Chapitre 184 : Septième semaine premier jour (L’île de Dragonne) (Loup) (2/2)

Lorgan voit bien l’air soudainement gêné de son chéri, il commence à suffisamment le cerner pour comprendre qu’il n'en a encore une fois fait qu’à sa tête.

- Qu’est-ce que tu as fait encore ??
- Juste que je ne voulais pas que quelqu’un nous surprenne en plein câlin, je voulais juste qu’on soit tranquille tous les deux... tu comprends ??
- Et donc ??
- J’ai comme qui dirait fait en sorte qu’on ne puisse plus utiliser cette porte, je l’ai en quelque sorte condamnée ! Hi ! Hi !
- Et ça te fait rire en plus, il va falloir que Durin revoie ses affirmations sur nous deux en rentrant !!
- Comment ça, quelles affirmations ??
- Que ce soit forcément moi le moins mature de nous deux.
- Tu es fâché après moi ??
- Bien sûr que non, allons !! Juste que tu te comportes souvent comme un gamin, avoue que pour un roi dragon ça laisse une drôle d’impression ! Hi ! Hi !

Loup ne peut que sourire en pensant qu’il n’a pas vraiment tort et qu’il va bien falloir qu’il grandisse un peu s’il veut arriver au terme de sa quête sans mettre personne en danger.

Plein de questions lui viennent alors et Loup comprend bien qu’à lui seul il mettra bien trop de temps pour y trouver les réponses, aussi c’est en jetant un œil sur la colonne de pierre à une petite centaine de mètres d’eux qu’il envoie le sort de transfert.

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« Campement provisoire, à une journée de cheval du temple. »

Voldarian est resté une partie de la nuit à surveiller la colonne de pierre dans l’attente du retour des deux garçons, passant toutes ces heures dans ses pensées à faire le tri de ce qu’il a appris récemment.

Le moment d’émotion le plus fort pour lui a été sans aucun doute d’apprendre que son peuple, non seulement n’avait pas entièrement péri, mais qu’en plus ses membres avaient recréé une véritable société loin de toutes les haines de ces derniers millénaires.

Le haut mage commence juste à entrapercevoir l’énorme travail qu’il reste à faire pour redonner à son peuple le contrôle d’un pouvoir qu’un trop grand nombre de générations n’a plus utilisé, voire il le craint de n’avoir jamais eu connaissance qu’il puisse exister.

Voldarian reste tout de même sur une question, qui lui semble primordiale pour une compréhension complète de ce qui a motivé le temple à utiliser un tel subterfuge de dissimuler envers tous ces gens, leur laissant croire qu’ils ne sont comme eux que des humains.

Pourquoi une telle opiniâtreté à les laisser dans l’ignorance de ce qu’ils sont, pourquoi les éduquer sans leur faire prendre conscience des dangers qu’il y a en dehors de là où ils vivent et enfin quelle est la véritable fonction de cette institution qu’est le temple, datant des premiers rois dragons, Voldarian ne voulant plus croire à cette histoire de régulation contre les méfaits d’un pouvoir utilisé par quelques-uns pour asservir le plus grand nombre.

On comprend bien alors que pour le haut mage le temps passe sans qu’il s’en rende vraiment compte, comme on comprendra également le sursaut qui fut le sien quand il sentit une main se poser sur son épaule et qu’il vit derrière lui son fils avec le jeune prince Elfe, tous deux arborant un sourire jusqu’aux oreilles de l’avoir ainsi surpris.

Pourtant une chose est certaine pour Voldarian qui n’a pas quitté la colonne de pierre des yeux, c’est qu’il n’aurait pu manquer de les voir apparaître et du coup il se demande où ils étaient réellement passés durant tout ce temps.

Le regard qu’il jette aux deux garçon,s les fait changer rapidement du sourire satisfait de leur farce, à la mine dépitée de gamins pris en faute.

- Où étiez-vous donc passés ??
- Nous voulions un peu d’intimité !!
- Ça ne répond pas à ma question ??
- Nous revenons à l’instant de l’île puisque tu veux tout savoir !!
- Impossible !!
- Comment ça impossible ?? Traite-nous de menteurs tant que tu y es ??
- Je surveillais la porte et la suivante est à des jours de cheval, je vous aurais vus arriver !!

Voldarian voit bien le fort sentiment d’incompréhension dans le regard des deux tourtereaux qui ne peut mentir sur la véracité de leurs paroles, un regard vers la « porte » suivi d’un long frisson d’angoisse qu’ils n’aient pas fait ce à quoi il pense soudainement.

- Où étais-tu quand tu as lancé le sort ??

Loup regarde son père, visiblement surpris par sa question qui lui met un doute soudain sur sa santé mentale.

- Comme je te l’ai dit, nous étions sur l’île !! Tu es sûr que tout va bien ??
- Comment ça si je vais bien ?? Ce n’était pas ma question, bien sûr que vous étiez sur l’île !! Je voulais juste savoir à quelle distance tu étais de la colonne quand tu as jeté le sort !!

Loup regarde derrière lui puis reporte son attention sur la colonne avant de répondre à son père.

- Je dirais deux fois là où nous sommes, pourquoi ??

Voldarian est blême quand il se retourne pour juger à peu près de l’endroit où ils sont réapparus, il visualise rapidement un cercle de cette distance en se servant de la « porte »comme axe et devient encore plus pâle quand son regard se fixe sur plusieurs blocs de pierre très certainement déposés là depuis des lustres par quelques paysans voulant en débarrasser leur champ.

- Quand vas-tu enfin comprendre qu’il est dangereux de se servir de la magie sans en avoir été éduqué avant !! Pourquoi crois-tu que les « portes » soient toutes dans un espace dégagé sur une quinzaine de mètres ??
- Qu’est-ce que j’en sais moi ?? Pour ne pas réapparaître au sommet d’un arbre ??
- Ce serait encore un moindre mal !!
- Comment ça ??
- Vous auriez eu une chance d’en sortir vivants, alors qu’à l’intérieur vous n’en auriez eu aucune !!