteurs, ce sont aussi des compagnons de vie, voire des amis le plus souvent.
- Peut-être bien, mais je déplore qu’ils n’en aient pas le choix et j’aimerais avoir la puissance nécessaire un jour, pour leur rendre la liberté de choisir ce qui est bien pour eux.

Durin vient à bout de son jambon tout en écoutant d’une oreille, comprenant qu’il est temps d’intervenir sur une discussion où deux opinions contraires risquent d’amener un conflit qu’il n’est ni le lieu, ni le moment d’avoir.

- Nous ferions bien de quitter cet endroit pour rejoindre nos autres compagnons et réfléchir de la suite à donner, je ne doute pas que notre petit Loup serait ravi de retrouver quelqu’un qui l’attend là-bas avec l’impatience de sa jeunesse ! Ha ! Ha !

Loup fait un gros clin d’œil à son ami en prenant les devants d’un bon pas, rendant subitement au lieu l’état dans lequel il l’avait trouvé le premier jour et donnant par là même à ses compagnons, un aperçu sinistre de ce à quoi l’Archiprêtre destinait à celui qu’il pensait être un maître guerrier du temple de Linn.

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