Chapitre 17 :
Cela aurait pu être plus catastrophique que cela, Iris ne s’en inquiéta pas vraiment. D’ordinaire, la jeune fille aurait paniqué en apprenant que la situation en Opartisk et celle en Siar était pire que la sienne. Sauf que rien ne se passait jamais comme prévu en ce moment donc cela ne l’étonna pas vraiment d’apprendre tous ses rebondissements. Elle devait aussi tenter de ne pas s’inquiéter pour tout le monde, mais c’était quelque chose de compliqué pour Iris. Elle angoissait pour tous ses proches.
Elle frotta une nouvelle fois son bras à l’endroit où se trouvait la puce électronique. Ils lui en avaient inséré une deuxième après avoir enlevé la première car elle avait causé une mauvaise réaction aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur de son corps. Apparemment, cela arrivait fréquemment, mais Iris avait l’impression que c’était fait exprès, comme s’ils voulaient la tester. Elle se méfiait beaucoup de ses patrons, ils étaient liés directement à l’État Dheasiens, ils trempaient sûrement dans quelque chose de sombre. Et elle aussi allait en finir par découvrir plus sur cette part sombre de la Dheas ! Néanmoins, elle avait des informations capitales sauf qu’elle n’avait pas osé révéler à Amanda lorsqu’elle l’avait eue. Et le chef qui dirigeait le bâtiment pensait qu’elle s’en était chargée.
— N’es-tu pas censée travailler au laboratoire ? s’enquit son cousin en s’asseyant à ses côtés sur son lit.
— Non… mes patrons m’ont dit qu’ils avaient quelque chose à m’annoncer et que je devais me préparer, expliqua la surdouée qui n’était d’ailleurs pas très sereine de ne rien savoir.
— Et bien, on dirait que tu fais honneur à ton statut et que tu gravis rapidement les échelons. Je suis fier de toi cousine, approuva Damien avec un petit sourire avant de se lever.
Il enleva le bandage de sa main pour désinfecter la blessure qu’il s’était faite quelques jours plus tôt. Il était arrivé un soir, avec une plaie à la main en sang, qui traversait diagonalement toute la paume. Iris avait bien eu peur qu’il perde sa main car l’entaille paraissait très profonde. Heureusement, un médecin avait réussi à arranger tout cela. La jeune femme remarquait bien qu’il avait mal de temps en temps, mais la blessure cicatrisait bien. Alors elle essayait de ne pas plus s’en faire que cela mais Damien ne lui avait pas raconté les détails sur ce qui lui avait valu sa blessure. Elle se contentait juste de jouer les mamans en lui disant de faire attention à lui. Elle ne savait pas vraiment ce qu’il trafiquait avec les opposants mais il devait faire attention.
— J’aurais besoin de toi plus tard, annonça Damien en se retournant vers elle après avoir fini de refaire son bandage. Mes amis opposants du système voudraient bien te rencontrer… tu as le droit de dire ce que tu veux, si tu ne veux pas tout leur révéler, mais cela serait cool que tu puisses venir.
— Je serais là, affirma Iris en regardant son cousin s’agenouiller pour être presque à la même hauteur qu’elle. Cela ne va pas… Damien… que me caches-tu ?
L’adolescente savait qu’elle avait touché la corde sensible de son cousin, mais elle arrivait à ressentir ce qu’il ressentait, et elle savait pertinemment qu’il lui dissimulait quelque chose. Et cela ne lui plaisait pas du tout. Elle agrippa son poignet alors qu’il tentait de fuir la discussion et le força à rester.
— Je… je crois que je commence à avoir des symptômes, avoua son cousin à voix basse. Je n’en suis pas sûr, et la plupart du temps je me sens bien…
— C’est peut-être juste la peur de la contracter qui te fait penser cela, concéda Iris sans être très convaincue. Écoute-moi bien, fit-elle en prenant Damien par les épaules. Ne me cache plus rien. Et si ton état s’empire, parles-en aux médecins, mais surtout, surtout ne garde pas cela pour toi tout seul.
