12 septembre 2018

On nous a encore rajouté un projet au labo. En plus de celui sur les greffes de rein, on doit maintenant étudier les foies avec Louise ! Ça fait deux fois plus d’analyses à réaliser et deux fois plus de réunions à se coltiner.

2 octobre 2018

Je suis rincée le soir. Quand je rentre, je n’ai plus la force de rien faire. Et pourtant, je dois ressortir dans cinq minutes pour aller à la réunion de l’Amicale laïque. Et à 20h, j’ai mon cours de qi gong… Est-ce que ça a vraiment du sens d’y aller alors que je n’ai qu’une envie : rester sous ma couette et me reposer ? Mais je n’ai pas pour habitude d’abandonner. Et puis, je me sens toujours mieux après.

21 octobre 2018

On est dimanche, il est 23h : je devrais me sentir reposée et râler parce qu’il faut reprendre le boulot demain. À la place, je suis avachie sur le canapé, épuisée, incapable de dresser la liste de tout ce que j’ai fait aujourd’hui : préparer le petit-déj pour les enfants, faire un jogging pour rester en forme, avancer sur l’étude des données récoltées au labo dans la semaine, aider Margot pour son exposé en SVT, préparer le déjeuner, convaincre Étienne de m’aider à faire la vaisselle, essayer de distraire Nino avec des jeux de société pour l’éloigner de sa console, faire le grand ménage hebdomadaire...

23 novembre 2018

Louise a été mise à la porte. Elle avait un CDD mais on pensait toutes et tous qu’elle allait rester : elle se démène pour le boulot et l’équipe est déjà débordée à cinq. Enfin, maintenant il faudra faire à quatre.

28 novembre 2018

Ça n’est pas faisable à quatre. J’ai l’impression de tout faire à moitié. Au boulot comme à la maison. Parfois, j’aimerais ne rien faire. Mais pas le temps pour ça. Je peux peut-être le créer ce temps, provoquer l’allègement de mon emploi du temps. J’ai commencé un projet parallèle, officieux. Un projet que je n’ai pas montré à mes collègues mais qui pourrait me libérer de toutes ces responsabilités.

15 février 2019

Pour les vacances, on va chez mon frère, à Wuhan. Ça fait deux ans que je ne l’ai pas vu, depuis qu’il est parti travailler pour une entreprise locale. Ce sera aussi l’occasion de visiter la Chine, au moins en partie, et pourquoi pas de mettre en application mon projet sans qu’on puisse remonter jusqu’à moi.

1er septembre 2019

Toujours aucune nouvelle du virus que j’ai lâché en Chine. Je pensais que ce serait plus rapide. Je pensais lancer une épidémie, une pandémie et arrêter un temps le cours de la vie.

4 décembre 2020

Mon frère a entendu parler d’un voisin, atteint d’une maladie mystérieuse. Enfin !

7 février 2020

Les journaux télé commencent à en parler. Le virus est arrivé en France. Bientôt il paralysera le pays, j’y crois ! Il faut y croire : je n’en peux plus, j’ai besoin d’une pause, d’un barrage au flot de mes activités et de mes pensées.

16 mars 2020

Confinement ! J’y suis arrivée : demain, nous n’aurons plus le droit de sortir. Plus de travail, d’école et de réunions à répétition ! Je n’aurai plus à aller rendre visite à ma famille, à sortir pour montrer que je suis une fille cool et sociable, à entretenir une tonne de loisirs pour me sentir géniale.

1er avril 2020

Je viens de finir la réunion quotidienne avec mon équipe. Je n’ai pas compris comment allait exactement s’organiser ma journée de télétravail parce que je faisais la classe à la maison à Nino en même temps. Il va falloir que je lance une lessive avant de m’y remettre ; Étienne n’a pas le temps, il télétravaille. J’espère que j’aurai fini ma journée de boulot à 20h : j’ai mon cours de qi gong en visio.