75 - Hiloy : On aurait pu mourir à de nombreuses reprises

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Lorsque l'esclave retira sa main, une empreinte bleu resta sur la porte quelques secondes avant de disparaître. Falibi et Hiloy échangèrent un regard :

-On dirait...

-Ça ressemble au truc avec la sphère.

Hiloy comprit bien à quoi elle faisait référence :

-Il faut qu'ils viennent alors, vous ne croyez pas ?

Citseko et Falibi acquiescèrent. La Cinquième se tourna vers les autres qui avaient déjà commencé à les rejoindre. De toute évidence, ils ne tenaient pas à ce qu'on dise qu'ils se tenaient en retrait, pendant que Hiloy se faisait attaquer.

-C'est comme pour ouvrir la sphère. Il y a le truc des empreintes.

Avant que Tahiya ne puisse l'arrêter, Nsoah posa la main sur la porte et la retira. Quand tous purent constater ses dires, Matior demanda :

-On pose la main tous ensemble alors ?

Neghttris haussa les épaules :

-On a qu'à essayer.

Elférad éleva la voix :

-OK. Tout le monde est prêt ? A trois.

Ils durent se serrer pour que tous puissent toucher la porte. Ils attendirent quelques secondes avant qu'une vibration ne se propage dans le métal. Qegh demanda à mi-voix :

-C'est normal, ça ?

Lyert lui répliqua :

-Comment veux-tu qu'on le sache ?

Il y eut un déclic, puis un grincement tonitruant et la porte commença à s'ouvrir vers l'extérieur. Indilk s'écarta en disant :

-Vous devriez reculer. On ne sait pas ce qu'ils ont foutu derrière.

Ils obéirent, attendant l'écartement des portes avec une certaine appréhension. De l'autre côté, des cabanes étaient installées, des hommes et des femmes vêtus de blanc semblaient les attendre. Hiloy se pencha vers Falibi :

-C'est quoi ça ?

L'héritière d'argent était radieuse :

-La fin.

Le groupe s'élança sans plus de méfiance vers l'autre côté. Hiloy comprit que les adultes présents étaient des médecins, des cuisiniers et des surveillants mis à la disposition de la classe. Seulement, la Cinquième s'étonna de voir qu'une fois la porte refermée derrière eux, il n'y avait pas d'autres sorties. Ils se trouvaient dans un vaste espace circulaire délimité par le même mur gigantesque que celui qu'ils avaient vu plus tôt. Elle finit par découvrir une autre porte, à taille humaine celle-ci, mais ne réussit pas à l'ouvrir. En même temps, personne n'a l'air pressé de partir. De fait, ses compagnons exploraient les cabanes ou se dirigeaient vers le buffet installé à leur intention. Hiloy repéra Falibi et courut vers elle :

-On ne sort pas ? Je croyais que c'était fini ?

Son amie hocha la tête en se dirigeant vers les plats :

-C'est fini. Mais les autres classes ne sont toujours pas sorties. On ne peut pas partir tant que les autres sont encore à l'intérieur.

Hiloy soupira. Je veux retrouver ma chambre.

-Ne fais pas cette tête.

Elle sourit à l'héritière d'argent :

-Oui, au moins, on ne peut pas se faire attaquer... on ne peut pas se faire attaquer, hein ?

Son amie confirma en lui tendant une assiette :

-Non seulement on ne se fera plus attaquer, mais en plus, fini les sandwichs !

-Whouhou !

Hiloy accueillit, avec un bonheur nouveau, l'assiette fumante et ils allèrent s'asseoir dans l'herbe un peu plus loin.

-Comment on saura si les autres ont fini ?

-Il y aura des annonces par haut-parleur.

La Cinquième posa les yeux sur la tablette qui s'était éteinte sitôt qu'ils avaient passé la porte :

-Mais, on ne sait pas combien de temps on doit attendre ?

