81 - Elferad : Il n'a pas tort
Gzadien en profita pour glisser :
-En ce qui me concerne, j'ai une théorie qui m'est venue il y a quelque temps.
-Par le Roi ! Une théorie dans cette tête-là ?
Son copain hocha amplement du chef ::
-Vi, vi, vi, vi, vi mon petit monsieur.
-Evite de me mettre un coup de boule quand même.
Gzadien fit un large sourire et Elférad dû le relancer :
-Bon, tu la sors ta théorie ?
-Les messages nous sont destinés, mais il doit savoir que certaines personnes ne pourraient pas s'empêcher de foutre leur nez dans nos affaires.
Elférad comprit vite de quoi il parlait :
-Ce serait pour les faire douter eux ?
Gzadien haussa les sourcils :
-Ça a l'air de marcher pour Neghttris.
L'héritier d'or tenta :
-Non, c'est pas qu'il doute, il s'inquiète.
L'héritier d'argent n'était pas de cet avis, mais n'insista pas.
-Bon, qu'est-ce que tu veux faire en attendant que ça ouvre ?
-Mes devoirs.
Il s'échappa des bras de Gzadien, se laissa tomber du lit et rejoignit son bureau.
-Vraiment ? Un jour de repos.
Elférad sortit livres et cahiers à contrecœur et resta un moment à fixer le tout en sentant pointer une flemme aiguë :
-Ouais, mais faut le faire. On reprend les cours demain.
-Qui t'as dit ça ?
Il fit face à l'héritier d'argent :
-Personne. C'est juste que c'est le jour.
Gzadien fit remarquer :
-Oui, mais lendemain d'un Grand Jeu, ils vont peut-être nous laisser tranquille quelques jours non ?
-Oh, ce serait cool, mais ils nous auraient prévenu, non ?
L'héritier d'argent se contenta de hausser les épaules. Bon, dans le doute. Il retourna à ses devoirs.
-Bah moi, je vais à la douche. Puisque c'est comme ça.
Quelques minutes plus tard, Elférad entendit l'ouverture de la porte et jeta un regard vers la salle de bain. Gzadien n'était pas encore sorti, alors il hésita à partir sans lui. Mais, il n'a pas tort. Il n'y a plus de raison pour que l'on continue à chercher séparément. A cet instant, la porte de la salle de bain s'ouvrit.
-Voilà qui règle la question.
Gzadien s'étonna :
-Quelle question ?
Elférad referma son livre avec un certain soulagement et se leva en disant :
-Rien. On y va ?
Les haut-parleurs les arrêtèrent dans leur élan :
-L'emploi du temps reprendra son cour normal dans trois jours. Nous vous rappelons qu'un service d'aide est à votre disposition à l'hôpital.
Les garçons étaient radieux. Elférad ne se laissa pas aller trop longtemps :
-Allez, on traîne pas.
Gzadien s'empressa de le suivre :
-On va où ?
-Voir le Second.
L'héritier d'argent s'étonna :
-Tu sais où il est ?
Elférad haussa les épaules :
-Non, mais on va commencer par le dortoir des secondes.
Ils traversèrent la cour pour atteindre l'autre bâtiment.
-Tu ne crois pas qu'on devrait d'abord vérifier le réfectoire ? Il est peut-être allé manger.
Elférad s'arrêta. C'est vrai qu'on risque de courir partout si on se lance comme ça. Il fit demi-tour, Gzadien toujours sur ses talons :
-On va où maintenant ?
-Voir quelqu'un qui pourra nous renseigner.
L'héritier d'or remonta au second étage de leur dortoir, tournant dans le couloir. Il alla droit sur la porte de la Cinquième et toqua. Aucune réponse ne lui parvint.
-Vous cherchez Hiloy ?
Ils se tournèrent vers Falibi qui sortait de la salle de bain commune. Elférad acquiesça :
-Oui, j'ai juste un truc à lui demander.
La jeune fille le dévisagea avec un sourire mystérieux :
-Un truc à lui demander ? C'est important ?
-Peut-être.
L'héritière d'argent rit :
-Iel est chez les secondes années. Iel traîne avec les jumeaux Jyu.
Elférad serra les dents :
-Les jumeaux ? Tu n'es pas invitée toi ?
La jeune fille haussa les épaules :
-Je lae retrouve après, pourquoi ?
-Pour rien.
Il s'éloigna et, une fois de retour dans les escaliers, Gzadien lui demanda :
-Pourquoi t'as bloqué sur le fait qu'iel traîne avec les jumeaux ?
Elférad lui prit la main :
-C'est juste à cause de cette histoire d'union.
-Et le fait qu'Hiloy soit sortie ce matin.
Il se tourna vers Gzadien :
-Exactement. Si iel n'avait rien à cacher, Falibi serait avec ellui en ce moment.
Son copain para :
-Ou elle a juste eu la flemme de se lever tôt.
-Ou le fait qu'Hiloy soit sortie à cinq heures était exprès pour l'empêcher de venir.
Gzadien se mit à rire :
-Bon, concentrons-nous sur notre problème. Ce sera déjà pas mal pour aujourd'hui.
Elférad approuva. Ils avaient atteint l'autre bâtiment et entraient pour trouver le hall presque vide. Au moins, on risque pas de les louper.
-On va à quel étage ?
Elférad fronça le nez :
-Je sais pas. Tu crois qu'ils sont auquel ? Ils sont aussi peut-être dans la cour intérieure.
