43 - Citseko : Je n'y échapperais pas

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L'adolescent les entendit parler du devoir et fit de son mieux pour ne pas se laisser influencer. Avec une certaine répugnance, Citseko fit son choix qu'il justifia du mieux qu'il put et ferma son cahier.

-T'as fini ?

Je n'y échapperais pas, apparemment. Ce n'était pas tellement qu'il ne voulait pas jouer avec eux, c'était plutôt qu'il s'inquiétait que Meb ne le trouve pas. L'héritier d'argent n'était pas certain qu'il ait vraiment été attentif à ce qu'il lui avait dit.

-Je vais juste voir Meb pour lui dire.

Matior grinça :

-Il viendra te voir avec ses petits pieds s'il a besoin.

Citseko précisa :

-Je ne suis pas sûr qu'il sache que je suis là.

-Il te cherchera avec ses petits pieds.

Il ajouta encore :

-Mais j'ai son sac et il n'a pas encore fait ses devoirs.

Falibi finit par lui prendre le bras :

-Roh, c'est bon. S'il veut te trouver, il te trouvera.

Citseko se laissa traîner jusqu'à la table. C'est pas faux non plus, mais bon... Ils allaient s'asseoir quand Matior se leva :

-D'abord, il faut faire de la place. On va s'asseoir par terre.

Ils s'activèrent à repousser tables et fauteuils avant de s’asseoir sur le parquet. Lyert s'empara des coussins d'un siège en demandant à la ronde :

-Qui en veut ?

Falibi ouvrit grand les bras :

-Moi.

Il lui en envoya un et continua sa ronde. Citseko refusa, bien conscient qu'il n'y en aurait pas pour tout le monde. Il s'assit en tailleur et attendit la suite. Un cercle se forma autour de Matior qui se tenait debout :

-Alors, c'est simple. Vous êtes un clan. Je vais vous distribuer à chacun une carte qui va définir votre rôle au sein de ce clan. Simple membre, espion, assassin, médecin etc.... il faudra basiquement faire ce que je vous dis. Quand je dis : « la nuit tombe », vous fermez les yeux. Puis, j’appellerai les personnes qui peuvent agir les unes après les autres. Chaque nuit, les assassins tueront une personne.

Il continua en expliquant le rôle de chaque carte, précisant que personne d'autre que le propriétaire ne pouvait la voir. Citseko se trouva être un simple membre de clan. Quand il fallut choisir un chef, Falibi proposa aussitôt Hiloy qui se trouva élue à l'unanimité malgré ses protestations.

Alors que tout se mettait en place, Citseko observa ses camarades. Il aimait voir les changements de personnalité qui s'opérait chez eux au fur et à mesure qu'ils se connaissaient. Hiloy, en particulier, se montrait moins timide. Par contre, il éprouva une pointe d'inquiétude en voyant la fatigue sur le visage d'Elférad. Puis, la question qu'il n'était pas le premier à se poser lui vint à l'esprit. Où est Gzadien ?

-On peut commencer.

Qegh fut la première à mourir et quand il fallut chercher un coupable, Citseko finit par être pointé du doigt. L'argument de Lyert était simple :

-Il ne dit rien depuis le début, c'est louche.

Surpris que cela lui tombe dessus, Citseko ne trouva rien d'autre à dire qu'un simple :

-C'est pas moi.

Laxo prit un air soupçonneux :

-Prouve-le.

L'adolescent eut un demi-sourire tant la situation lui paraissait ridicule :

-J'ai rien à dire, c'est tout.

Cela ne convainquit personne. Puis, Qegh leva la main :

-Je peux parler ?

Matior secoua la tête :

-Non, tu es morte. Les morts, ça ne parle pas.

-Ouais, ouais, ouais.

Citseko nota le regard soupçonneux qu'elle porta sur Lyert. Celui-ci choisit de l'ignorer, trop pressé de faire valoir ses arguments contre Citseko. Au final, quand il fallut voter sur l'ennemi à abattre, les doigts se pointèrent vers l'héritier d'argent sans qu'il ne trouve rien à dire. Matior demanda :

-Bélera, tu ne votes pas ?

La jeune fille répondit :

-Je ne crois pas que ce soit lui, en fait.

Laxo lui lança :

-C'est sa défense en trois points qui t'a convaincue ?

La remarque provoqua quelques rires et Bélera lui sourit en répliquant :

-Non, je pense que c'est Lyert.

Le garçon ouvrit de grands yeux :

-Moi ? Pourquoi ?

-Parce que tu insistes un peu trop sur le fait que ça puisse être Citseko.

Lyert finit par dire :

-Je sais que c'est lui, croyez-moi.

Elférad supposa :

-Si Lyert est l'espion, il a pu le voir.

Une nouvelle discussion débuta jusqu'à ce que Matior élève la voix :

-Allez, votez.

Citseko ne survit pas à cette première journée. Quand au cours de la nuit, les assassins furent invités à choisir une nouvelle victime, il put voir Laxo et Lyert ouvrir les yeux. Les deux lui firent des petits saluts et il retint un éclat de rire. Bélera fut la troisième victime. Matior découvrit sa carte en annonçant :

-L'espionne est morte.