— Si je l’ai vraiment, je tiendrai le temps que tu réussisses. Ne t’inquiète pas.
Iris aurait voulu lui hurler qu’il y avait des chances que cela n’aille pas et qu’elle s’inquiétait et qu’elle ne voulait pas revivre les mêmes événements qu’avec Peter. Sauf que sa bouche resta fermée et sa gorge nouée. Son cousin voyait bien dans quel état elle se trouvait mais il ne trouva aucun moyen pour réellement la rassurer mais il la serra dans ses bras. On toqua à la porte, et Iris reconnut l’infirmière qui lui avait dit qu’elle n’avait pas le droit de divulguer ce que Loan avait. La rouquine lui lança un regard noir avant de s’emparer de sa tablette et de la ranger dans sa sacoche, sans prêter attention à la nouvelle venue. Ce fut Damien qui l’accueillit.
— Vous aviez raison jeune fille, débuta la femme à l’adresse d’Iris avec une pointe d’agacement dans la voix comme si elle ne voulait pas admettre que la surdouée ait raison. Votre ami Loan… il vient de se réveiller.
Iris ne resta pas immobile très longtemps. Enfin une bonne nouvelle ! Cela faisait très longtemps qu’ils n’en avaient pas eu. Sans même la remercier, elle poussa la dame qui bouchait l’entrée de la porte et se précipita dans la salle de l’infirmerie. Beaucoup de personnes s’activaient à l’intérieur, ce qui était étrange car il n’y avait pas énormément de blessé en Dheas. Un vieil homme aux cheveux blancs et à la barbe de la même couleur fit signe à son équipe de partie en voyant l’adolescente. Il lui laissait un peu de temps. Iris put voir Loan. Même s’il sortait de plusieurs semaines de coma, l’agent de l’association semblait très fatigué. Pourtant, les médecins acceptaient visiblement les visites. Iris soupira mais retrouva le sourire lorsqu’elle entendit Loan prononcer son nom. Elle lui serra la main et s’installa à ses côtés pour parler un peu.
— Heureuse de te revoir parmi nous, s’exclama Iris avec un sourire. J’étais sûre que tu allais te réveiller, mais ils ne voulaient pas me croire.
— Hé bien je vois qu’on a des personnes très optimistes à nos côtés, remarqua Loan avec un petit sourire. Samuel, Marianne et Peter ne sont pas avec toi ?
Iris se força à continuer de sourire mais abandonna lorsqu’elle vit que Loan avait observé son changement de comportement soudain. C’était à elle de le faire. Elle devait prendre sur elle car ce n’était pas elle qui allait être le plus dérouté :
— Peter est mort à notre retour de la mission, commença déjà Iris en serrant un peu plus fort la main de Loan. Samuel est parti en Thuath quelques semaines après notre retour en Opartisk et Marianne est emprisonnée en Siar suite à une mission…
Elle sentit la main de Loan la lâcher et vit l’incompréhension dans le regard de ce dernier. Puis elle remarqua ses lèvres bougées alors qu’il réfléchissait. Elle lui épargna donc de le faire lui-même :
— Tu es resté longtemps entre la vie et la mort Loan, quelques mois. Plusieurs choses se sont passées pendant ton absence, révéla Iris qui buttait à chaque mot.
La réaction fut telle qu’elle avait pu l’imaginer : il parut désemparé. L’adolescente ne pouvait pas comprendre entièrement son ressenti, néanmoins, elle comprenait bien que pour Loan, ce n’était pas que des événements qui s’étaient déroulés en son absence, pour lui, c’était des événements qu’il avait ratés. Iris avait peur que tout soit compliqué à accepter pour lui, cependant, il lui demanda des nouvelles de toutes les personnes qu’ils connaissaient tous les deux. Elle dû raconter la mort de Mme. Keys, l’avenir d’Amanda, ce que Marianne et Samuel faisaient comme mission et ce qui s’était passé jusqu’à présent. Iris n’avait pas eu l’impression qu’il se passait beaucoup de choses, mais plus elle parlait, plus elle voyait le regard de Loan s’assombrir en pensant à toutes les choses qu’il avait ratées.
