Chapitre 2 - Le départ

2 minutes de lecture

  Les préparatifs en quête du départ furent entamés dès le lendemain. Tous les Bommerayns y participèrent : jeunes, âgés ainsi que le Chef et ses enfants. L’arbre mourant, ironiquement, grouillait de vie. Le mal, lui, n’avait souffert aucun repos. Les branches noircies étaient encore plus nombreuses que la veille.

  Le petit peuple n’emporta que le strict nécessaire dans les sacs végétaux confectionnés par leurs soins. Quelques vivres pour commencer le voyage, des vêtements chauds pour les nuits fraîches, quelques outils rudimentaires. Enfin, le petit peuple entreprit de descendre de leur arbre pour la dernière fois. Ils avaient le cœur lourd et la tête emplie de questions lorsqu’ils touchèrent le sol de la clairière, au centre de laquelle vivait l’Arbre depuis plusieurs centenaires.

  Les Bommerayns étaient un petit peuple. Ils mesuraient rarement plus de dix centimètres de haut, avaient la peau d’un joli vert pâle et leurs yeux oscillaient entre plusieurs teintes de bleus et de verts lumineux. Leurs cheveux avaient la couleur de l’écorce. Ils se fondaient parfaitement dans leur environnement. Profondément pacifistes, ils ne s’étaient jamais éloignés de plus de quelques pas de leur arbre bien aimé, leurs allées et venues consistant à se rendre dans la clairière, généralement pas plus loin que les racines, afin de faire la cueillette de fleurs, de champignons, ou d’échanger avec les autres habitants de cette partie du monde.

  L’Arbre était tout ce qu’ils avaient connu ; devoir le quitter de la sorte les emplissaient de chagrin. Ils savaient qu’ils partaient pour ne jamais revenir, et que leur Arbre, leur foyer, était destiné à dépérir et à mourir, seul. Des nouvelles qu’il avait reçues en provenance de l’Ouest, Aldaríon savait qu’ils n’étaient pas les seuls à souffrir des changements qui s’opéraient dans le monde. Les Hommes avaient décidé de rejeter tout ce qui avait bercé l’univers depuis la nuit des temps. Ils se lassèrent des rêves, rejetèrent la magie et le spirituel au profit de la puissance matérielle. Devenus avides de pouvoirs, ils détruisaient sans relâche, sans pitié aucune pour les peuples et créatures fantastiques qu’ils massacraient sans vergogne.

  Sans imagination, sans rêves, sans cette capacité de croire en toutes choses si belle et indispensable à la Lumière, la monde connaîtrait les ténèbres. Leur Arbre dépendait de ces éléments, à l’instar d’autres créatures ; et privé de ce flux vital, la vie le quittait. Si Aldaríon emmenait son peuple dans cette quête extraordinaire vers de lointains horizons, c’était justement afin de préserver son peuple de ce mal qui rongeait toutes choses rattachées à l’imaginaire et aux rêves.

  Au pied de l’Arbre – aujourd’hui disparu et dont le nom ne nous est pas parvenu – les Bommerayns goûtaient pour la dernière fois à l’air verdoyant de leur clairière. Touchant du bout de leurs doigts les racines et l’écorce de leur foyer, en guise d’adieu, ils firent quelques pas dans l’étendue verte et sauvage. Quelques pâquerettes agitaient leur capitule au-dessus de leur tête, agitées par la brise comme une danse de courage.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Océane.b ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0