Un tour rapide du rez-de-chaussée, leur indiqua qu'ils ne s'y trouvaient pas et ils décidèrent de monter à l'étage en quête des portes portant les blasons des Cinq. Gzadien l'arrêta dès le premier étage :
-C'est pas le Second, ça ?
La porte au fond du couloir affichait un luth. Elférad ricana :
-C'est vrai qu'on aurait pu y penser. Allons directement à la source.
Il allait frapper quand Gzadien l'arrêta :
-Attends, on devrait peut-être voir ce qu'on va lui demander, non ?
Elférad l'observa avec surprise :
-Qu'est-ce qui t'arrive ?
Gzadien était gêné :
-C'est quand même le Second. On doit lui parler d'une manière particulière, tu crois pas ?
Elférad réfléchit. Il se souvint qu'il avait eu la même inquiétude avec Hiloy au début, mais ce n'était plus le cas. A présent, il s'imaginait les quatre comme la Cinquième et ne ressentait pas le besoin de faire des cérémonies. Il allait répondre quand la porte s'ouvrit :
-C'est pour quoi ?
Les deux adolescents se retrouvèrent interdits devant le visage aux trois cicatrices qui attendait une réponse. Elférad finit par retrouver sa voix :
-On voudrait un renseignement.
Le Second tendit une main garni de deux doigts de métal :
-Vos blasons.
Les garçons les lui donnèrent et attendirent la suite avec anxiété. Adossé au chambranle de la porte, le Second fit tourner les blasons entre ses doigts, puis un sourire, que les cicatrices aux coins semblaient étendre jusqu'à ses oreilles, apparut sur son visage :
-Intéressant.
Elférad commença :
-On voudrait....
Le Second le coupa :
-Quelqu'un sait.
Elférad jeta un regard interrogateur à Gzadien qui haussa les épaules. Il demanda avec hésitation :
-Quelqu'un sait quoi ?
Le Second s'amusa à faire sauter les blasons au creux de sa main :
-Première information ? On vous a parlé du prix ?
Gzadien intervint :
-Attendez. Ce n'est pas la question qu'on voulait poser.
Elférad reprit la parole pour répondre :
-Vous nous donnez l'info demandée et une deuxième info au hasard.
Son copain voulut de nouveau parler, mais le Second s'empressa de dire :
-Quelqu'un sait ce qu'il s'est passé entre vos deux familles.
A nouveau, les adolescents se figèrent. Elférad sentit la panique le saisir mais tenta de garder le contrôle :
-Qui ça ? Il sait quoi exactement ?
Gzadien fit barrage en se plaçant entre le Second et Elférad :
-Non, ne demande pas ça. Ce n'est pas ce qui nous intéresse.
L'héritier d'or pâlit :
-Pas ce qui nous intéresse ? Tu sais ce qui peut arriver si...
Le Second eut un petit rire qui attira l'attention d'Elférad :
-Pourquoi vous riez ?
L'autre se contenta de hausser les épaules. Gzadien se plaça face à Elférad pour capter son attention :
-Elf, on est là pour les notes. On verra le reste après.
L'héritier d'or se sentait au bord de la crise. Il savait que Gzadien avait raison, mais ce qu'il venait d'entendre lui semblait soudain plus important. Le Second intervint :
-Si ça peut vous réconcilier, je tiens à dire que les deux sont liés.
Elférad eut un regain d'espoir, mais un coup d'œil à Gzadien lui fit penser que quelque chose n'allait pas :
-Qu'est-ce qu'il y a ?
Gzadien lui tourna brusquement le dos pour dire au Second :
-Merci, on va y aller.
Elférad resta bouche-bée, mais quand Gzadien lui saisit le bras pour l'emmener, il se dégagea d'un geste brusque :
-Tu fous quoi là ?
Sans lui laisser le temps de répondre, Elférad se tourna vers le Second :
-C'est qui ?
Le second présenta les blasons :
-Vous voulez les récupérer ?
L'héritier d'or s'en saisit :
-C'est qui et il sait quoi exactement ?
Gzadien lui attrapa l'épaule pour le forcer à reculer :
-Non, c'est bon. On y va.
Elférad lui jeta un regard d'incompréhension en le repoussant. Le Second semblait beaucoup s'amuser de la situation :
-Alors, concernant...
Gzadien revint à la charge en disant :
-Je vous donne une information si vous ne dites rien.
Le Second se redressa :
-Ah, ça c'est intéressant.
Elférad n'en croyait pas ses oreilles. Alors que Gzadien s'avançait pour parler, il l'empêcha en étendant son bras devant lui :
-C'est bon. J'ai compris. On y va.
Il s'inclina profondément devant le Second avant de partir d'un pas furieux.
-Elf, attends-moi.
L'héritier d'or l'ignora dévalant les marches et sortant du bâtiment. Gzadien le rattrapa et essaya de s'expliquer :
-Attends, tu ne trouve pas bizarre qu'il ait commencé par nous donner une info direct ?
Elférad ne répondit rien, les yeux fixés sur la porte de leur dortoir. Gzadien tenta encore :
-Tu ne crois pas qu'il voulait qu'on lui demande de qui il parlait ? Il aurait dû nous laisser poser une question, non ?
L'héritier d'or continua d'avancer :
-Il a dit que c'était lié. On aurait réglé deux problèmes en un coup.
Gzadien secoua la tête :
-Rien ne nous dit que c'était fiable.
Elférad lui cria au visage :
-Rien à foutre ! C'était une piste de toute façon.
Gzadien baissa les yeux :
-Écoute...
-J'ai pas envie.
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