La cigarette se consumait au rythme du whisky. Le soleil allait bientôt disparaître derrière l'horizon. Les deux hommes attendaient depuis déjà une heure.
- Ils sont en retard.
- Sans déconner ! T'en as d'autres des remarques intelligentes comme ça ? Tu ferais mieux de reboucher ta bouteille de Whisky !
- Je te l'ai déjà dit, ce truc ... Ça me fait ... Rien du tout ! Et puis franchement, tu veux me donner des leçons alors que tu t'es enfilé au moins deux paquets de clopes depuis qu'on est là !
- C'est pas pareil. Ça me détend. Moi au moins j'ai les idées claires.
- Mais moi aussi !! Regarde, je te parie que je peux dégommer l'oiseau perché sur l'arbre là-bas.
- Arrête tes conneries, ils sont là. Et range ton flingue putain !
    Deux hommes approchaient d'un pas rapide dans leur direction. L'un d'eux tenait une mallette. Le fumeur et l'alcoolique attendirent patiemment qu'ils approchent jusqu'à ce que les deux binômes soient face à face. Ils restèrent quelques secondes silencieux puis un des nouveaux venus pris la parole.
- Vous avez la marchandise ?
- On a tout, exactement comme prévu et apparemment vous aussi. Vous avez dû marcher longtemps pour arriver ici. Une petite cigarette ?
- Non. On va pas rester plus longtemps.
    Au moment où la malette toucha le sol, les deux hommes avaient déjà dégainés leur revolvers. Ils vidèrent tous les deux leurs barillets sur ceux qui les avaient patiemment attendus. Quand les armes se turent, l'homme à la bouteille se tenait toujours debout alors que son collègue était déjà à terre. Il sentait son corps faiblir de plus en plus et il savait qu'il était question de secondes avant qu'il ne s'affale lui aussi au sol, mais il le savait, il avait encore le temps. Au tir, il était le meilleur. Il utilisa toute l'énergie qui lui restait pour dégainer et tirer seulement deux fois. Malgré sa vue et son équilibre troublés par la boisson ainsi que la douleur que lui infligeaient les balles qui s'étaient logées en lui, il toucha les deux cibles en pleine tête. Il voulut porter une dernière fois sa bouteille à ses lèvres, mais en vain. Quand il heurta le sol, la vie avait déjà quitté son corps. Le contenu de la bouteille se déversait maintenant par terre au goutte-à-goutte alors que la dernière cigarette à avoir été allumée était restée coincée entre les lèvres de son propriétaire et était toujours allumée. La cigarette se consumait au rythme du whisky.