— Et comment compte-t-il libérer Marianne ? s’enquit le survivant en se redressant un peu.
— Je n’en ai pas la moindre idée, déplora Iris sans fuir son regard. Mais Marianne va tenir le coup jusqu’à temps que des personnes l’aident. C’est une battante.
— Je le sais mais je m’inquiète pour elle. La Siar… ce n’est pas le pays le plus clément.
— Je suis inquiète moi aussi mais j’ai confiance. Elle était très inquiète pour toi tu sais, elle aurait aimé être là.
Iris avait eu raison de dire à Marianne que Loan ne lui en voudrait pas, car c’était le cas. Il comprenait totalement le choix de son amie. Iris finit par lui raconter ce qu’elle fabriquait à nouveau en Siar. Loan se proposa pour l’accompagner jusqu’à son rendez-vous mais la jeune fille refusa. L’agent ne pouvait pas faire comme si rien ne s’était passé et l’adolescente ne pouvait pas le laisser revenir faire les actions alors qu’il était encore convalescent. Il sortait tout juste du coma. Néanmoins, Loan insista pour l’accompagner la prochaine fois et elle n’eut d’autres choix que d’accepter. Elle entendit quelqu’un arriver dans l’infirmerie et tourna la tête. C’était Damien.
— Tu devrais partir, tu risques d’être en retard, prévint-il en s’approchant du lit de Loan.
La surdouée hocha la tête et déposa un baiser sur la joue de Loan avant de s’en aller. Elle déclara encore à son cousin de faire attention et passa dans sa chambre pour enfiler une veste et prendre sa sacoche. Le temps était doux en Dheas, et Iris avait l’habitude du chemin. Elle ne pensait vraiment pas que le pays aurait pu être agréable après tout ce qu’elle y avait vécu, néanmoins, c’était le cas. Sauf qu’elle se gardait bien de le partager aux autres. Elle arriva à l’adresse qu’on lui avait indiquée. Ce n’était ni le laboratoire, ni le bâtiment où elle avait été pour son entretien. La bâtisse qui se dressait devant elle était très coloré, bariolé de bleus, jaune, rose et vert. Iris estimait cela très étrange qu’elle doit rentrer dans un endroit pareil. Malgré tout, elle ne devait pas faire demi-tour. La jeune fille était déjà allée si loin pour obtenir des informations, faire machine arrière ne rendrait service à personne. Elle poussa la porte et resta immobile dans le hall, avec la peur de se perdre. Elle entendit une voix l’appelée et elle se retourna vers Sabrina. C’était la dame d’une cinquantaine d’années qui lui avait fait passer l’entretien. Elle l’aimait bien. Elle lui fit signe de venir et elle la suivit dans l’escalier en métal jusqu’au quatrième étage et dans les couloirs larges. Iris avait l’impression que ses couloirs traçaient un damier mais s’abstient de le dire. Elle rattrapa juste Sabrina qui avait pris de l’avance sur elle.
— Prête pour le grand jour Samantha ? Enfin… à ce train l’un, il y en aura plusieurs grands jours, commenta la Dheasienne avec un rire.
— Je ne sais même pas ce qui m’attend, on ne m’a rien dit, souffla la surdouée qui était un peu rassurée car sa collègue ne paraissait pas très inquiète pour elle.
Lorsqu’on lui avait annoncé qu’elle avait un rendez-vous plus spécial, Iris avait d’abord pensé qu’elle avait été découverte et qu’on allait la forcer à dire d’où elle venait. Pourtant, rien n’avait changé, donc soit ils cachaient tous bien leur jeu, soit il y avait vraiment autre chose, lié à son travail et non à sa couverture. Sabrina toqua à la porte grise pour elle et l’ouvrit pour entrer avec Iris dans la salle. Il y avait un bureau et quatre personnes assises sur quatre fauteuils bien confortables. La surdouée en reconnut deux d’entre eux : la femme aux deux chignons nattés et l’homme très anxieux qui ne paraissaient jamais à l’aise. C’était eux qui avaient attendu à la salle d’attente ! Ils étaient accompagnés d’un homme chauve et une autre femme aux cheveux blonds coupés au menton. Iris comprit qui ils étaient avant même le petit commentaire de Sabrina à son égard :
— Cela va aller Samantha, c’est toujours impressionnant de rencontrer tout les conseillers, surtout à ton âge !