Bélera lança un regard désolé à Citseko qui le lui rendit. Au moment de voter, se trouvant face à une égalité, Matior se tourna vers Hiloy :

-En tant que chef de clan, ta voix décide lequel des deux, entre Lyert et Theaon sera pendu.

Toute l'attention portait sur elle, la Cinquième répondit :

-En tant que chef, je propose que l'on aille chercher un savant fou qui puisse ressusciter les morts et qu'on leur demande directement qui les a tué.

Les rires se propagèrent en même temps qu'ils levaient la main pour approuver cette proposition. Matior réussit à reprendre suffisamment son sérieux pour dire :

-Non, vous n'avez pas le droit de sortir de votre domaine.

Rafirin ne put s'empêcher de glisser :

-Et bien voilà qui est profondément irresponsable.

Quand le sérieux retomba, la partie put reprendre son cours. Citseko participa aux deux autres parties qui suivirent, ne se souciant que de son amusement pour la première fois depuis longtemps. Matior distribuait la carte pour la quatrième fois quand Meb entra à la recherche de Citseko :

-Ah, bah t'es là.

Qegh lui lança aussitôt :

-Tu veux jouer ? On doit tuer Lyert.

Cela faisait trois parties qu'elle mourrait avant lui et elle trouvait cela lassant. Meb sourit :

-Non, faut que je fasse mes devoirs.

Aux vues de l'heure, Citseko savait ce que cela signifiait :

-Mon sac est là-bas, si tu veux copier.

L'héritier d'or se dirigea dans la direction indiquée. Matior frappa dans ses mains pour attirer l'attention des joueurs :

-La dernière partie avant le décompte. J'ajoute un assassin.

Citseko fit partie du lot et quand il ouvrit les yeux pour reconnaître ses alliés, il découvrit Theaon et Elférad.

-Les assassins choisissent une victime.

Pour faire plaisir à Qegh, Citseko désigna Lyert, interrogeant les deux autres du regard. Elférad fit un discret signe de tête en direction de son ami pour s'assurer que c'était bien lui qui était visé, avant de lever le pouce pour signifier son accord. Theaon hocha doucement la tête.

-Les assassins sont d'accord ?

Matior pointa à son tour Lyert pour s'assurer qu'il ne faisait pas erreur, puis continua :

-Les assassins ferment les yeux.

Lorsqu'il demanda à tous d'ouvrir les yeux et qu'il s'approcha de Lyert en disant :

-Vous trouvez un corps... Je suis désolé, mon vieux.

Lyert plaqua soudainement ses mains sur sa carte pour l'empêcher de la retourner :

-Réfléchis bien à ce que tu fais. C'est une trahison, tu le sais ça.

Matior eut un large sourire :

-C'est pas moi qui ai choisi. Merci de ne pas abattre le messager.

Qegh hurlait de joie.

Le lendemain, lorsque leur professeur arriva, il annonça :

-Aujourd'hui, un nouveau jeu prend place.

Citseko se demanda pourquoi il faisait l'annonce dans le couloir et non pas dans la salle comme d'habitude. La réponse ne se fit pas attendre :

-Veuillez me suivre.

Encadrés par les surveillants, ils suivirent Mr Irdrour qui les mena dans les sous-sols du bâtiment. Les héritiers qui chahutaient encore dans les couloirs lumineux, se firent silencieux quand il fallut descendre. Au fur et à mesure qu'ils avançaient, l'angoisse et la méfiance se firent une place en eux. Citseko essayait de raisonner calmement. Ils étaient plus nombreux que les surveillants, ce qui était probablement leur plus gros avantage au cas où ceux-ci les attaqueraient. Mais pourquoi ils feraient ça ? Il n'y a jamais eu de jeu demandant la participation des enseignants ou des surveillants. Mais dans ce cas, pourquoi leur professeur n'avait pas expliqué le jeu avant de les mener, le Roi seul savait où ?

Enfin, il s'arrêta devant une porte et leur fit face :

-Le jeu commence dès que vous entrerez dans cette pièce. Avez-vous des questions ?

Indilk ricana :

-Quelques unes, ouais.

Laxo demanda :

-Combien de temps ça va durer ?

-Cela dépend de vous.

Meb se lança :

-Ça consiste en quoi ?

-Un Enfermement.

Ils s'entre regardèrent et Falibi fut celle qui lâcha :

-Avec nous tous ?

Leur enseignant hocha la tête. Un surveillant ouvrit la porte et s'effaça pour les laisser entrer :

-Je vous en prie.

Les héritiers ne bougèrent pas. Mr Irdrour précisa :

-N’oubliez pas que la participation au jeu est obligatoire. Nous avons le droit de vous garder ici jusqu'à ce que vous vous décidiez à entrer.

Tahiya fut la première à s'avancer, suivit par son cousin. Ce fut le départ dont ils avaient besoin et, peu à peu, ils se mirent en mouvement. La porte fut refermée à clé derrière eux.

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