La demande de ce prince inconnu m’avait surprise au premier abord. Si je n’avais pas été perdu dans mes sentiments à cause d’Océane, j’aurais aussitôt refusé. Mais aujourd’hui, je savais qu’il était important pour l’Empire que l’Impératrice ait une vie stable. Pour l’Empire, je me devais de fonder une famille. Océane m’avait repoussé, un nouveau prince me demandait en mariage. C’était une occasion en or de prouver que je pouvais être l’Impératrice que tout le monde attendait que je sois. Évidemment, il n’était pas question que j’épouse n’importe qui et encore moins un prince venu d’une soi-disant contrée lointaine, au-delà même du Reinaume de Carandis et des océans de l’Empire d’Eryenne. Même si Emma n’était pas d’accord avec l’idée d’accepter ce mariage, elle voulait que j’apprenne à le connaître avant d’accepter. Ce que je comptais faire de toute façon.

Des domestiques l’installèrent dans une des chambres du château pendant que le chef de la Garde impériale effectuait les recherches sur ce prince. Les informations que j’avais demandées. Avant de commencer à discuter avec lui, je voulais en savoir plus. Si je devais rester seule avec lui pour apprendre à le connaître, je voulais être sûr qu’il ne soit pas dangereux. Juste avant d’aller le retrouver dans les jardins, j’hésitais quelques instants. Je ne pouvais le nier, j’avais encore des sentiments pour Océane malgré notre séparation et surtout après l’avoir revu la veille. Mon téléphone à la main, j’attendais un message. Un signe me prouvant que je faisais une énorme erreur, que c’était avec Océane que je devais me marier et non avec cet homme. Mais après plusieurs minutes de silence, je l’éteignis le posais sur mon bureau et sortie de ma chambre.

— Votre Majesté, me salua-t-il à ma sortie du château.

— Votre Altesse. Je suis prête à discuter avec vous.

— Vous m’en voyez ravi. Je ne me suis pas correctement présenté. Marc Lans, vingt-trois ans et Prince Héritier de Thiéra.

— Elena De Stinley, vingt ans et Impératrice d’Eryenne.

— Je tiens à m’excuser avant tout. Ma demande vous a quelque peu perturbé à ce que j’ai pu comprendre.

— En effet. Ce n’est pas tout le jour qu’on me demande en mariage.

— Est-ce qu’il y aurait un autre homme dans votre avis ? Ce qui expliquerait votre réaction.

— Pas d’autres hommes non.

Je ne pouvais pas lui parler d’Océane. S’il avait son existence et mes sentiments pour elle, il aurait aussitôt annulé sa demande en mariage.

— Puis-je avant tous savoir pourquoi moi ? le questionnais-je.

— Et bien, c’est avant tout pour des questions politiques. Pour rétablir les relations diplomatiques que votre Empire et mon royaume.

— Je vois, répondis-je suspicieuse. Vous pouvez me parler de votre Royaume ? Je n’en ai jamais attendu parler et je suis curieuse.

— C’est une superbe qualité pour une Impératrice d’être curieuse, tenta-t-il de me séduire. D’où je viens, il y a principalement d’immenses clairières, beaucoup de forêt. D’où le fait que nous ayons très peu de pollution, mais aussi peu de technologie.

— Un peu tout le contraire de nous donc.

— En effet. L’électromagnétisme, nous ne connaissons pas.

Je réfléchis quelques instants, essayant d’imaginer un monde sans technologie. Un monde sans téléphone ou ordinateur, je le connaissais que trop bien. Mais un monde sans Famas électromagnétique, sans verrou du même type, je n’y parvenais pas. Toutes les portes étaient-elles fermées par un cadenas et une chaîne ?

Quant à la description de son royaume, je visualisais parfaitement. Nous aussi nous avions des forêts et peu de pollution. L’utilisation de voiture personnelle ou tout objet de luxe ayant été limités durant le règne de ma mère.

— Ici aussi, il y a peu de pollution, repris-je en continuant de marcher. Ce ne sont pas les habitants qui utilisent le plus d’énergie polluante, mais l’armée.

— C’est vrai que les véhicules de l’armée sont ceux qui polluent le plus. Mais je suis sûr que les vôtres sont respectueux de l’environnement.

— Je ne saurais vous répondre malheureusement. J’ai encore du mal avec le matériel militaire.

— Voilà donc un sujet où je pourrais vous êtes utile en tant qu’Empereur, à vos côtés.

— Je n’ai toujours pas pris ma décision.

— Je ne vous force pas la main, je disais juste ça comme ça.

— Comme on parle de ce mariage, pourquoi devrais-je accepter ?

Il réfléchit un instant et prit le temps de s’asseoir dans l’herbe. Elle étendit ses bras pour poser sa tête sur ses mains puis étendit ses jambes. Tout dans son attitude me révoltait. Comment pouvait-il se permettre d’agir ainsi en ma présence alors qu’il tentait de me séduire, pour que j’accepte son mariage ? Jamais je ne me serais permis de m’installer ainsi dans le jardin d’un autre dirigeant, sous prétexte que j’y étais invité.

— Mes parents m’ont toujours élevé pour être le mari idéal. Mon royaume est loin, c’est vrai, mais c’est un royaume côtier. En m’épousant, mon royaume intégrerait votre Empire. Vous auriez plus de terre, plus de ressources et surtout un espace maritime plus grand.

— En ressources, nous avons déjà tout ce qu’il nous faut.

— Je comprends que vous puissiez être suspicieuse envers moi, mais je vous assure que mes intentions sont plus que respectables.

— Je n’en doute pas un instant, mentis-je.

Le simple fait de me dire ça ne faisait que renforcer ma vigilance. Un homme ou une femme respectable ne le dit pas. Il n’a pas besoin de s’en vanter pour l’être. Du moins, c’est ce que j’avais appris et compris avec mon entourage. Il ne cessait de répéter qu’il n’avait que de bonne intention, mais plus j’en apprenais sur lui, plus je tiquais. Tout en lui ne m’inspirait pas confiance. Que ce soit par son langage, sa tenue ou ses manières. En tant qu’homme, je ne l’aimais pas. En tant que Prince, il semblait adoré son royaume, y accorder beaucoup d’importance et surtout il semblait être prêt à tout faire pour son bon fonctionnement. Étant l’unique prince de Théria, il était prêt à rassembler nos deux territoires pour le bien de tout le monde.