Sauf que c’était différent car elle ne connaissait pas leur tête. Lorsqu’elle avait rencontré un des conseillers de l’Opartisk, elle n’avait pas été si surprise que cela car elle avait l’habitude de voir sa tête dans les médias, mais les autres… elle ne voyait pas du tout qui ils étaient de base. Iris eut peur que sa surprise leur met la puce à l’oreille mais cela ne le fit pas. Comme si sa surprise était compréhensible. Iris suivit le conseil de la Dheasienne et s’assit en face des conseillers, encore un peu désarçonnée, mais elle commençait doucement à se rependre.
— Que me vaut cet honneur ? interrogea Iris en se redressant de sa chaise.
— Vous êtes douée jeune fille, brillante que dirais-je, déclara la conseillère Dalida en jetant un coup d’œil à ses collègues. Vous ne le savez pas car on attendait les résultats, mais vous avez trouvé une composition qui ralentit la maladie même si cela ne la guérit pas. Nous pensons tous que vous êtes sur la bonne voie. Il est évident que nous vous encourageons à poursuivre vos efforts, d’autant plus que nous avons une proposition à vous faire.
— Une proposition à me faire ? s’étonna Iris.
La jeune fille se retrouvait encore devant le fait accompli et elle n’avait pu se concerter avec les autres membres à ce sujet-là. Peut-être que le chef du quartier ou Amanda l’auraient mis en garde sur certaines choses, mais elle ne le saurait donc jamais et elle allait devoir faire attention à ne pas prendre la mauvaise décision. Marianne lui conseillait souvent d’avancer au maximum car Iris n’avait pas peur de risquer sa vie, néanmoins, elle ne voulait pas finir emprisonnée comme son amie. Si elle voulait avancer, elle devait tisser des liens avec les conseillers et être appréciée. Cela ne risquait pas d’être trop compliqué.
L’homme chauve sortit un dossier peu épais avec un stylo qu’il avança sur le bureau avec sa main droite pour les rapprocher un peu plus de l’adolescente. La jeune fille se mit en mode attention car c’était vraiment le genre de chose où n’importe qui pouvait se faire avoir et elle allait devoir être minutieuse au maximum.
— Nous vous laissons lire le contrat mais nous allons vous expliquer ce que l’on veut de vous, déclara le vieux conseiller en lançant un regard à Sabrina qui semblait se crisper un peu. Nous devons trouver un remède contre cette pandémie. Nous ne pouvons pas vous lâcher. Vous ne pouvez pas nous quitter sans nous aider. On vous augmente en grade.
— C’est-à-dire ? s’informa Iris qui ne comprenait pas vraiment où les conseillers voulaient en venir.
— Vous viendrez à chacune de nos réunions, et dès que quelque chose vous est utile, vous pouvez nous le demander, que ce soit argent ou je ne sais quoi d’autre, répondit la conseillère Alaïda d’un ton sérieux qui paraissait presque sévère. Vous devez trouver.
— Et si j’échoue alors que je signe cette promesse ?
— Vous ne risquerez peut-être plus de revoir la lumière du jour.
— Alors je ne vois pas ce que je gagne dans ce marché, soupira Iris qui était réellement prête à refuser car il y avait certaines limites qu’elle ne pouvait pas se permettre de franchir.
— Déjà, si vous acceptez, vous êtes sous notre protection, quoi que vous fassiez. Si vous trouvez un remède, vous serez reconnue dans le monde entier. Vous êtes jeune, cela pourrait lancer une carrière pour vous.
— Me protéger de tout ?
— Oui, même si vous faites des choses que l’on appréciera peut-être pas forcément, approuva la conseillère alors que les autre semblaient pressés qu’Iris signe de contrat. On vous protégera de tout le monde, et il se peut que vous pourriez nous aider à diriger le pays.
