Chapitre 6
Le Dr Langstone a autorisé Océane à sortir pour la fête foraine à condition qu’elle reste dans son fauteuil et qu’elle ne fasse pas de manèges à sensation forte. Dans ma chambre, Emma s’occupait de ma coiffure pendant qu’une autre domestique s’occupait d’Océane. J’avais enfilé une légère robe beige à bretelle et courte au niveau du genou.
— Pas trop stresser ?
— Si, un peu.
— Je suis sûr que ça va bien se passer. Ne t’en fais pas pour ça, d’accord ?
— Très bien. C’est juste une petite sortie.
En souriant, elle termina ma coiffure avec un peu de laques et déposa ma couronne sur ma tête. Elle posa sa main sur mon épaule avant de sortir de la chambre. Je respirais un grand coup et retrouvais Océane dans la sienne. Elle était habillée d’un jean et d’un beau chemisier blanc. Ses magnifiques cheveux blonds bouclés et détachés tombaient dans le bas de son dos.
— Tu es magnifique, la commentais-je.
— Toi aussi tu l’es.
— Tu es prête ?
— Oui.
— Alors c’est parti.
Je m’installais derrière elle et commençais à pousser le fauteuil d’Océane. On monta dans la voiture toutes les deux pour rejoindre Glenharm. Sur la place centrale de la ville, il y avait beaucoup de monde et plus d’une dizaine de manèges diffèrent. De la musique et plusieurs stands de nourriture.
— Tu veux manger quelque chose ? lui proposais-je. Je t’invite.
— Dans ce cas, tu peux prendre des churros avec du chocolat. C’est une des gourmandes principales des fêtes foraines.
— Très bien, je te prends ça.
— Merci. Oh tiens, il y a Nathan, on se joint vers lui ?
— Vas-y oui. Mais je t’ai à l’œil, lui chuchotais-je.
Je vérifiais qu’elle rejoigne bien son frère avant de commander un cornet de churros pour qu’on puisse le partager.
— Et voilà, Majesté.
— Merci Mademoiselle. Passez une bonne journée.
— Bonne journée à vous aussi.
Je retournais auprès d’Océane, qui rigolait avec son frère. Je posais ma main sur son épaule et lui donnait le cornet de churros.
— Merci. Sers-toi.
— On mange ça comment ?
— Tu en prends un, tu le trempes dans le chocolat et hop, tu le manges, expliqua Nathan avec une démonstration.
— Bah vas-y, sers-toi, je ne te dirais rien, râla la sœur.
— Oh comme c’est gentil, je t’aime sœurette.
— P’tit con, rigola-t-elle. Tu en veux un ? m’interrogea-t-elle en me tendant le cornet.
— Aller, je me lance.
Je récupérais un churros et fait exactement comme Nathan et Océane. Elle avait raison, c’était trop bon. Océane tourna sa chaise pour se trouver en face de moi. Elle sourit et leva le bras pour effleurer ma lèvre du bout des doigts.
— Tu avais du chocolat.
— Oh, merci, rougissais-je.
— Un tour de manège, ça vous dit ? nous interrogea Nathan. C’est moi qui offre.
— Pas de sensation forte, Océ.
— Le train fantôme c’est bien. À part avoir peur, il ne va rien m’arriver.
— Bon très bien.
— Par ici mesdames.
Attrapant le fauteuil d’Océane, je le fis rouler jusqu’au manège, une sorte de voiture, où Nathan aida sa sœur à s’y asseoir. Je fis ensuite de même à côté d’elle. Le responsable du manège abaissa la barre de sécurité et je posais mes mains dessus. Sans faire exprès, je posais ma main gauche si proche de celle d’Océane que j’aurais juste à bouger d’un centimètre pour la toucher. Le manège commença à avancer et dans un réflexe, je posais enfin ma main sur la sienne.
— Panique pas, mon amour, me chuchota-t-elle. C’est plat et je suis là.
Dès qu’on fut dans le noir, elle se rapprocha de moi et m’entoura la taille d’un de ses bras. Elle posait son autre main sur ma cuisse, me faisant légèrement sursauter. Je sentis son souffle s’approcher de mon cou et un squelette apparut devant nous, me faisant crier et sursauter. Océane se mit à rire en posant son front contre mon épaule. Tout le long de l’attraction, je restais bloquer dans ses bras terrifiés alors qu’Océane n’arrivait plus à s’arrêter de rire. Quand l’attraction s’immobilisa enfin, à l’extérieur, je sortis immédiatement et laissais Nathan s’occuper de sa sœur, toujours morte de rire.
— Tu m’as tué, Elena. Tes réactions étaient incroyables.
— Arrête de te moquer.
— Trouillarde !
— Idiote !
— Suivant ! intervint Nathan. On fait quoi maintenant ?
— Rien du tout. J’ai eu ma dose.
— Sérieux ? Mais on vient seulement de commencer.
— Faites si vous voulez. Je vous regarde.
— Tu n’es pas drôle comme fille.
Je lui tirais la langue et elle explosait de rire, encore. Nathan attrapa le fauteuil et s’éloigna. Je les suivis en souriant. Le simple fait de voir Océane rire me rendait heureuse. Océane se retourna un instant en me fis un clin d’œil en me voyant sourire alors que je l’observais.
— Nat’ ! Je veux faire ça !
— Le grand huit ? Tu ne peux pas Océ.
— Elena ? m’interpella-t-elle, un sourire en coin.
