Chapitre 23

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Ce matin, mon réveil fut un peu brutal. Emma entra dans ma chambre comme s’il y a avait le feu au château. Mais la raison était tout autre. Un prince d’une contrée lointaine, encore inconnue de nos cartes à ce jour allait arriver pour me rencontrer. J’avais une heure pour me préparer. Si je n’étais pas levée aussi tard ce ne serait jamais arrivé. Aussitôt levée, aussitôt sous la douche. Emma m’avait sorti la plus belle de mes robes, bleue, longue jusqu’aux chevilles se terminant par de la dentelle et un bustier de la même matière.


— Emma, soupirais-je, ce n’est pas un rencard…

— Que ce soit un rencard ou non, ce prince va rencontrer l’Impératrice pour la première fois. Tu dois faire bonne impression.

— Et si je n’y parviens pas ? Est-ce qu’il a au moins dit pourquoi il était là ?

— Non, mais tu n’auras cas lui demander toi-même.

— Tu en sais plus sur lui ? Vous avez réussi à avoir plus d’informations sur son territoire ?

— Malheureusement non, désolé. Je ne veux pas te porter la poisse, mais c’est comme s’il n’existait pas.

— Tu crois que je devrais toujours le rencontrer ?

— Je le pense oui. Juste au cas où. Et puis il sera plus à même de parler de son royaume ou Empire quel qu’il soit.

— Pas faux. Et mon père, il en dit quoi ?

— Que tu devrais le rencontrer et qu’il restera près de toi si tu as besoin. Je serais là aussi de toute façon. Et la garde a enclenché une surveillance rapprochée et de haute sécurité. Tu es prête ?


Je respirais un grand coup avant de lui répondre positivement. J’appréhendais cette rencontre et pourtant, je me devais d’y faire face. De réussir haut la main, comme l’Impératrice que je devais être. Pour me permettre de l’accueillir comme il faut, il attendait dans la cour l’autorisation pour entrer. Je m’assis sur mon trône, attendis que tous les gardes soient en place et surtout que j’arrête de paniquer pour le recevoir.


Les gardes prirent aussitôt une pause solennelle et les portes s’ouvrir pour laisser entrer ce fameux prince. Accompagné par ses propres soldats, un jeune homme d’environ vingt-trois ans entra. Plutôt grand, il avait de courts cheveux bruns et portait l’uniforme lié à sa position. Emma avait dû se tromper. Pour qu’il porte les symboles et la couronne princière, son territoire devait exister.


— Bonjour, Votre Majesté, je suis ravie de faire enfin votre connaissance, me salua-t-il d’une révérence.

— Moi de même, répondis-je peu sûr de moi. Le voyage jusqu’ici a dû être long.

— En effet, la traversée de la mer n’a pas été simple. J’ai eu presque un mois de voyage.


Un mois ? Était-ce pour ça que personne n’avait jamais entendu parler de ces contrées lointaines ? Mais c’était justement parce que personne ne savait rien de lui que je devais rester prudente. En tant qu’Impératrice, je devais essayer d’en apprendre le plus possible sur l’homme qu’il était, mais surtout sur d’où il venait. En tant que femme, c’était ses intentions que je voulais savoir. Ce pour quoi il venait ici m’intriguer le plus. Depuis Camille, ne pas connaître ceux avec qui je discutais ne me plaisait guère. Depuis Océane, je voulais tout savoir sur ceux qui m’entouraient. Je voulais savoir s’il était de mon côté où s’il allait chercher à me trahir. Ami ou ennemie.


— Souhaitez-vous vous reposez avant que nous discussion de…

— Non. Je suis là pour une demande unique. Un seul but, une seule question, me coupa-t-il.

— Oh eu.. D’accord.


Il se rapprocha de moi de plusieurs mètres avant d’être arrêté par mes soldats. Leur Famas pointé sur ce prince. Les armes de ses soldats sortirent aussitôt en direction de mes soldats. Ne voulant risquer d’incident diplomatique, je me levais pour les arrêter. Posant mes mains tremblantes sur les accoudoirs, je m’en aider pour me relever, pour cacher ma peur de cet homme. Si les soldats jugeaient qu’il fallait sortir les armes, je devais leur faire confiance. Et pourtant, en cet instant, je devais leur ordonner de les baisser alors que j’étais terrorisé.