Iris ne faisait pas partie des personnes qui souhaitaient obtenir plus de pouvoir, qui voulait contrôler le monde ou qui trouvait cela étrangement épanouissant. Elle n’était pas comme Kilian. Néanmoins, l’État Dheasien cachait des secrets. On lui en avait révélé quelques-uns, et il n’y avait sûrement pas que cela. La surdouée avait peut-être l’occasion d’en apprendre plus. Elle prit le contrat et le lut attentivement. Elle se rappela de ce que disait Marianne, elle se souvient que si la Siar était en danger, son amie aussi puisqu’elle était dans la prison, si la Thuath était en danger, Samuel aussi. Elle ne pouvait absolument pas risquer cela. Elle prit le stylo et signa les multiples pages qu’il fallait. Puis, la jeune fille rendit le contrat aux conseillers qui semblaient très satisfaits et lui affirmèrent qu’elle pouvait disposer et qu’elle continuerait les recherches le lendemain. Ils l’informèrent aussi qu’ils passeraient la voir et qu’ils souhaitaient aussi rencontrer ses parents. L’adolescente se crispa à ses mots. Bien évidemment que l’association avait prévu ce genre de situation et des agents devaient se faire passer pour ses parents si besoin. Malheureusement, cela la fit penser à ses vrais parents. Cela faisait très longtemps qu’elle ne leur avait pas parlé car elle ne voulait pas les inquiéter. Iris ne se rendait pas vraiment compte qu’en ne leur fournissant que très peu de nouvelles, cela les angoissait encore plus. Elle pensait que cela ferait l’effet inverse. Elle se sentait coupable de ne pas être proche d’eux, mais elle avait d’autre priorité pour le moment. Peut-être était-ce mal ? Iris n’en avait pas la moindre idée, mais elle cessa vite d’y penser. Elle affirma aux conseillers qu’ils rencontreraient ses parents demain et partit sans un mot de plus.
Lorsqu’elle sortit, Sabrina la rattrapa et la serra chaleureusement dans ses bras, fière d’elle. Iris avait des scrupules à lui mentir sur son identité car elle était très sympathique mais elle n’avait pas le choix. Elle ne pouvait pas révéler sa vraie identité à la Dheasienne. Lorsqu’elle sortit du bâtiment, elle repéra Damien qui l’attendait sur le trottoir d’en face. Elle traversa pour le rejoindre.
— Que fais-tu là ? lança la rouquine en fermant sa veste. N’est-ce pas trop risqué ?
— Du calme cousine ! Ce n’est pas la mort de sortir. Puis, je dois bien te conduire aux opposants politiques car je te rappelle qu’ils ont extrêmement hâte de te rencontrer ! Comment cela c’est passé ? Tu es toujours vivante, donc j’en conclus que tu as psychoté pour rien ! claironna Damien en passant un bras autour des épaules de sa cousine en l’entraînant avec lui.
Iris lui raconta donc comment tout s’était passé alors qu’ils faisaient le chemin pour rencontrer les opposants politiques clandestins et non. Damien assura à Iris que Loan n’était pas retombé dans le coma et qu’il passait une batterie d’examens. Les médecins ne savaient pas encore s’il allait garder des séquelles mais il semblait qu’il avait quelques pertes de mémoire. Damien expliqua donc un peu le comportement de ses amis mais rassura sa cousine en lui rappela qu’il serait là tout du long.
Ils pénétrèrent dans un bâtiment tout aussi coloré que les autres et Damien l’entraîna dans les étages sous terre. Iris ne se sentait pourtant pas sereine, elle avait beau savoir que son cousin était ami avec eux, elle mettait dans un coin de sa tête qu’elle devait faire attention. Iris ne s’était pas imaginée à quoi ils pouvaient bien ressembler, et elle fut surprise d’observer des hommes et des femmes bien habillés et visiblement assez riches. Ils paraissaient très diplomates mais aussi très froids. La jeune fille s’installa au côté de son cousin qui la présenta puis elle fut rapidement bombardée de questions. Ce que cachait l’État, comment prendre le pouvoir et donc tout ce qui concernait le pays.
