Laura faisait maintenant plus attention ; le message dans sa boîte aux lettres lui avait servi de leçon. Dès son retour dans l'appartement, elle prenait soin de fermer ses rideaux. Tant pis pour la lumière du jour qu'elle aimait tant. Elle avait même demandé au propriétaire de mettre des auto-collants brise vue dans toutes les pièces. Il avait rechigné à la dépense mais avait finalement accepté. Ils seraient posés dans une quinzaine de jours, quand il en aurait le temps !

La jeune femme ne s'était pas laissée abattre pour autant et avait continué à planifier sa pendaison de crémaillère. Seuls ses amis proches seraient présents, une dizaine de personnes tout au plus. L'appartement n'était quand même pas si grand. Ses voisins étaient prévenus, la petite bande ferait sûrement un peu de bruit samedi prochain. Sa meilleure amie était arrivée en avance pour lui donner un coup de main pour les préparatifs : guacamole, chips, petits-fours fait maison, toasts froids... Elles avaient mis les petits plats dans les grands !

19 heures. Les invités commençaient à arriver, apportant des bouteilles d'alcool que Laura mettra sûrement des années à vider. Elle accueillait ses amis à la porte, les débarrassait de leur veste, passait avec les petits fours, proposait des boissons. En tant que parfaite hôtesse, elle était trop accaparée et n'avait pas vraiment le temps de discuter avec eux ! Deux heures plus tard, la fête battait son plein. Nicolas s'était improvisé DJ. L'alcool aidant, il se laissait un peu emporter, malgré les supplications de Laura pour baisser le son. Ayant finalement abandonné son rôle de maîtresse de maison, elle profita pleinement de la soirée pour danser, s'empiffrer de chips et discuter avec ses amis. Inconsciente, elle s'amusait comme une petite folle.

Vers 23h, des coups à la porte mirent fin à la petite fête. Le voisin du dessous menaça d'appeler la police s'ils continuaient à faire autant de boucan. Ne tenant pas à se fâcher si rapidement avec ses voisins, Laura décida de couper la musique. Petit à petit, l'ambiance changea. Les conversations se firent plus calme et les invités, fatigués, s'éclipsèrent les uns après les autres. Seuls Magali, Damien (le petit ami de Magali depuis environ deux heures...) et un inconnu, Sébastien, étaient restés pour l'aider à ranger. Pour être plus précis : Sébastien aidait alors que le couple s'embrassait dans le couloir, en ricanant comme des adolescents !

Elle n'avait pas encore eu le temps de discuter avec ce jeune homme, invité par Damien sans sa permission. Mais elle lui pardonnait car il était gentil, serviable et assez mignon ! Il lui plaisait bien. Malgré l'heure tardive, il n'avait pas l'air de vouloir quitter son appartement. Elle n'en avait pas envie non plus. Après le départ du couple, elle avait fait plus ample connaissance avec Sébastien. Ils avaient discuté (et un peu plus) pendant presque trois heures. Au petit matin, ils s'étaient endormis, sans avoir la force d'aller se coucher dans un lit digne de ce nom.

Le lendemain, Laura avait rendez-vous chez ses parents pour participer au repas dominical. Ils se réveillèrent un peu à la bourre et quittèrent l'appartement en quatrième vitesse. Ils devaient se retrouver mercredi pour déjeuner ensemble. Le soir, à son retour, elle pensa tout de même à relever sa boîte aux lettres. Son coeur se serra lorsqu'elle vit le petit papier blanc bien plié. Elle se précipita dans l'ascenseur pour rentrer chez elle et appeller la police. Elle n'avait plus de batterie sur son gsm, elle avait écouté trop de musique dans le train. Dans sa précipitation, elle avait laissé tomber le papier qui gisait toujours au sol.

"Je t'avais prévenue."