— Faire ça ? Même pas en rêve.
— S’il te plaît, pour moi.
— Non, c’est mort.
— Tout le monde doit faire le grand huit au moins une fois dans sa vie, commenta Nathan.
— J’ai dit non, arrêté tous les deux.
— Qu’est-ce qu’il se passe ici ?
Je me retournais et aperçus Emma et sa mère. Je croisais les bras en espérant qu’Emma soit de mon côté cette fois-ci.
— Ces deux-là veulent me faire monter là-dedans.
— C’est le meilleur manège ça, commenta Emma.
— Pitié, pas toi aussi !
— Aurais-tu peur ?
— Non.
Océane explosa à nouveau de rire et je tournais la tête vers elle en fronçant les sourcils.
— Si toi, tu n’as pas peur, alors moi je suis l’Impératrice, rigola-t-elle.
Un jour, peut-être, pensais-je. Je fus moi-même surprise par ma pensée et ne trouvais rien à redire à Océane. Je voulais plus avec elle, c’était certains mais était-ce à ce point ? Si elle devenait impératrice, ça voudrait dire que nous serions mariées. Je l’aimais mais je n’étais pas prête à aller plus loin, à aller jusque-là.
— De toute façon, il est hors de question que je monte là-dedans, repris-je.
— Trouillarde, enchaîna Océane.
— Aller viens Elena, je monte avec toi, ajouta Emma.
— Non. Je n’ai pas envie.
Emma et Nathan se regardèrent quelques secondes avant de s’approcher de moi. Ils m’attrapèrent chacun par un bras pour me traîner en direction du manège.
— Lâchez-moi, bande d’idiots !
— On ne te laisse pas le choix, Elena, tu montes avec nous.
— Non, non, non. Je te déteste Emma.
— Je sais.
Arrêtant de me débattre j’aperçus un rassemblement de villageois et de soldats devant l’attraction.
— Le premier qui rigole aura affaire à moi ! lançais-je ne me redressant pour monter dans le manège.
Comme je m’y attendais, Océane se mit à rire et se tenait le ventre. Nathan monta en premier pour que je m’installe au milieu. Emma m’adressa un regard et je voyais qu’elle se retenait de rire. Avant de baisser le harnais de sécurité, je donnais un coup de coude à Emma. Au début, ça ne faisait pas peur mais je n’étais pas tranquille. Quand le plus dur arriva, entre vitesse et tête à l’envers, je ne pus m’empêcher de crier. Mais au moins, Emma faisait pareil. À la fin c’était un mélange de cris de peurs et de cri de joie. Finalement ce manège était incroyable. Je descendis immédiatement du manège pour rejoindre Océane qui rigolait toujours.
— Toi, tu ne perds rien pour attendre, lui lançais-je.
— On entendait que toi Elena, sérieux.
— Tais-toi. Tu as de la chance que tu ne puisses pas en faire.
— C’était comment ?
— Qui refait un tour avec moi ?
— Bah tu vois, ce n’était pas si terrible, commenta Emma en frappant dans la main de Nathan.
— Ne t’inquiète pas Emma, je vais me venger.
— C’est ce qu’on verra alors.
Je récupérais le dernier churros pour le manger avant de remonter dans le manège, suivie d’Emma et d’Éloïse, sa plus jeune sœur. Quand je rejoignis à nouveau Océane, elle me tira à elle et je dus m’asseoir sur ses genoux pour ne pas tomber.
— Qu’est-ce qu’il y a ?
Elle replaça une mèche de cheveux derrière mon oreille en me regardant dans les yeux. Je rougis et baissais le regard, sous les sifflements de son frère. Je la vis lui tirer la langue et lui faire un doigt d’honneur. Pas très polie, tout ça.
— Merci, Elena. J’ai passé un super après-midi.
— Mais de rien. Moi aussi j’ai passé une super après-midi.
— Notre prochain rendez-vous, c’est moi qui l’organise, ça te va ?
— Sauf si je le fais avant, souriais-je.
Ses doigts glissèrent sur ma joue jusqu’à ma lèvre. Mon regard glissa jusqu’aux siennes, parcouru d’un beau sourire.
— J’ai tellement envie de t’embrasser, chuchotais-je.
— Tu peux si tu veux mais on nous observe. Je ne voudrais pas que ça nuise à ta réputation.
— Beaucoup de monde nous observe ?
— Ceux qu’on connaît déjà et une dizaine de villageois. C’est toi qui décides.
Pendant plusieurs minutes, je luttais intérieurement pour prendre ma décision. J’en avais envie mais j’avais peur de la réaction des habitants. Que penseraient-ils d’une Impératrice qui aime une autre femme ? Quand je me rendis compte que la situation dans laquelle nous étions déjà, est moi assise sur ses genoux, pouvais porter à confusion, je sus ce que je voulais faire.
— Alors ? Je ne vais pas attendre le déluge.
— Tu sais quoi, on s’en fout des gens.
Je me penchais légèrement pour déposer mes lèvres sur les siennes. Ses mains glissèrent dans mon dos pendant que je me tenais au fauteuil et à son épaule. Plus ses mains montaient le long de ma colonne vertébrale, plus ses baisés devenaient insistants et fougueux. Tels que je les aimais. Je rompis notre baiser pour lui chuchoter à l’oreille à quel point je l’aimais. Avant qu’elle ne puisse me répondre, je me levais et l’abandonnais là.
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