— Ça suffit ! Baissez vos armes. Quant à vous, veuillez ne pas approcher plus.

— Auriez-vous peur de moi, Votre Majesté ?

— Et puis quoi encore ? tentais-je. Quelle est donc votre demande unique ?

— Ma demande est simple et je ne pourrais rentrer chez moi sans une réponse de votre part. Si possible, sans une réponse positive.

— Cessez de tourner autour du pot, commençais-je à impatienter.


J’en avais assez d’être là. Cet homme, son sourire ne me déplaisait. Je ne lui faisais aucunement confiance. Même malgré la cinquante de garde présent pour moi en cet instant, je ne parvenais à rester tranquille. Cet entre vues devait se terminer le plus rapidement possible. Ce prince, peu importe d’où il pouvait bien venir, ne devait surtout pas rester au château le temps de son séjour. J’avais une mauvaise impression sur lui.


— C’est simple. Je vous demande en mariage.


Complètement abasourdie, je me rassis sur mon siège. Comment cet homme dont je ne savais rien, que je ne connaissais que depuis quelques minutes pouvait me demander en mariage ?


— Sortez !


La mauvaise impression que j’avais eu été justifier. Je ne le connaissais pas et il été hors de question que je me marie par politique. S’il y avait une seule personne qui pouvait me faire cette demande et obtenir une réponse positive, même après ce qu’il s’était passé, c’était Océane. Océane et personne d’autre.


Face à cette demande spontanée, je sus qu’Océane avait toujours une grande place dans mon cœur. Elle occupait même la plus grande partie. Sans elle, ma vie ne serait pas celle qu’elle était aujourd’hui.


Cette demande en mariage, c’était trop. Emma n’était pas là, trop occupée à la préparation du banquet de ce soir et je n’avais personne à qui parler. Je n’avais plus le numéro d’Océane, ni même celui de Corine, et Stephania était beaucoup trop occupée avec les préparatifs de son mariage.


— Votre Majesté ? m’interrogea un garde après le départ du prince.

— Sortez ! Tout le monde !


J’étais seule au monde alors que j’avais besoin de m’exprimer. Même si Océane m’avait rejeté, je devais lui parler. Je devais la revoir.


— Attendez ! Préparez une voiture, je dois aller en ville.

— Tout de suite.


Il ne me restait plus qu’à espérer qu’elle accepte de me recevoir à l’improviste. Je ne voulais pas me marier, encore moins avec un inconnu et Océane étaient la seule capable de ne pas me faire perdre pied. Avec cette demande en mariage, j’étouffais au château. J’avais besoin de sortir, de me retrouver partout ailleurs et surtout loin de ce prince.


Dès mon arrivée à Glenharm, je frappais rapidement à la porte d’Océane, tentant de retenir mes larmes. Elle devait être chez elle. J’avais peur de ce qu’il pourrait bien se passer si elle n’était pas là, si elle ne parvenait pas à me calmer.


— Oui ? C’est pour… Elena ? s’étonna-t-elle en me voyant sur le seuil.

— Laisse-moi entrer, je t’en supplie. Je t’expliquerais tout.

— Et bien c’est que… vas-y entre.


Du coin de l’œil je vis qu’elle n’était pas seule, mais m’effondrais à larmes sur son canapé. Elle s’assit à côté de moi et me pris dans ses bras. Je posais ma tête contre son épaule, respirant son odeur que je n’avais pas oubliée.


— Excusez-moi les filles, mais… commença Océane à l’intention de ses invités.

— On comprend ne t’inquiète pas. On se voit demain de toute façon.

— C’est ça. Merci d’être passée en tout cas.

Une fois seule, elle attendit que mes sanglots ralentissent pour me questionner.

— Qu’est-ce qu’il se passe ?

— Un Prince dont je ne sais rien… m’a demandé en mariage. Je ne peux pas lui dire oui, Océ. Je ne peux pas lui dire qu’il n’y aura toujours que toi, mais je ne peux pas lui dire non.

— Qui c’est ? enchaîna-t-elle avec une pointe de jalousie.