Iris ne se sentait pas franchement à l’aise, d’autant plus que pour eux, elle était réellement avec l’État et le fait qu’elle ne voulait pas leur révéler les informations qu’elle possédait les renforçait dans cette croyance. Iris analysait leur comportement, leur réaction, leur insistance. Et il lui était venu à l’esprit qu’elle ne pouvait tout simplement pas leur révéler ce qui se passait en secret car ils ne réagiraient pas d’une façon avantageuse. Elle le remarquait, les informations se rependraient comme une traînée de poudre et ils n’hésiteraient pas à les hurler. Égoïstement, elle pensait quand même à elle et les conséquences seraient dramatiques pour elle si cela se passait comme cela. Malheureusement, les opposants politiques, bien qu’apaisés en apparence étaient en réalité virulents et voulaient absolument trouver des choses contre l’État. Iris se chercha des excuses mais finit rapidement par perdre son calme même si Damien lui avait recommandé de ne pas le faire.
— Écoutez-moi bien ! s’écria-t-elle en se levant d’un bond, plus énervée contre chose. Je refuse de vous donner ses informations car je sais que vous en feriez mauvais usage ! Il est de mon devoir de protéger le monde et de ne pas laisser ses informations être divulguées n’importe comment !
— Comment osez-vous ! rétorqua une femme d’une quarantaine d’années avec une verrue sur le côté droit du nez et des yeux marron remplis de fureur. D’où une gamine comme toi nous donne une leçon de morale comme cela ! Nous sommes Dheasiens, notre gouvernement nous cache des choses, cela nous concerne, on devrait savoir ce qui se passe !
Son discours fut suivi par les protestations des autres contre Iris. Néanmoins, la jeune fille ne se laissa pas démonter et même si elle sentait Damien la prendre par les épaules pour calmer le jeu et reprendre en main la situation, la surdouée était déterminée à clore le débat une fois pour toutes.
— Sauf que cela n’aura pas essentiellement un impact sur vous mais un impact sur le monde entier ! insista-t-elle en s’époumonant à s’en brûler mes poumons. Si ces informations se rependent partout dans le monde, la guerre sera sûrement encore pire et votre pays sera le premier à en payer les conséquences.
Les réactions ne furent pas immédiates et Damien déclara la fin de la rencontre et Iris ne se pria pas pour rapidement retourner au quartier général, laissant Damien face aux opposants politiques. Néanmoins, Damien se débrouilla pour trouver des excuses un peu près crédibles puis rattrapa Iris qui n’était pas encore au bout du chemin pour rentrer dans le quartier de l’association.
— Je t’avais dit de me laisser faire ! se plaignit-il en la faisant ralentir pour la forcer à ne pas l’ignorer. Tu vas devoir faire attention dès que tu vas sortir travailler maintenant !
— Eh bien Loan est réveillé et voudra reprendre des activités très tôt. Cela sera parfait !
— Iris ! râla Damien en la stoppant totalement cette fois-ci. Sérieux, c’est mon job les relations avec les Dheasiens, tu viens de ruiner mes efforts de communications avec certaines personnes récalcitrantes et je vais devoir galérer pour les récupérer !
— Désolé, fit Iris même si elle ne semblait pas vraiment l’être. Mais ils devaient comprendre que la divulgation de ses informations ne peut pas se faire comme cela. Le pays serait mondialement en danger.
— Explique-moi, soupira Damien.