Falibi s'empressa de répondre :

-Pas exactement. Eux, ils ont reçu un message les informant qu'une classe était sortie. A partir de là, un décompte se met en marche sur leur tablette. Ça dépend des jeux, mais ils ont quelques heures ou quelques jours maintenant pour arriver à destination.

-Sinon quoi ?

Son amie pointa sa fourchette vers les adultes qui les entouraient :

-Ils vont les chercher. Si ça arrive, les héritiers ne récupèrent aucun point privilège.

C'est vrai qu'il y avait ça aussi. Par réflexe, elle baissa les yeux vers le petit écran noir, avant de se souvenir qu'il n'affichait plus rien. C'est pas vrai. Elle la retira de son bras pour ne plus être tenté de regarder :

-Quand est-ce que l'on va savoir pour nos points ?

-Quand tout le monde sera arrivé.

Hiloy laissa errer son regard alentour :

-Tu crois qu'ils vont compter ça comment ? On a passé la porte ensemble.

Falibi planta sa fourchette dans un morceau de viande juteux :

-Je crois qu'on va tous avoir les mêmes points, vu que tout était fait pour que l'on arrive tous en même temps.

C'est vrai. Ce Grand Jeu n'était pas basé sur la compétition. Falibi avala sa bouchée avant d'ajouter :

-La seule question que je me pose, moi, c'est quand est-ce qu'on pourra enlever ça.

Elle leva son poignet pour mettre son bracelet en évidence. Hiloy regarda le sien. J'avais oublié qu'il était là, lui :

-On ne peut pas l'enlever nous-même ?

Son amie fronça le nez :

-Je ne préfère pas essayer.

Ils finirent de manger avant de se diriger vers les cabanes. L'une d'elle contenait des douches, une autre des toilettes, une autre des lits et encore une autre des tables et des chaises pour manger à l'abri de la pluie. On leur prêta pantalons, jupes, chemises et vestons, tous bleus et quand chacun fut passé à la douche et ressorti, ils étaient tous vêtus ainsi.

Hiloy accrocha son blason à cette nouvelle chemise, tandis qu'un homme emportait son uniforme pour le laver. Elle s'aperçut, alors, que Falibi était retournée s'asseoir face à la porte :

-Qu'est-ce que tu fais ?

L'adolescente eut un pâle sourire :

-Je commence à m'inquiéter.

Hiloy s'accroupit près d'elle :

-Pourquoi ?

-Eh bien, je sais qu'ils nous a fallu un bon moment pour arriver jusqu'ici et tout ça, mais ça fait quelques heures que l'on est là maintenant. Tu ne crois pas que d'autres auraient déjà dû arriver ?

La Cinquième haussa les épaules :

-Je ne peux pas vraiment t'aider sur ce genre de question. Je ne savais même pas en quoi consistait exactement un Grand Jeu avant que tu m'expliques, alors.

Falibi ne parut pas l'entendre. Pourquoi elle angoisse comme ça. Même si les gardes doivent finir par les chercher, ce n'est pas si grave. Sentant que quelque chose lui échappait, elle parla doucement :

-Falibi ? Tu t'inquiètes pour Rafirin ? Je suis sûr qu'il arrivera à temps. Au pire, je pourrais lui donner des points. On a le droit, non ? Avec l'avance de départ qu'on me donne, je pourrais lui en passer.

Son amie passa les bras autour de son cou :

-Tu es toute gentille et c'est pour ça qu'on t'aime.

Même dans sa plaisanterie, le ton était différent.

-Qu'est-ce qui ne va pas, si c'est pas ça ?

Falibi reprit son sérieux en tournant son regard vers la porte :

-Parce que s'ils n'arrivent pas à temps, cela peut signifier qu'ils n'ont pas réussi à avancer. S'ils n'ont pas réussi à avancer, vu la mise en place du Grand Jeu, cela peut signifier qu'ils ont perdu quelqu'un.

