Cela faisait trois mois maintenant, trois mois que les couleurs avaient disparu... Le monde était morose à présent, qu'il pleuve ou qu'il fasse grand soleil, le ciel était constamment gris. Ma garde robe n'était qu'un dégradé du noir au blanc, je ne pensais pas qu'il existait autant de teintes de gris, c'était déprimant.

Aucun scientifique n'avait pu expliquer cette transformation soudaine de notre monde, pas la moindre raison logique. Certains disaient que dieu nous punissait, d'autres parlaient d'attaque extraterrestre. Je ne croyait pas en tout ça j'étais persuadée qu'il y avait autre chose... Mais le manque de couleurs me déprimait trop, que n'aurais-je pas donné pour revoir la couleur jaune, ma couleur préféré? Je n'avais plus envie d'émettre des hypothèses tout ce que je voulais c'était que les couleurs reviennent...

...

Un an dans la grisaille, cette année les pourcentages de tentative de suicide ont explosé, le monde était en dépression, tout s'écroulait, la nourriture était fade et beaucoup se réfugiaient dans l'alcool. Malheureusement, même sous l'effet des stupéfiants, les couleurs restaient cachées, mais où étaient-elles passées? Même les rêves en ont perdu leurs saveurs. Sans elles, la chaleur et le froid étaient moins perceptibles, une partie de l'art ne voulait plus rien dire. Sans elles, une nostalgie et une mélancolie pesaient à chaque instant, sans aucune échappatoire pour oublier cette disparition. Comme beaucoup d'autres, j'étais incapable de faire mon deuil, les couleurs faisaient partie de la poésie. La vie n'en valait plus la peine, sans art, sans poésie, sans couleurs.

Je préférais m'endormir à jamais que de voir encore un seul instant ce gris monotone. Et c'est ce que je fis, car les couleurs étaient mes meilleures amies et je ne supportais plus d'être un fantôme gris.