Lancée dès le départ pour faire une ou deux courses

La démarche assurée, mon caddie bien en main

Je me suis engouffrée sans regarder ma bourse

Sans vraiment m’inquiéter, le ciel en est témoin

Aux portes du grand temple de la consommation

Un flot m’a emportée dans le courant humain

Poussée dans les rayons un peu par compulsion

Entre les couches culottes et le saint-marcellin

Feu dans les starting-block’

Comm’ dans la course à l’échalotte

Tout schuss dans les rayons

Suivre la piste aux cornichons

Ah ! La belle occasion

Tous les fruits ressemblaient à des coeurs atrophiés

À peine décongelés, teintés par injections

Ah ça c’était hyper pour un hypermarché

De nous les refourguer par commisération

Les boîtes conservaient tant de produits chimiques

Tant de « E » en séries qu’ j’en perdais mon latin

Tous les pots de yaourt aux acides lactiques

Fermentaient maintes bulles dans les moindres recoins

À la ligne d’arrivée

Pieds en compot’, nerfs en purée

Tout au bout du rayon

On m’a pressée comme un citron

Ah ! La belle occasion

J’avais comm’ l’impression en passant à la caisse

De bien me faire rouler dans mon sac de farine

Puis au bout du rouleau, en bonne pâte épaisse

J’ai finalement payé une sacrée tartine