La réalité rattrapa soudain Hiloy. Malgré des moments terrifiants, ils s'en étaient très bien sortis. On aurait pu mourir à de nombreuses reprises. Elle revit Indilk chuter dans le vide. L'inquiétude de Falibi finit par lui être transmise et elle s'installa près de son amie pour attendre. Laxo les rejoignit quelques instants plus tard :

-Vous aussi vous avez entendu ?

Le duo lui jeta un regard interrogateur.

-Non ? Bélera a demandé aux surveillants combien de temps les autres avaient pour arriver et ils lui ont dit que l'intervention aurait lieu dans la nuit.

Falibi en conclut :

-Donc, ils ont jusqu'à ce soir.

Laxo acquiesça et s'assit :

-Oui. Ils ne doivent plus être loin...

Le son d'une corne se fit entendre, les rendant tous attentifs. Dans les hauts-parleurs, une voix annonça :

-Classe Tigre en approche.

Hiloy fixa la porte :

-C'est Rafirin, ça, non ?

Falibi lui agrippa le bras en silence.

-Quand est-ce qu...

Son amie leva sèchement un doigt pour qu'elle se taise. Le haut-parleur reprenait :

-Intacte.

Falibi relâcha un souffle retenu depuis un peu trop longtemps. En sentant sa prise se relâcher sur son bras, Hiloy tenta :

-Intacte, pas de morts, hein ?

La jeune fille se leva d'un bond en criant, laissant exploser sa joie. Hiloy et Laxo éclatèrent de rire en la voyant faire. A cet instant, la porte commença à s'ouvrir. Falibi courut à la rencontre des nouveaux venus, imitée par Hiloy. Ils observèrent chaque visage qui entra à la recherche de leur ami. Hiloy saisit soudain le bras de Falibi:

-Là ! Là ! Juste là !

Rafirin se tenait sagement sur le côté de la porte, laissant ses camarades entrer. Falibi lança à plein poumon :

-Rafirin !

L'adolescent se redressa à la recherche de la jeune fille dont il avait reconnu la voix. Il lui fit un geste du bras, souriant :

-Et Hiloy ?

Celle-ci ricana en disant :

-Je sais que comparé à toi je suis petite, mais quand même.

Falibi se mit à rire :

-Iel est juste là.

Rafirin finit par se glisser dans l'ouverture et se retrouva étouffé dans l'étreinte de Falibi. Hiloy lui avoua :

-On commençait à s'inquiéter.

Rafirin lui sourit :

-Pour moi ? Alors que tu étais seule avec Falibi ? J'espère qu'elle ne t'a pas apporté trop de problèmes.

Hiloy secoua la tête :

-Ça va. Je la maîtrise.

Falibi s'écarta du garçon, remit une de ses mèches couleur prune derrière son oreille avec la plus grande dignité :

-Je ne vous aime plus.

Elle leur tourna le dos pour s'éloigner, mais Rafirin lui courut après et la rattrapa sans difficulté. Hiloy s'arrêta près de Laxo qui était restée assise :

-Tu attends Mechem ?

La jeune fille fut surprise de la question :

-Les secondes années arrivent dans une autre zone.

-Ah bon.

Elle s'assit :

-Tu attends quelqu'un d'autre, alors ?

Laxo haussa les épaules :

-Pas spécialement. J'essaie de faire du repérage de classes. C'est toujours intéressant de réussir à situer quelqu'un quand tu le croises. Si tu sais dans quelle classe il est, tu peux voir qui sont ses potentiels alliés.

Hiloy était impressionnée. Elle n'arrivait pas à retenir un nom ou un visage à l'extérieur de sa propre classe. La seule raison pour laquelle j'ai retenu que Mechem était son fiancé, c'est parce que Falibi n'a pas arrêté de m'en parler après qu'on l'ait vu. 

-Classe Lion en approche.

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