La jeune fille attendit d’être à l’intérieur du bâtiment pour narrer ce qui s’était passé et ce qu’elle avait découvert et n’avait dit à personne d’autre qu’à Samuel auparavant : l’origine de la maladie. Damien lui reprocha de ne pas lui avoir dit pour mieux gérer la rencontre mais dans un sens compris pourquoi elle ne l’avait pas fait. Le jeune homme était effaré face à cette déclaration. Une idée germait dans la tête d’Iris et elle préféra ne pas lui en parler mais elle tenait une idée pour utiliser ses informations. Elle n’aurait plus qu’à saisir l’opportunité idéale pour la mettre en place. Mais elle n’en était pas encore là ! Elle devait trouver ceux qui se feraient passer pour ses parents pour les prévenir qu’elle aurait besoin d’eux, et elle passa voir Loan. Il était toujours là, couché dans son lit de patient après avoir passé pleins d’examens complémentaires. Ses premiers résultats étaient bons, il avait déjà refait des exercices pour désengourdir ses jambes et il avait pu s’entretenir avec sa famille. Juste sa mémoire préoccupait un peu les médecins même s’il se souvenait de sa vie. Iris lui fit assez confiance pour lui exposer sa situation et Loan resta convaincu qu’il irait l’accompagner dès que son corps le lui permettait. C’était encore à déterminer… Iris lui proposa de joindre Samuel tous les deux mais lorsqu’elle sortit sa tablette de sa sacoche il y avait déjà un appel en cours, elle décrocha et fut étonnée en voyant Kilian.
— Kilian ! Comment as-tu fait pour avoir une tablette ? Que fais-tu ?
— Pose pas de question, affirma le jeune homme en sortant du champ de la caméra un moment avant de revenir. Es-tu toute seule ?
— Non. Je ne le suis pas, pourquoi ?
— Parce que actuellement je suis en Siar. Donc proche du dictateur et…
— As-tu pu voir Marianne ? le coupa Loan qui ne laissa pas Kilian surprit.
— J’aimerais bien mais je n’ai pas le droit, s’agaça le jeune homme. Et c’est beaucoup trop risquer de tenter quoi que ce soit en Siar. Pas dans ce pays. Mais la reine m’a dit qu’elle allait bien même si elle ne répond pas aux questions posées. Le roi a fort affaire avec les rébellions de plus en plus présentes donc aucun verdict n’a encore été annoncé.
— OK, génial, mais que fais-tu en Siar ? demanda Iris en s’installant un peu plus confortablement sur le lit de patient de Loan.
— Je finis de régler les problèmes une bonne fois pour toutes. Et toi ? La maladie ? Ou en êtes-vous ?
— Je ne sais pas si Samuel a avancé puisqu’il y a le décalage horaire, commença Iris en se mordant la lèvre. Mais on a trouvé une solution qui peut ralentir l’avancée.
— Tu peux me passer les ingrédients ?
Kilian vit Iris paniquée en pensant que c’était lui qui avait contracté la maladie et lui expliqua alors sa situation même s’il n’avait pas spécialement envie de s’apitoyer sur son sort. En échange, Iris lui expliqua l’origine de la maladie ce qui ne fit qu’attiser la haine du conseiller envers le dictateur-roi de Siar. Le conseiller promit de la tenir au courant s’il avait des nouvelles de Marianne et Iris l’avertit de parler en priorité à Samuel qui n’avait pas lâché son plan de bombarder la capitale de la Siar pour espérer voir le dictateur y périr. Kilian ne semblait pas ravi d’apprendre cela mais assura à Iris qu’il trouverait un membre de l’association pour les avertir de partir.
Iris n’était pas soulagée. Il y avait tant de secrets dans le monde. Des secrets qu’elle connaissait maintenant, des secrets qui avaient un prix malgré tout. Malheureusement, il ne manquait plus qu’une seule chose : que le monde entier soit entièrement au courant de comment était née la maladie. Et cela, elle ne pourrait l’annoncer au monde que s’il se passait une chose miracle : qu’elle et Samuel trouvent enfin un remède contre la maladie. Et cela aussi ils devaient trouver avant que la pandémie et la guerre n’achèvent l’humanité. Elle intima à Loan de s’approcher un peu plus pour qu’il soit dans le champ de la caméra et trouva l’endroit pour joindre Samuel. Elle espéra qu’il puisse apporter des bonnes nouvelles pour lui remonter le moral puisqu’il ne s’était rien passé d’assez bien pour qu’il y ait quelque chose qui soit qualifiée dans sa journée.
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