— Je ne sais pas ! Je ne connais même pas son nom. Il vient d’au-delà de la mer et…

— Il n’y a rien au-delà de la mer, Elena. Ce type te ment.

— Pourquoi il mentirait ? Qui mentirait sur ça ?

— Mais tout le monde enfin ! Même moi. N’importe qui ayant un minimum de sentiments pour toi serait prêt à tout pour t’épouser ! Et je suis la mieux placée pour savoir qu’il n’y a que notre continent.

— Tu as fait des études d’histoire, Océ. Pas de Géographie.

— Si tu es venu là pour ignorer toutes mes remarques, ce n’était pas la peine.


Elle s’éloigna, me laissant seule sur le canapé. Elle était toujours en colère contre moi. Je n’aurais jamais dû venir.


— Océ, s’il te plaît, tentais-je.

— Dis-moi clairement ce que tu veux Elena. Parle-moi ou rentre chez toi.

— Mais je n’en sais rien ! Je suis complètement perdu. Je pensais qu’après avoir passé une semaine chez Emma j’arriverais enfin à savoir qui je suis, mais c’est encore pire depuis ce prince. Je suis perdu sans toi Océ.

— Je suis désolé, chérie. Mais si tu es perdu sans moi, c’est qu’on ne doit pas être ensemble.

— Mais…

— Je ne veux pas que tu sois dépendante de qui que ce soit et encore moins de moi.

— Mais je t’aime ! C’est toi que je veux épouser pas lui.

— Mais moi aussi je t’aime, Elena ! Tu ne vois pas tout le mal que je m’inflige à te garder loin de moi. Mais je fais ça pour toi. Tu ne sais pas vivre seule ! Tu es accro à moi et ce n’est pas bon. Je ne veux pas être ta drogue.

— Océ…

— Tu n’aurais pas dû revenir. Tu peux recommence à zéro tout ce que tu as fait. Apprends à t’aimer toi-même, à avoir confiance en tes capacités avant de revenir. Je t’attendrais Elena, mais tu ne peux pas rester autant dépendante de quelqu’un. Et c’est pareil pour Emma.

— Alors, aide-moi. Je dois faire quoi avec ce prince ?

— Ce type est un menteur et un escroc. Maintenant libre à toi de faire ce qui te semble juste pour l’Empire, mais surtout pour toi. Et même si tu dois te marier avec lui, même si ça me fait mal de l’envisager, je t’attendrais. Parce que je t’aime aussi Elena. Je t’aime tellement.

— Est-ce que je peux… t’embrasser ? Une dernière fois.

— Tu me promets de bien réfléchir avant de lui donner ta réponse ?

— C’est avec toi que je veux me marier pas avec lui. Mais en tant qu’Impératrice… je te promets d’y réfléchir longuement.


Elle essuya mes larmes du bout des doigts avant de déposer délicatement ses lèvres sur les miennes. Son contact m’avait tellement manqué. Elle avait raison, j’étais accro à elle et ce n’était pas bon. Ses mains glissèrent dans mon dos et je fis de même. Je voulais la sentir contre moi une dernière fois. Sentir ses lèvres douces contre les miennes. Ses cheveux glissés entre mes doigts et son parfum envoûtant.


— Il faut que tu rentres maintenant, coupa-t-elle, son front contre le mien.

— Je t’aimerais toujours Océ, soufflais-je. Même si je devais me marier avec lui.

— Je t’aime aussi mon amour. Je te demande juste de faire attention, de prendre soin de toi.

— Je te le promets.


Elle m’embrassa une dernière fois avant de sécher ses propres larmes et d’ouvrir la porte. Je ne savais pas quand j’allais la revoir, et ça me faisait déjà mal.


— Si tu as toujours mon numéro, tu pourrais m’envoyer un message ? lui demandais-je. Je n’ai plus le tien et j’aimerais pouvoir te joindre rapidement si besoin.

— Je l’ai toujours, je te fais ça rapidement.

— Merci.


Je lui souris une dernière fois, séchèrent mes larmes une bonne fois pour toute avant de sortir de chez Océane. Même si je ne voulais pas épouser ce prince, en tant qu’Impératrice, je devais envisager la possibilité de ce mariage. Même si ça ne me réjouissait gère, je devais tout faire pour prendre la bonne décision.

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